Le Radeau de la Méduse : une histoire vraie
Jetés à la mer et abandonnés par le commandant sur un radeau de fortune, les naufragés vont souffrir vingt sept jours avant d’être secourus. Seuls quinze vont survivre malgré la faim, le soleil, les mutineries, voire le cannibalisme….Cet évènement provoque un énorme scandale politique et social lorsque deux survivants racontent leur histoire dans un livre publié en 1817. Comment l’administration a-t-elle pu laisser diriger un navire par un homme si inexpérimenté….la seule petite consolation est que le commandant est tout de même condamné à trois ans de prison…
Le réalisme supplante l’idéal
Géricault de retour d’Italie, fasciné par les scènes macabres, commence son œuvre de quatre mètres sur sept mètres. Après un an de documentation, quarante neuf esquisses, une maquette du radeau, l’étude des cadavres ainsi que l’utilisation du récit de deux survivants, il achève son tableau en 1819. N’ayant pas reçu l’accueil envisagé pour son oeuvre, il part en Angleterre et l’expose en 1821…là, c’est le succès. Mais il meurt en 1824 à l’âge de trente trois ans…Ce tableau sera acquis par l’Etat la même année. Il est actuellement exposé au musée du Louvre.
A travers les nuages, la lumière filtre ses rayons sur les corps des cadavres qui sont pâles. Cela accentue encore plus le côté dramatique, l’horreur, la souffrance, et la mort. Notons que pratiquement aucun pied n’est visible, Géricault ne les aimant pas, les cache en général sous des drapés. Dernier petit détail : Eugène Delacroix figure parmi les personnages…peut être l’homme mort au premier plan, la face contre le radeau.
L'influence du tableau de Géricault
Le caractère politique de l’œuvre est, par ailleurs, incontestable. Le procès du commandant qui s’ouvre peu après le sauvetage, deviendra, en effet, le procès de la monarchie et ralliera l’opposition libérale, et Géricault, par le choix qu’il fait d’inscrire un personnage noir au sommet de la pyramide, trahit en quelque sorte ses opinions.
Audacieux par son thème mais aussi par sa composition fougueuse, sa touche épaisse, ses violents contrastes d’ombre et de lumière et le réalisme des corps, le Radeau de la Méduse est dans un premier temps exposé au Salon de 1819 tout en hauteur, puis à hauteur d’homme, et la violence que génère la confrontation directe entre le tableau et le regard des spectateurs, provoque un véritable scandale. En bouleversant ainsi le néoclassicisme illustré par David, ce tableau impose son auteur comme le fondateur incontestable du romantisme français et ouvre la voie à la génération d’artistes menée par Delacroix.
Pour aller plus loin
- Géricault, biographie de Jean Sagne. Fayard, 1991.
- Les Grands Peintres - Théodore Géricault : Le Radeau de la Méduse, BD. Glénat, 2016.