La marine française en 1805
Couronné empereur le 2 décembre 1804, Napoléon Bonaparte est bien conscient que pour pérenniser son oeuvre il lui faut vaincre la puissance brintannique. Si Bonaparte a pu jusqu'à présent disposer aisément de ses adversaires sur le continent, mettre hors d'état de nuire la perfide Albion s'avère autrement plus délicat. Le général Bonaparte en a fait l'amère expérience lors de son expédition en Egypte. Ses succès sur terre (bataille des pyramides) ont été contrariés sur mer par l'anéantissement de la flotte française dans la baie d'Aboukir les 1er et 2 août 1798.
Dès le début de son consulat, Bonaparte entreprend de relever la marine française, ruinée par la Révolution. Le succès contre les anglais lors de la bataille de Chesapeake (1781) n'est plus qu'un lointain souvenir et la Royale n'est plus que l'ombre d'elle même. Sous l'impulsion du ministre de la marine l'amiral Decrès, de nouveaux chantiers navals sont construits sur toutes les cotes de l'Empire et la marine se voit rapidement dotée d'une flotte considérable et de qualité. Mais la formation des équipages et de l'encadrement ne s'improvise pas et peine à égaler l'excellence des anglais en la matière. Et pourtant, Napoléon Ier va devoir traverser la manche pour venir à bout de l'Angleterre...
La bataille de Trafalgar
En 1805 une troisième coalition se forme entre l'Angleterre, la Russie et l'Autriche contre l'Empire français. Pour envahir l'Angleterre, Napoléon, établi au camp de Boulogne, réunit 200 000 hommes le long de la Manche et fait construire 7 000 chalands de transport. Mais il faut écarter la flotte anglaise par la jonction des escadres françaises. La plus importante, commandée par le vice amiral Villeneuve, est bloquée dans le port espagnol de Cadix par l'amiral Horatio Nelson et son lieutenant Collingwood. Napoléon, qui avait dû renoncer à ses projets d’invasion de l’Angleterre, ordonna à l’amiral Villeneuve — qui s’était montré incapable de débloquer la flotte de Rochefort — de gagner la Méditerranée, pour aller attaquer Naples.
Une victoire qui assoit la suprématie maritime britannique
Ceux-ci dénombrèrent environ 1 500 victimes, dont Nelson, qui fut tué au cours de la bataille sur le pont de son navire, le Victory, tandis que les alliés perdirent 7 000 hommes et une vingtaine de navires de la flotte franco espagnole. De Villeneuve fut fait prisonnier à bord du Bucentaure. L'infortuné amiral français mettra fin à ses jours peu après avoir été libéré par les anglais.
La victoire britannique, qui mit définitivement fin aux projets de Napoléon d'invasion de l'Angleterre, assurait à la Grande-Bretagne, pour un siècle, la maîtrise de la mer. Quand à la marine française, qui avait pourtant connue son heure de gloire sous Louis XVI durant la guerre d'indépendance américaine contre la Royal Navy, elle n'aura plus jamais l'occasion de s'illustrer dans les conflits à venir... Le 21 octobre a été célébré dans tout l'Empire Britannique sous le nom de « Trafalgar Day » pendant le XIXe siècle et au début du XXe siècle, mais aujourd'hui cette fête est peu connue.
Devenue plus tard célèbre, l'expression « coup de Trafalgar » fait référence à la stratégie inattendue et déroutante employée par Nelson lors de cette bataille.
Bibliographie
- Trafalgar : Les aléas de la stratégie navale de Napoléon de Michèle Battesti. 2004.
- Nelson contre Napoléon : D'Aboukir à Trafalgar de Anne Pons. Perrin, 2005.
- La bataille de Trafalgar de Rémi Monaque. Tallandier, 2005.