Vespasien (en latin Titus Flavius Sabinus Vespasianus) est un général romain devenu empereur en 69. Le règne agité de son prédécesseur Néron s'était terminé par une guerre civile dans l’Empire (l’année des quatre empereurs) qui s'acheva par la victoire de Vespasien sur ses concurrents. Pas aussi célèbre qu’Auguste, Trajan ou Marc-Aurèle, il a pourtant laissé une trace importante dans l’histoire de la Rome impériale sur laquelle il a régné dix ans. Son règne est marqué par une période de paix relative au cours de laquelle il concentre sa politique sur la consolidation de l'Empire romain en renforçant les frontières, sur la réorganisation des finances et de l'armée et sur la construction de nombreux édifices publics, dont le Colisée. Il fait de ses deux fils Titus et Domitien ses successeurs, fondant ainsi la dynastie des Flaviens.
L’année des quatre empereurs
L’opposition à Néron s’affirme à son retour d’une tournée en Grèce en 68. Il doit alors faire face à des révoltes dans les provinces occidentales de l’Empire. Le principal meneur s’appelle C. Iulius Vindex, légat impérial de Gaule lyonnaise, qui n’hésite pas à envoyer aux gouverneurs des lettres appelant au renversement de l’empereur, accusé de dévoyer le pouvoir impérial (en fait le modèle « modéré » augustéen). Cependant, Vindex ne tient pas à assumer seul la rébellion, en appelant au Sénat et au peuple romain. C’est donc Galba qui prend le relais, acclamé imperator par ses légions en Tarraconaise (dont il est le gouverneur), en avril 68. Galba refuse cependant d’être empereur, et choisit plutôt le titre de « légat du Sénat et du peuple romain ».
En Afrique, le légat L. Clodius Macer interrompt l’approvisionnement en blé de Rome ; il ne se fait toutefois pas acclamer imperator. Vindex, lui, est tué par le commandant des légions de Germanie Supérieure, Verginius Rufus, mais Néron, de plus en plus isolé, se suicide en juin. Le Sénat l’a déclaré ennemi public, et a reconnu Galba. Celui-ci entre à Rome en octobre après s’être débarrassé de Macer.
Le nouvel empereur peine à assoir sa légitimité, et trouve face à lui deux opposants, dès le début de l’année 69 : Aulus Vitellius, acclamé à Cologne, et Othon, un proche de Galba, déçu que ce dernier ait choisi son fils Pison comme successeur. C’est le premier, Vitellius, qui sort vainqueur de son combat à trois : Galba est tué, Othon se suicide suite à cette défaite à Bedriacum. Vitellius est alors reconnu empereur par le Sénat.
A peine arrivé au pouvoir, en juillet 69, Vitellius doit affronter la rébellion d’un légat d’Orient, Titus Flavius Vespasianus, proclamé empereur par les légions du Proche-Orient…
L’arrivée au pouvoir de Vespasien
A l’inverse de ses prédécesseurs, Vespasien n’est pas un patricien mais un plébéien. Sa famille est constituée de notables de Sabine. Avec un grand-père centurion et un père publicain, il n’a pas vraiment le profil d’un futur empereur romain. Toutefois, comme d’autres avant lui, il construit sa réputation et sa carrière sur l’armée. Vespasien est, à cause de ses origines relativement modestes, un « homme nouveau », qui parvient à être consul en 51 après une prêture sous Caligula. Il s’illustre militairement en Bretagne, mais plus encore au Proche-Orient où il est nommé par Néron en 67, pour mater la révolte des Juifs.
Néanmoins, quand il entre dans le conflit pour le trône impérial, ce n’est pas de Néron qu’il se réclame, mais de Galba, et surtout d’Auguste. Vespasien fait démarrer sa révolte d’Alexandrie, le 1er juillet 69. D’autres acclamations suivent, à Césarée, en Syrie (soutenu par le légat Mucien), puis à Beyrouth. Il est également soutenu à Rome même, par son fils Domitien, et surtout son frère Flavius Sabinus, qui occupe le poste-clé de préfet de la Ville.
Les provinces du Danube rejoignent bientôt la cause de Vespasien, et battent les troupes de Vitellius en octobre 69. L’empereur annonce son abdication sur le forum le 18 décembre, mais contre l’avis des Romains, qui assassinent Flavius Sabinus ! Le Capitole est incendié. Il faut attendre la fin décembre et l’arrivée de Mucien pour que les troubles cessent à Rome ; Vitellius a finalement été exécuté. Vespasien n’entre dans la Ville qu’en octobre 70, soit presqu’un an après la mort de son prédécesseur.
Vespasien empereur : une restauration ?
Le nouvel empereur, on l’a vu, se réclame d’Auguste, et on peut remarquer des similitudes entre sa position et celle du premier empereur après Actium.
Il veut tout d’abord redonner une légitimité au pouvoir impérial et réorganiser l’Empire, tout en assurant la paix romaine. Avec l’aide de Mucien, il rétablit l’ordre sur le Danube, en Germanie et à l’est de la Gaule face à différentes révoltes, comme celle des Trévires et des Lingons. Parallèlement, son autre fils, Titus, prend Jérusalem en septembre 70 et bénéficie d’un triomphe à Rome l’année suivante. La paix semble alors rétablie dans tout l’Empire. L’empereur décide alors de renouveler le Sénat et l’ordre équestre, en y faisant entrer massivement des Espagnols et des Cisalpins.
La nature augustéenne du pouvoir de Vespasien s’illustre dans sa loi sur l’imperium, ou lex de imperio Vespasiani, votée au début de l’année 70. On peut y découvrir les compétences impériales, comme le droit de conclure des traités et de déclarer la guerre, ou encore ses privilèges par rapport au Sénat. De plus, Vespasien monopolise le consulat de 70 à 79. Il se réclame malgré tout, ouvertement, des empereurs Auguste, Tibère et Claude.
Dans la même logique, l’empereur développe une idéologie impériale basée sur la diffusion de monnaies insistant sur le rejet de Néron et l’héritage augustéen, et sur un pouvoir exercé en collaboration avec le Sénat. S’y ajoute cependant l’importance de la dynastie.
Une nouvelle dynastie : les Flaviens
La volonté de fonder une nouvelle dynastie est censée amener une légitimité, et donc une stabilité au pouvoir impérial, après le règne houleux de Néron et l’année des quatre empereurs. Les Julio-Claudiens font donc place aux Flaviens.
Cette transition est facilitée par les deux fils de Vespasien, Titus et Domitien, et les rapports entre les trois, qui ne semblent pas conflictuels. L’empereur instaure ainsi le césarat, qui est conféré au successeur désigné, et lui octroie la puissance tribunicienne et le consulat. Le choix est fait sur Titus, qui avait aidé Vespasien dans sa guerre contre les Juifs. Titus obtient la puissance tribunicienne dès 71, et devient préfet du prétoire. La succession se fait donc sans encombres ni contestation quand Vespasien meurt en 79.
L’empereur Vespasien, connu surtout pour avoir lancé la construction du Colisée en 75 (il est toutefois inauguré par Titus), a donc été un empereur important dans l’histoire de Rome. Il a remis de l’ordre suite au règne de Néron et à l’année des quatre empereurs, et est parvenu à restaurer la paix aux frontières, tout en accomplissant une restauration augustéenne dans les institutions impériales. Ses fils et successeurs, Titus et Domitien, auront une réussite plus contrastée…
Bibliographie
- Vespasien : Le bon empereur, de Roger Caratini. Lafont, 2003.
- La Rome des Flaviens : Vespasien, Titus, Dominitien 69-96, de Catherine Salles. Perrin, 2002.
- P. Le Roux, Le Haut-Empire romain en Occident d’Auguste aux Sévères, Points Seuil Histoire, 1998.