Si les racines de la guerre de Sécession sont anciennes et profondes, liées qu’elles sont, tant à l’esclavage qu’à l’interprétation de la constitution des Etats-Unis, il n’en reste pas moins que l’élément déclencheur de la crise fut l’élection présidentielle de 1860. C’est en effet la victoire du candidat républicain, Abraham Lincoln, qui allait lancer le processus débouchant sur la sécession des États sudistes, la formation des États Confédérés d’Amérique, et finalement, sur le conflit armé lui-même.
Le système électoral américain
Régime fédéral, les Etats-Unis d’Amérique avaient adopté à leur naissance un système électoral censé assurer au mieux la représentation des divers États membres, tout en respectant la souveraineté populaire de leurs habitants. L’élection du président, qui concentre à la fois le statut de chef de l’État et celui de chef du gouvernement – détenant ainsi l’essentiel du pouvoir exécutif – se fait donc par suffrage indirect. Le président est élu par un collège de « grands électeurs », dans lequel chaque État se voit attribuer un nombre de voix proportionnel à sa population.
Les États étant libres de désigner leurs grands électeurs comme ils l’entendent, une large variété de systèmes électoraux seront en usage lors des premiers scrutins : nominations par la législature (le parlement de l’État) ou vote populaire, avec toute une variété de panachages entre les deux (vote global, par district électoral, désignation d’une partie seulement des électeurs par la législature, etc.). Sachant qu’initialement la plupart des États pratiquent le suffrage censitaire, n’allouant le droit de vote qu’aux citoyens capables de payer une taxe ou de justifier d’un certain revenu ou patrimoine, les premières élections présidentielles ne concernent directement que quelques milliers de votants.
En outre, la majorité des États feront d’abord désigner leurs grands électeurs par leur législature, rendant ainsi encore plus indirecte une élection présidentielle qui l’était déjà intrinsèquement. Toutefois, cette tendance va se réduire au fil des ans. Peu à peu, l’électorat va s’élargir, le suffrage universel masculin devenant la norme ; puis les États vont graduellement se rallier à l’élection directe des grands électeurs. En 1860, c’est devenu une règle à laquelle seule la Caroline du Sud, qui continue à faire désigner ses grands électeurs par sa législature, échappe encore.
Une fois désignés, les grands électeurs se réunissent pour élire le président. Bien qu’il y ait parfois de menues exceptions, leur mandat est en général global et impératif. Cela signifie que tous les grands électeurs votent comme un seul homme pour le candidat qui est arrivé en tête du scrutin dans leur État – la majorité relative suffit. En d’autres termes, remporter l’élection dans les États les plus peuplés peut s’avérer déterminant. Le corollaire de cette situation est que le vote des grands électeurs est le plus souvent une simple formalité, son résultat pouvant être facilement anticipé à l’issue du scrutin populaire.
Précisons ici que le président est élu à la majorité absolue des grands électeurs. Si aucun candidat ne remplit cette condition, ce qui peut se produire lorsqu’ils sont plus de deux à obtenir le vote de grands électeurs, l’élection est alors confiée à la Chambre des représentants – la chambre basse du Congrès. Le cas s’est notamment produit en 1824 ; chaque État compte alors pour une seule voix.
La toute première élection présidentielle eut lieu en janvier 1789, désignant George Washington pour un mandat de quatre ans débutant le 4 mars. Cette date ne changea pas par la suite, mais l’élection fut avancée au mois de novembre précédant la fin du mandat présidentiel, suivant les États. Les progrès des communications, avec l’invention du chemin de fer et du télégraphe, permirent bientôt de fixer une date simultanée pour le scrutin, en l’occurrence le premier mardi de novembre.
L’élection de 1860 et son contexte
Depuis une quinzaine d’années, la vie politique états-unienne est marquée par la controverse qui entoure la pratique de l’esclavage, son maintien, son extension ou son éventuelle abolition. La question s’est posée avec acuité à la suite de l’annexion du Texas (1845), puis de la guerre qui s’ensuivit contre le Mexique (1846-48), par rapport au statut à accorder à « l’institution particulière » du Sud dans les territoires nouvellement acquis. Aux tentatives répétées de ses partisans d’assurer la survie de l’esclavage répondirent les campagnes répétées des militants abolitionnistes, chacun radicalisant peu à peu ses positions.
Un palier fut encore franchi avec la loi Kansas-Nebraska de 1854 : conformément au principe de souveraineté populaire prôné par le parti démocrate, alors au pouvoir, ces deux territoires devraient intégrer prochainement l’Union comme États en déterminant eux-mêmes s’ils pratiqueraient ou non l’esclavage. Il était entendu que le Nebraska l’interdirait et que le Kansas l’autoriserait, mais dans ce dernier cas, les organisations abolitionnistes firent échouer ce compromis tacite en finançant massivement l’installation au Kansas de colons hostiles à l’esclavage, qui devinrent très vite majoritaires dans le territoire.
De la tension, on passa rapidement à l’intimidation, puis à la fraude électorale avec la participation massive de citoyens du Missouri, État esclavagiste, lors des élections tenues au Kansas. La violence ne tarda pas à se faire jour et devint rapidement létale. Cette crise du « Kansas sanglant » fit plusieurs dizaines de morts et poussa John Brown, un militant abolitionniste fanatique, à tenter de s’emparer de l’arsenal fédéral de Harper’s Ferry, en Virginie, dans le but d’armer une révolte d’esclaves (1859). Son raid échoua et Brown, assassin pour les uns et martyr pour les autres, fut pendu. Ces événements divisèrent un peu plus le pays, le poussant au bord de la rupture.
Ils plongèrent également les principaux partis politiques américains dans la tourmente. Les démocrates, qui s’efforçaient de conserver une assise électorale aussi bien au Nord qu’au Sud, étaient de plus en plus tiraillés entre les concessions toujours plus grandes demandées par les Sudistes promoteurs de l’esclavage (qui s’estimaient en droit de le faire pour parer à un abolitionnisme qu’ils tenaient pour une menace mortelle), et un électorat nordiste qui considérait avec une inquiétude grandissante les exigences des esclavagistes.
Quant à la principale force d’opposition, le parti whig, elle ne survécut tout simplement pas à la crise du Kansas. Nombre de ses membres se regroupèrent au sein d’une nouvelle formation dès 1854, le parti républicain. Ce dernier, tout en conservant les idées traditionnelles des whigs (capitalisme, aide économique à l’industrialisation, tarifs douaniers protectionnistes), fit de l’abolition de l’esclavage son cheval de bataille.
Les démocrates : dans la tourmente
Dès sa fondation en 1828, le parti démocrate avait prôné une politique complètement opposée à celle des futurs whigs : agrarienne, hostile au capitalisme et à l’industrie, clientéliste voire même occasionnellement populiste. Il devint rapidement dominant dans le Sud, à la société duquel il correspondait parfaitement. En effet, l’économie sudiste, dont l’essentiel de la richesse était fournie par des cultures à forte valeur ajoutée (coton, tabac, canne à sucre) utilisant une main d’œuvre d’esclaves, avait peu à gagner (l’essentiel des ressources industrielles se trouvant dans le Nord) et tout à perdre (l’augmentation des droits de douanes aurait diminué les exportations vers l’Europe) avec la politique prônée par les whigs.
L’affaiblissement, puis l’éclatement de ces derniers laissa – très temporairement – les démocrates sans réels rivaux politiques à l’échelle nationale. Mais cela n’alla pas sans difficulté, car le débat sur l’esclavage divisa non seulement le pays, mais également le parti démocrate dans son ensemble. Tant que l’économie nordiste demeura essentiellement agraire, les paysans et petits propriétaires terriens du Nord pouvaient se reconnaître dans le programme économique démocrate, malgré la concurrence que représentaient pour eux les plantations sudistes et leur main d’œuvre servile, notamment pour la culture du tabac.
Avec l’industrialisation croissante du Nord, la structure de la population nordiste changea et ses aspirations également. Les richesses générées par les usines rendirent plus attrayantes des notions prêchées par les whigs, telles que le capitalisme ou la libre entreprise. De surcroît, l’influence de l’abolitionnisme commença à se faire jour. Pour conserver leur électorat, les démocrates durent faire le grand écart pour satisfaire à la fois leurs partisans sudistes, qui considéraient l’esclavage comme un « bien positif » et hésitaient de moins en moins à prôner la sécession pour pouvoir le protéger si nécessaire, et leurs électeurs du Nord, à qui « l’institution particulière » du Sud était présentée comme un « mal nécessaire », indispensable à la préservation de l’Union.
La césure entre Nord et Sud s’accroissant, cette situation devint bientôt quasi schizophrénique au sein même du parti. Lors des élections primaires de 1852 et 1856, seuls des votes interminables, aboutissant à la désignation de candidats consensuels, mais sans envergure, évitèrent que le parti ne se scinde en deux autour de la question de l’esclavage. Les deux hommes, Franklin Pierce, puis James Buchanan, furent élus présidents, mais cela ne solutionna pas le problème.
L’élection partielle de 1858, au contraire, sema le trouble. Les démocrates conservèrent la majorité au Sénat, mais perdirent 6 sièges ; en revanche, la Chambre des Représentants bascula entre les mains des républicains, les démocrates perdant 49 sièges. Ils avaient surtout perdu les États du Nord, ce qui était de mauvais augure pour l’élection présidentielle à venir. La considérant comme perdue d’avance, les démocrates sudistes les plus farouchement partisans de la sécession, surnommés les « mangeurs de feu », firent jouer les peurs de leur électorat, et dénoncèrent leurs homologues nordistes comme étant incapables de défendre leurs intérêts.
Les conventions démocrates
La division se fit jour dès avril 1860, lors de la convention où le parti démocrate devait élire son futur candidat à l’élection présidentielle de novembre. Réunis à Charleston, principal port de la Caroline du Sud et fief des sécessionnistes, les délégués démocrates s’affrontèrent dès les premiers jours lors de l’élaboration de leur programme. Rapidement, 51 délégués des États du Sud quittèrent la convention, n’en laissant que 252.
Cela s’avéra problématique lorsqu’on passa au choix du candidat. En effet, les règles du parti démocrate stipulaient que celui-ci devait être élu à la majorité des deux tiers des délégués, sans préciser si cela désignait seulement ceux présents ou englobait aussi les absents. Le président de la convention opta pour cette dernière interprétation, compliquant la situation. Les voix de la majorité des délégués se portèrent sur un démocrate nordiste, Stephen A. Douglas, chantre du principe de souveraineté populaire vis-à-vis de l’esclavage et sénateur de l’Illinois, l’un des rares à avoir conservé son siège en 1858. Toutefois, celui-ci ne fit pas l’unanimité et après 57 tours de scrutin, il n’avait toujours pas les 202 voix requises. En désespoir de cause, la convention fut ajournée.
Les 303 délégués se réunirent à nouveau à Baltimore le 18 juin, mais achoppèrent derechef lors des débats sur le programme. Les délégués du Nord, majoritaires, refusèrent d’adopter une motion soutenant l’extension de l’esclavage dans les territoires. En réaction, leurs homologues sudistes s’en allèrent de nouveau, mais ils furent cette fois 110 à le faire, rendant l’élection d’un candidat mathématiquement impossible. Constatant cela, les délégués restants décidèrent de procéder à la majorité de deux tiers des présents, et désignèrent Stephen Douglas comme leur candidat après deux tours seulement.
La rupture était consommée. Le 28 juin, les délégués sudistes tinrent leur propre convention à Richmond. Il ne leur fallut que peu de temps pour élaborer un programme favorable à l’esclavage, et encore moins pour choisir comme candidat le vice-président sortant, John C. Breckinridge. Selon l’historien James McPherson, plus que des péripéties circonstancielles aux conséquences tragiques, il faut voir dans ces événements une volonté délibérée des « mangeurs de feu », pour qui la sécession n’était plus simplement un moyen de pression mais une fin en soi, de diviser le parti démocrate pour provoquer l’élection d’un républicain – événement qui allait à coup sûr enclencher la sécession.
Les républicains : une « force tranquille » avant l’heure ?
La trajectoire du parti républicain avait été très différente, et évoquait plutôt une ascension météorique. Dans le contexte du « Kansas sanglant », son discours sur l’esclavage allait très rapidement rallier les suffrages, de plus en plus nombreux, de Nordistes qui avaient désormais cette institution en horreur. Les républicains allaient d’emblée se montrer affûtés lors de l’élection présidentielle de 1856.
Toutefois, leur candidat John C. Fremont effraya les électeurs les plus timorés avec un programme radical suggérant l’abolition pure et simple de l’esclavage. Inquiétés par cette velléité pratiquement synonyme de guerre civile, nombre de votants reportèrent leur voix sur le candidat démocrate Buchanan, qui leur garantissait le maintien de l’Union et la paix civile… fût-ce au prix de concessions toujours plus grandes aux esclavagistes. Toutefois, l’alerte avait été sérieuse, et Fremont avait réalisé un score remarquable compte tenu de la jeunesse de son parti. En fait, il lui aurait suffi d’emporter la Pennsylvannie, État où l’abolitionnisme gagnait en audience par le biais de la secte religieuse des Quakers, et indifféremment l’Indiana ou l’Illinois, pour être élu.
Les dirigeants républicains surent tirer les leçons de leur échec et corrigèrent leurs erreurs. Ils mirent en avant un programme plus prudent, basé sur l’arrêt de l’extension de l’esclavage plutôt que sur son abolition. Cela leur permit d’enlever la Chambre des représentants et de gagner une influence substantielle au Sénat lors de l’élection partielle de 1858.
La convention républicaine se réunit en mai à Chicago. Après avoir reconduit le programme modéré qui avait fait son succès deux ans plus tôt, elle se mit en quête d’un candidat capable de le porter. Écartant des hommes déjà connus comme le sénateur de l’État de New York William Seward ou son homologue de Pennsylvanie Simon Cameron, ils optèrent pour un politicien de second plan, Abraham Lincoln.
Ce dernier n’avait derrière lui qu’un bref mandat de représentant de l’Illinois (1847-49), et s’était surtout fait connaître lors de l’élection sénatoriale de 1858 dans ce même État. Il y avait affronté… Stephen Douglas, qui plus que tout autre personnifiait la politique démocrate de compromis vis-à-vis de l’esclavage pour sauvegarder l’Union. Lincoln avait été battu, mais il avait croisé le fer avec son adversaire au cours d’une série de débats mémorables qui lui avaient valu une certaine estime, et où il avait pu mettre en avant son aisance rhétorique et son éloquence.
Ces qualités, combinées à des vues modérées tout à fait dans la lignée du programme républicain, lui valurent d’être élu par les délégués de son parti après trois tours de scrutin seulement, le 18 mai 1860. Lincoln devait surtout, dans l’esprit de ceux-ci, être celui qui parviendrait à convaincre ses concitoyens de l’Illinois et des autres États du Midwest, dont la population (et donc le poids électoral) s’accroissait rapidement, de voter républicain.
La campagne électorale
Comme toujours, il y eut d’autres candidatures d’opposition, mais une seule fut significative : celle du parti de l’Union constitutionnelle. Cette formation avait été créée en 1859 et regroupait des politiciens n’ayant pas forcément beaucoup en commun. L’essentiel de l’effectif était fournie par d’anciens whigs refusant de se rallier aux républicains, voyant dans leur discours sur l’esclavage un risque de déclencher une crise qui serait fatale à l’Union. Ils unirent leurs forces avec les membres du maintenant défunt « parti américain », nationaliste et xénophobe, autour d’un programme basé sur le maintien de l’Union dans le respect de la constitution. Leur convention désigna John Bell comme candidat à la présidentielle.
Contrairement à celle de 1856, que les outrances abolitionnistes de Fremont et les réactions véhémentes des partisans de l’esclavage avaient rendue frénétique, la campagne présidentielle de 1860 fut plutôt calme. Après leur victoire de 1858, les républicains avaient l’avantage et partaient favoris. Ils se concentrèrent sur les États libres qui leur avaient échappé quatre ans plus tôt, et n’essayèrent même pas de convaincre leurs adversaires, se contentant de mobiliser leur électorat traditionnel par le biais des organisations républicaines locales.
Lincoln ne donna même pas de discours. Les cadres du parti républicain misèrent tout sur leur programme et, plus encore, sur l’image de leur candidat. Présenté comme un autodidacte aux origines les plus modestes, dans la droite lignée du modèle états-unien de réussite sociale, Lincoln vit mettre en avant sa personnalité mesurée et calme. Une image voulue aussi rassurante que le programme républicain : celui qu’on surnommait « l’honnête Abe » devait inspirer la confiance parmi ceux qui, jusque-là, craignaient de déclencher une guerre civile en votant républicain.
Les autres candidats payèrent davantage de leur personne. Surtout Douglas, qui ne pouvait évidemment plus compter sur les voix des démocrates sudistes, et devait réussir l’impossible pour être élu : battre Lincoln partout dans le Nord. Il donna donc une série de meetings à travers tout le pays – une première dans l’histoire des Etats-Unis. Breckinridge fit de même, se concentrant naturellement sur le Sud, mais s’enhardit également à envoyer le « mangeur de feu » William Yancey plaider sa cause dans le Nord – ou, à tout le moins, essayer de convaincre les électeurs nordistes de voter pour n’importe qui, sauf pour Lincoln.
Le scrutin
Les électeurs se rendirent aux urnes le 6 novembre 1860. La participation fut une des plus fortes jamais enregistrée pour un scrutin présidentiel aux Etats-Unis – 81,2%. Lincoln obtint une majorité relative au vote populaire : 39,8%, contre 29,5% à Douglas, 18,1% à Breckinridge et 12,6% à Bell. Mais les résultats au collège des grands électeurs furent bien différents, car le candidat républicain était arrivé en tête dans tous les États où l’esclavage était interdit, à l’exception d’un seul. Son parti n’avait même pas jugé utile de présenter de bulletins dans dix États du Sud.
Ses adversaires avaient évidemment pâti de leur division, mais même en unissant leurs efforts, ils n’auraient pu faire mieux. Douglas se trouvait dans la situation la moins enviable : second en nombre de suffrages, mais privé de soutien dans le Sud et battu partout dans le Nord, il n’enleva que deux États, le Missouri et le New Jersey. Pour ne rien arranger, et en dépit de ce résultat, quatre des sept grands électeurs du New Jersey se rallièrent à Lincoln.
Breckinridge recueillit moins de voix du fait de la faiblesse démographique de son assise électorale privilégiée – les États du « Vieux Sud » – mais en remporta onze en tout. Quant à Bell, il avait surtout rallié les suffrages des habitants des « États frontière » de la zone des Appalaches, où le relief montagneux ne permet pas les cultures de plantation, et où l’économie repose donc beaucoup moins sur l’esclavage. Il s’adjugea ainsi la Virginie, le Kentucky et le Tennessee.
Avec 180 grands électeurs sur 303, Lincoln obtint donc une majorité absolue et fut élu président des États-Unis d’Amérique. Derrière, Breckinridge totalisait 72 voix, Bell 39 et Douglas seulement 12. Abraham Lincoln et son colistier Hannibal Hamlin virent ce résultat confirmé formellement le 11 février 1861 lorsque se réunit le collège électoral. Un résultat officiellement validé, comme le voulait la constitution, par… le vice-président sortant, son adversaire malheureux John Breckinridge.
Mais l’heure n’était plus à la félicité. Quelques jours auparavant, une nouvelle nation, les États Confédérés d’Amérique, avaient vu le jour. Car un mois et demi après l’élection de Lincoln, les « mangeurs de feu » avaient mis leur menace à exécution et entraîné leurs concitoyens vers la sécession. La Caroline du Sud avait quitté l’Union le 20 décembre 1860, suivie de près par six autres États. « L’hiver de la sécession » avait plongé le pays dans une crise sans précédent… et le printemps 1861 allait être pire encore.
Sources : on trouvera toutes sortes de statistiques sur cet excellent site, embelli de cartes interactives. L'article du Wikipedia anglophone résume bien la question. Comme toujours avec l'encyclopédie en ligne, il convient de se référer aux sources et liens externes en bas de page, ils permettent de vérifier la pertinence de l'article lui-même. Les sources francophones sont rares et on devra s'en remettre à des ouvrages en anglais la plupart du temps. Parmi les ouvrages traduits, La guerre de Sécession de James McPherson renferme un bon résumé de la situation politique du pays et de l'élection de 1860.
Résultats électoraux par comté. Nuances de rouge : Lincoln. Nuances de bleu : Douglas. Nuances de vert : Breckinridge. Nuances de jaune : Bell. Le gris correspond à des comtés pas encore créés à l'époque, et à la Caroline du Sud où il n'y eut pas de vote populaire. Source : "Tilden76" via Creative Commons et Wikipedia. Tous droits réservés.