Alexandre, roi de Macédoine
L'histoire de la Macédoine antique est assez mal connue. Nombre de populations migrantes s'y installent pendant la période néolithique (v. 6 200 av. J.-C.). Après 3 000 av. J.-C., un peuple de langue grecque commence à occuper les régions montagneuses situées entre les monts Olympe et Pinde. Au VIIe siècle av. J.-C., Perdiccas Ier établit son royaume dans les riches plaines alluviales de l’Aliákmon et de l’Axios. Au IVe siècle av. J.-C., Philippe II conduit le royaume sur la voie de la prospérité et de l’expansion. Il bat les Grecs en 338 av. J.-C. et réunit la Grèce et la Macédoine en un seul royaume.
En 336 avant J-C, Alexandre, fils de Philippe II et de la princesse d'Épire Olympias, succéda à son père mort assassiné et devint roi de Macédoine à l'âge de dix-huit ans. Téméraire, courageux et de nature belliqueuse, il bénéficia grâce à son tuteur Aristote d’une excellente éducation. Toute son enfance avait été bercée par les exploits d’Hercule et d’Achille, légendaires ancêtres de la royauté macédonienne. Adolescent, il s’était illustré au combat au sein de l’armée paternelle. Doué d’une forte personnalité, Alexandre n’avait pas son pareil pour mener ses hommes à travers l’adversité et le danger. Excellent cavalier (son cheval a pour nom Bucéphale), le jeune prince fait également l’apprentissage de l’art de la guerre, notamment en assistant son père à la bataille de Chéronée, en 338 av. J.-C.
Or cette immensité pouvait aussi se révéler un handicap. Les messagers mettaient des semaines pour traverser l'empire perse, et les soldats des mois pour rejoindre leur régiment. Certes très supérieure en nombre, l’armée perse, hétéroclite et bigarrée, était difficilement contrôlable sur le champ de bataille. La fameuse phalange macédonienne, en revanche, bien équipée et surentraînée, se montrait mobile et rompue aux tactiques militaires. À leur tête, Alexandre était un chef charismatique et inspiré, tandis que Darius demeurait effacé et peu imaginatif.
A la fin de l’été 336 av. J.-C., Alexandre a assis sa position en Grèce et a reçu le commandement des forces grecques, lors de l’assemblée des États réunis à Corinthe (voir ligue de Corinthe). Dès lors, le nouveau souverain de Macédoine confie la régence à sa mère Olympias et se lance dans ses premières campagnes. En 335 av. J.-C., il mène une brillante opération militaire contre les rebelles thraces sur les bords du Danube.
À son retour en Macédoine, il écrase la même semaine, près du lac de Prespa, les Illyriens et les Dardaniens qui ont fait sécession, et se dirige en hâte vers la cité révoltée de Thèbes. Il la détruit « au son des flûtes », n’épargnant que les temples des dieux et la maison du poète Pindare, et réduit en esclavage quelque 30 000 prisonniers. Alexandre a désormais les mains libres pour se tourner vers l'orient.
La conquête de la Perse
Au printemps de 334 av. J.-C., Alexandre laisse le gouvernement de la Macédoine à l’un de ses généraux, Antipatros, et part en guerre contre l’Empire perse : commence alors une nouvelle « Iliade », celle de l’admirateur d’Homère. Entouré de ses meilleurs généraux, Antigonos, Ptolémée et Séleucos, il traverse l’Hellespont (les Dardanelles modernes) avec une armée de 35 000 hommes. Sur les rives du Granique, près de l’antique cité de Troie, celui qui se compare à Achille vainc une armée composée de 40 000 Perses et d'un contingent de mercenaires grecs. Selon la tradition, le conquérant n'aurait perdu seulement 110 hommes. La légende rapporte qu’ensuite, Alexandre, n’ayant réussi à dénouer le mythique nœud gordien au cours de sa marche en Phrygie, aurait tranché celui-ci d’un coup d’épée — présage à sa destinée asiatique.
La prise de ce port stratégique lui assurant ses arrières, Alexandre peut jeter son dévolu sur l’Égypte des anciens pharaons, tombée sous domination perse depuis deux siècles. Après la soumission de Péluse, Il est accueilli en libérateur et se fait proclamer pharaon dans l’antique capitale de Memphis.
Dans le delta du Nil, il fonde Alexandrie puis se rend dans le désert sur le site sacré de l'oasis de Siwa, ou l’oracle d’Amon lui aurait révélé qu’il n’était pas le fils de Philippe, mais celui de Zeus, le patron des dieux grecs. Le prestige d’Alexandre était tel que nombreux commençaient à le considérer comme un dieu vivant, à commencer par Alexandre lui-même.
Alexandre le Grand en Orient
En octobre 331 avant J-C, Alexandre décide de quitter l’Égypte pour s’attaquer au cœur de l’empire perse. A Gaugaméles en Assyrie, il imposa une seconde défaite à Darius, dont l’armée était pourtant six fois supérieure en nombre à celle du macédonien, dont l’armée n’a rarement dépassée les 50 000 hommes. Alexandre s’empare des capitales des perses, Babylone, Suse et enfin Persépolis, qui sera symboliquement livrée aux flammes. Ce fut le coup de grâce : perdant tout espoir Darius pris la fuite. Il meurt peu après assassiné par des proches.
Epuisée, son armée au bord de la sédition le presse de faire demi-tour. Alexandre, qui aurait bien volontiers continué toujours plus loin à l’est, consenti à rebrousser chemin. A la tête de son armée, il suivit le cours de l’Indus jusqu’à la mer d’Oman, avant d’entamer une pénible traversée du désert de Gédrosie (en Iran). En 324 av. J-C il était de retour à Babylone, sa nouvelle capitale.
Alexandre le grand planifiait de nouvelles conquêtes dans le golfe persique et en orient, lorsqu’il mourut subitement à Babylone en juin 323 av j-c, âgé de seulement 32 ans, probablement victime de son alcoolisme. Convaincu de sa nature divine, il s’était mis à régner en tyran. Ayant négligé de mettre sur pied un gouvernement central pour maintenir la cohésion de son empire, celui–ci sombra rapidement dans l'anarchie.
En bas-âge, les héritiers d'Alexandre furent rapidement éliminés. Quant à ses généraux, à qui Alexandre avait confié le gouvernement des provinces conquises, ils s’affrontèrent au cours de guerres successives et créèrent chacun leur propre royaume indépendant. Seul Ptolémée en Egypte et Séleucos en Perse fondèrent des dynasties durables.
L’héritage d’Alexandre le Grand
Au fil de ses conquêtes, Alexandre avait répandu la culture des civilisations grecques à travers l’Asie jusqu’à la vallée de l’indus. C’est par dizaines de milliers que les grecs émigrèrent dans la douzaine de nouvelles cités établies dans les territoires conquis et souvent baptisée en l’honneur d’Alexandre. La culture et la langue grecque se diffusent largement dans les peuples conquis par Alexandre, dont les conquêtes favorisent les échanges commerciaux comme la circulation des hommes et des idées.
Le monde hellénique a dû s’effacer devant la puissance croissante de Rome. La Grèce et la Macédoine s’inclinèrent au milieu du IIe siècle avant notre ère du royaume. Les royaumes séleucide et ptolémaïque tombèrent quant à eux en 64 et 30 avant J.C. Les romains manifestaient cependant beaucoup de respect pour la culture grecque, à laquelle ils devaient de nombreux emprunts notamment en architecture, science, littérature, et mythologiques, assimilant sans complexe l’héritage d’Alexandre. Ses exploits sont évoqués dans la Bible et le Coran.
Au fil des siècles, Alexandre inspira de nombreux autres conquérants. De nos jours encore, les stratèges militaires en herbe étudient les célèbres batailles du macédonien, qui, à la tête de quelques milliers d’hommes, repoussa les limites des frontières connues de l’époque, dans une incroyable épopée.
Bibliographie
- Alexandre le Grand, de Pierre Briant. Que-sais-je, 2023.
- Alexandre le Grand. Un philosophe en armes, de Olivier Battistini. Ellipses, 2018.
- Alexandre le Grand, de Jacques Benoist-Mechin. Tempus, 2009.