Une démarche artistique nouvelle
Le mouvement impressionniste voit le jour en France dans les années 1860, avec une nouvelle génération d’artistes qui admire l’art de Camille Corot (1796-1875), pionnier de la peinture en plein air. Premier peintre à rompre avec la tradition, Corot vise une représentation réaliste et lumineuse de la nature. Il inspire la création de groupes à Fontainebleau, à Honfleur, en Provence et dans le Lyonnais. Dès 1865, le peintre Charles François Daubigny (1817-1878) apparaît comme chef d’école de l’impression. Avec Antoine Chintreuil (1814-1873), il parcourt l’Oise en bateau.
Un autre précurseur, Eugène Boudin (1824-1898), joue un rôle important dans la carrière de Monet. Fasciné par l’inconstance des couleurs de la nature, qui se modifient en fonction de l’heure et du vent, il recommande au jeune artiste de peindre en plein air. Entre 1857 et 1861, les plus grands représentants du mouvement impressionniste, issus d’horizons différents, se rencontrent dans l’atelier du professeur Charles Gleyre (Monet, Renoir), à l’Académie suisse (Monet, Pissarro, Cézanne) ou au Louvre (Degas, Manet). Ils prônent un réalisme moins radical que celui de Gustave Courbet. Pour se faire connaître, ils doivent s’imposer au Salon, où le jury ne prête guère attention aux paysages. Édouard Manet y provoque un scandale en 1865 avec Olympia.
La méthode et le terme «impressionnisme»
Monet termine son tableau Impression, soleil levant en 1873. Exposé l’année suivante, il fait l’objet d’une appréciation négative de Louis Leroy dans le Charivari, un quotidien de caractère polémique. Le critique emploie le terme impressionnisme pour la première fois. Il se veut dédaigneux, mais Monet ne se laisse pas démonter. En 1877, il reprend le terme à deux reprises, à l’occasion de l’exposition de 1877 et lors du baptême de la revue L’Impressionniste, journal d’art. Cette appellation contribue finalement à la gloire du mouvement. Elle désigne la nouvelle génération d’artistes en quête de lumière et qui peignent par touches successives.
Outre la nature et ses paysages, la ville et sa modernité, les scènes de la vie sont également les sujets des impressionnistes, qui cherchent à saisir à la fois l’agitation trépidante de la ville et sa lumière particulière. Ainsi, Claude Monet peint une série de toiles représentant la Gare Saint-Lazare, Edgar Degas montre le monde animé des champs de courses, de l’Opéra, des cafés, et Pierre-Auguste Renoir peint le Moulin de la Galette.
Claude Monet et Pierre Auguste Renoir
Au début, Monet copie plus qu’il n’innove. Il imite sans fraîcheur la représentation mélancolique de ses prédécesseurs. À partir de 1863, il entraîne ses semblables, parmi lesquels figure Renoir, à travailler dans la forêt de Fontainebleau. Dès 1866, il manifeste une plus grande originalité et réalise quelques chefs-d’œuvre (La Terrasse au bord de la mer près du Havre, 1866, et Les Femmes au jardin, 1867).
Si Renoir excelle dans la reproduction de paysages, il privilégie la représentation des personnages. Rapidement tenté par le succès, il présente ses tableaux au Salon. Refusé à plusieurs reprises, il est accepté en 1868 avec Lise à l’ombrelle. Il y manifeste un goût pour les jeux d’ombre et de lumière, visible dans ses autres œuvres de la période impressionniste. En 1874, il participe à la première exposition des impressionnistes. Il produit ensuite Chemin montant dans les hautes herbes (1875), Le Moulin de la Galette (1876), Mme Charpentier et ses enfants (1878) et Le Déjeuner des canotiers (1881). Par la suite, il s’éloigne du mouvement.
Postimpressionnisme et influence dans la musique
Le postimpressionnisme désigne plusieurs styles de peinture qui prolongent l’impressionnisme ou rompent avec lui. Vincent Van Gogh et Henri de Toulouse-Lautrec se réclament à leurs débuts de l’impressionnisme, avant d’ouvrir de nouvelles voies picturales. Le néo-impressionnisme est représenté par Georges Seurat (Un dimanche à la Grande Jatte), Camille Pissarro et Paul Signac. Ces peintres utilisent une technique particulière, le pointillisme, qui consiste à appliquer sur la toile de minuscules points de couleurs pures. Vues avec un certain recul, ces touches assemblées constituent des formes, des zones d’ombre et de lumière.
Dans le domaine de la musique, l’impressionnisme va s'épanouir surtout en France, de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, sous l’influence de la peinture impressionniste et de la poésie de Paul Verlaine, Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé. Il s’oppose au style classique (Mozart, Beethoven) qui insiste beaucoup sur les formes (sonate, symphonie), mais aussi à la musique romantique et à sa sensibilité exubérante.
Le compositeur Claude Debussy est le principal représentant de l’impressionnisme par son raffinement sonore et sa palette harmonique très riche en couleurs. Ses œuvres principales ont pour titre Prélude à l’après-midi d’un faune et Pelléas et Mélisande.
L’héritage des impressionnistes
En outre, ces peintres qui se veulent réalistes décomposent le réel, ils le rendent fugace en essayant de déceler ce qu’il y a d'insaisissable dans la nature. Ils préfigurent le courant pointilliste ou néo-impressionniste illustré par Georges Seurat (1859-1891). L’art impressionniste reste figuratif, mais il annonce l’abstraction du XXe siècle car il privilégie la couleur au détriment du contenu. Vincent Van Gogh et Henri de Toulouse-Lautrec se réclament aussi à leurs débuts de l’impressionnisme, avant d’ouvrir de nouvelles voies picturales.
Pour aller plus loin
- La véritable histoire des impressionnistes, de Xavier Mauduit et Cédric Lemagnent. Armand Colin, 2017.
- Petite encyclopédie de l'impressionnisme, de Gabriele Crepaldi. Solar, 2018.