L'invention du premier avion est généralement attribuée à Clément Ader, ingénieur français et brillant inventeur. Si il est considéré comme l'un des pionniers de l'aviation, il est bien loin d'être le seul à avoir contribué à la mise au point de l'avion, engin qui a révolutionné l'art militaire tout autant que le transport civil. Alberto Santos Dumont, les frères Wright ou encore Otto Lilienthal furent ainsi de ceux qui transformèrent en quelque années une simple utopie en une réalité époustouflante: l'homme pouvait enfin défier la nature et voler.
Le premier avion et les origines de l'aéronautique
Observant le vol des oiseaux, Léonard de Vinci imagina dès le XVIe siècle le concept de l'hélice, du parachute et de l'Hélicoptère et du planeur. La seule force motrice utilisable à l'époque étant celle des muscles de l'homme, ces idées géniales resteront longtemps à l'état de concept. D'ailleurs, le physiologiste et physicien italien Giovanni Borelli conclut en 1680 que l'homme était incapable de voler par ses propres moyens : les inventeurs se tournèrent alors vers la conception d'engins plus légers que l'air, comme les frères Montgolfier qui firent voler le premier ballon à air chaud en 1783.
L'histoire de l'aviation connut un tournant décisif au début du XIXe siècle, grâce aux progrès réalisés dans les domaines de la construction et de la mécanique. On envisagea à nouveau de faire voler des engins plus lourds que l'air, en remplaçant la force musculaire de l'homme par la force motrice d'une machine. De nombreuses expériences furent alors effectuées pour tenter de perfectionner les machines volantes, et parvenir ainsi à une meilleure compréhension du vol d'un engin.
C'est dans les dernières années du XVIe siècle que le Britannique George Cayley énonce les principes de ce qui va devenir l'aviation. Les recherches, très actives, aboutissent vers 1840 au premier envol d'un modèle réduit d'aéroplane à vapeur.
Qui a inventé l'avion ?
Les travaux de Clément Ader sur des systèmes permettant aux hommes de voler démarrèrent lors de la guerre de 1870, pendant laquelle il essaya de mettre au point pour l'armée des cerf volants capables de faire voler un homme. En vain. Sa collaboration avec les militaires ne s'arrêta pas pour autant : Ader trouva là une source de financement et de support pour ses recherches, complémentaire à sa propre fortune qu'il devait aux nombreuses inventions brevetées par ses soins.
Ses efforts finirent par payer: il réalisa entre 1890 et 1897 trois prototypes: l'Éole (l'Avion), le Zéphyr (Ader Avion II) et l'Aquilon (Ader Avion III). De 50 mètre pour le premier essai, la distance de vole fut portée à 300 mètres avec l'Avion 3, devant un comité militaire qui n'en perdit pas une miette. Très observateur de la nature, Ader s'inspire des ailes de chauve souris pour ses voiles et intègre même des mécanismes capables de modifier leur structure une fois en vol.
A la même période un certain Otto Lilienthal parvient à mettre au point un planeur capable de voler 400 mètres une fois lancé d'une colline de 20 mètres de haut. Ses prototypes étaient réalisés à partir de nervures de bambou entoilées de coton.
N'oublions pas enfin les prouesses d'Alberto Santos-Dumont, pionnier brésilien de l'aviation, qui construisit bon nombre de ballons et dirigeables à bord desquels il vola, ainsi qu'un aéronef, le 14 Bis, à bord duquel il homologua le premier record du monde d'aviation, le 23 octobre 1906.
Les frères Wright inventent les premiers avions à moteur
Si Ader à bien été l'inventeur de l'avion, comme nous venons de le voir, ce sont les frères Orville et Wilbur Wright qui réussirent, après de multiples prototypes de planeurs, à réussir le premier vol motorisé et contrôlé d'un aéronef (plus lourd que l'air), le 17 décembre 1903 à Kitty Hawk (Caroline du Nord).. L’événement passe pourtant quasi inaperçu dans les colonnes des journaux de l'époque.
Ce sont aussi les premiers à avoir analysé correctement la mécanique nécessaire au virage en vol et à avoir mis au point le contrôle de la trajectoire. A partir de 1905, leurs avions permettent ainsi d'effectuer des vols stables, de longue durée et avec une parfaite maîtrise des virages. Leurs modèles se nomment les Flyer I, II puis III : objet de convoitise de l'armée américaine, ils inspireront la plupart des biplans engagés lors de la première guerre mondiale.
De l'aviation militaire...
Suite à l'exploit des frères Wright, les Européens ne tardent pas à réagir, et, portés par un fort courant d’opinion comme par la promesse de récompenses financières accordées par des mécènes, des industriels et des sociétés d’encouragement à la navigation aérienne, les aviateurs du Vieux Continent accumulent les avancées techniques et les records. À la veille de la Grande Guerre, ils ont traversé la Manche et la Méditerranée, sillonné le continent européen ainsi qu’une partie de l’Afrique. Dans le même temps, les bases d’une industrie aéronautique ont été jetées dans différents pays.
Faute de véritables débouchés civils, cette nouvelle branche consacre l’essentiel de son activité au domaine militaire. Dans une Europe en pleine course à l’armement, les arsenaux comptent plusieurs centaines d’aéroplanes. L’idée d’utiliser l’avion à des fins guerrières s’est imposée dès le départ, mais la guerre de 1914-1918 lui confère l’impulsion décisive. L’aéroplane devient non seulement un outil d’observation, mais encore de combat (chasse et bombardement). Ce conflit est marqué par une production industrielle considérable (50000 avions en France, 40000 en Angleterre et autant en Allemagne).
... aux premières compagnies aériennes
À la fin des hostilités, l’aviation s’oriente naturellement vers l’ouverture de lignes aériennes qui lui promettent un futur radieux. L’Atlantique Nord et Sud et le Pacifique sont franchis, les deux pôles sont conquis, tous les continents, explorés, et le premier tour du monde a lieu en 1924. Les compagnies de transport de passagers, subventionnées par les États, naissent: Lufthansa (Allemagne), Aeroflot (Union soviétique), Air France (France), Impérial Airways (Royaume-Uni), KLM (Pays-Bas), Pan American World Airways, Eastern Air Lines, TWA et United Airlines (États-Unis).
En 1933, Air France exploite un réseau de 38 000 km et, en 1935, Aeroflot transporte 100000 personnes. En 1939, l’aviation commerciale étend ses réseaux sur une bonne partie de la planète, les premières liaisons débutent au-dessus de l’Atlantique et des lignes aéropostales fonctionnent régulièrement.
La Seconde Guerre mondiale amplifie le rôle de l’avion dans les campagnes militaires. La stratégie s’en trouve bouleversée en profondeur et de façon définitive. L’aviation accompagne les forces blindées et mécanisées, les soutenant de ses feux et luttant pour ravir à l’ennemi la maîtrise du ciel. Les bombardiers, quant à eux, s’emploient à écraser l’industrie de guerre du Japon et de l’Allemagne, et à saper le moral de leurs populations.
Le paroxysme est atteint avec les attaques atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Dans le même temps, grâce au porte-avions, la pratique de la guerre en mer change. Le cuirassé, jusque-là épine dorsale des flottes de surface, est détrôné. Enfin, les avancées technologiques majeures que sont l’invention du radar, de la propulsion à réaction et de l’électronique modifient la guerre dans les airs.
La démocratisation du transport aérien
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le transport aérien a été réservé aux classes les plus favorisées. Mais les progrès accomplis après 1945 entraînent un essor sans précédent. L’avion commercial à réaction prend le dessus sur les machines conventionnelles. L’initiative appartient d’abord aux Britanniques, qui réalisent le premier appareil de cette catégorie, le Cornet; mais, ce programme ayant failli, les Américains prennent l’avantage vers la fin des années 1950, avec le Boeing 707 et le Douglas DC-8.
Cette domination est remise en question à partir des années 1970, avec l’émergence d’une industrie aéronautique européenne puissante, qui réalise une lignée remarquable d’avions commerciaux, sous la houlette d’Airbus, consortium européen. À l’heure actuelle, la Chine figure parmi les futurs producteurs de première grandeur.
Le rêve d’un appareil supersonique (Concorde, Tupolev Tu-144) capable de transporter à très grande vitesse un petit nombre de passagers semble s’être effacé face à la réalisation de gros-porteurs pouvant embarquer plus de 500 personnes. Ce choix technique fondamental a permis une extraordinaire démocratisation du transport aérien. Avec les Boeing 747, 757, 767 et 777, le Douglas DC-10, les Airbus A320, A330, A340, A350 et le géant A380, le transport de masse est entré dans les mœurs. De 156 millions de passagers au milieu des années 1960, le trafic est passé à 3,3 milliards en 2014. Les besoins de la flotte mondiale sont estimés à plus de 29 000 appareils à l’horizon 2030, où 36650 machines devraient être en service.
Quelques autres dates clef de l'histoire de l'aviation
- 1909 - L'aviateur français Louis Blériot traverse la Manche de Calais à Douvres à bord de son "Blériot XI"
- 1911 - Roland Garros bat le record du monde d'altitude: 3910 mètres (4 septembre)
- 1914 - Le 5 octobre l'Aviatik du lieutenant allemand Von Zangen est abattu, près de Reims, par le Voisin III du sergent Frantz et du caporal Quénault: il s'agit du premier combat aérien
- 1927 - Le 21 mai, Lindbergh traverse l'Atlantique
- 1930 - Première liaison postale transatlantique 12 mai, par L'aviateur français Jean Mermoz
Pour aller plus loin
- L'histoire de l'aviation, de Bernard Marck. Arthaud, 2012.
- L'Histoire de l'aviation pour les Nuls de Philippe Benhamou. Editions First, 2010.