Origine et ascension de Jules César
Né à Rome, Jules César (en latin Caius Julius Caesar) est issu d’une prestigieuse famille d'aristocrates romains, les Julii. Proche de Marius lors de la première guerre civile, il doit s’exiler en Asie durant la dictature de Sylla (82-79 avant J.-C.). De retour à Rome en 73 avant J.-C., il entreprend son cursus honorum : il est nommé questeur en 68 av. J.-C., puis édile en 65, préteur en 62, sa première magistrature avec imperium (pouvoir de commander aux soldats) avant d'être envoyé comme propréteur en Lusitanie (il est sorti de la charge de préteur et possède alors un gouvernement provincial avec imperium) en 61 av. J.-C. où il se signale déjà par une activité trépidante.
Mais cette belle progression ne peut cacher le fait que l'orientation politique de César, en accord avec les idées des populares symbolisées par le grand Marius, l'a également grandement desservi après le triomphe final de Sylla sur les partisans de Marius. En effet César avait pour oncle par alliance le célèbre général rival de Sylla et avait pris pour épouse la fille de Cinna, un des lieutenant de Marius. Cette compromission à un moment où les idéaux des optimates s'imposaient lui valu un arrêt net de sa progression jusqu'à la mort de Sylla en 78 av. J.-C..
En tout cas il est certain que le jeune César a gardé en mémoire les massacres dus aux proscriptions de Sylla et que cela déterminera sans doute une partie de son comportement magnanime au cours de ses conquêtes.
Le premier Triumvirat
Pompée s'en ai constitué une considérable en Orient et en Espagne, Crassus du fait de sa richesse est très bien doté, et César, lui, a dû s'endetter pour étendre la sienne. C'est la raison pour laquelle il demande et obtient, grâce à ses alliés, le gouvernement de la Gaule Cisalpine qui alors s'étend sur toute la côte Méditerranéenne de la France jusque sur les contreforts Balkaniques, et cela après avoir obtenu le consulat en 59 av. J.-C. ce qui lui avait permis de contenter ses alliés de circonstance.
La guerre des Gaules
A ce moment, César a besoin d'une grande conquête qui lui apporterait à la fois des richesses lui permettant de rembourser ses emprunts mais également du prestige pour concurrencer Pompée sur ce terrain auprès du peuple romain. Il pense un temps à porter son effort du coté des Balkans où le royaume dace devient menaçant. Mais c'est finalement la pression germanique sur les Helvètes au Nord de sa province qui l'amène à intervenir en Gaule sous prétexte de protéger le monde romain contre les mouvements des Celtes, mais aussi les Celtes des Germains.
La guerre dure de 58 av. J.-C. jusqu'à 51 av. J.-C. avec de multiples rebondissements. La Gaule semble ainsi pacifiée plusieurs fois avant que des révoltes n'éclatent, comme la plus célèbre menée par Vercingétorix. Après un revers subit à Gergovie, César s'impose lors du siège d'Alésia et obtient la reddition du chef gaulois. Durant cette campagne, César en profite pour lancer des expéditions sans lendemain vers la ténébreuse Germanie mais aussi vers la Grande Bretagne, allant plus loin que n'importe quel général de l'époque et chargeant son histoire d'une véritable propagande avec la rédaction quasi quotidienne d'une sorte de journal de l'expédition militaire.
César franchit le Rubicon
Décidé à marcher sur Rome pour y défendre sa position, César franchit le Rubicon. Le Rubicon est un fleuve servant de frontière entre le territoire italien et la Gaule cisalpine. Il a un rôle symbolique dans le droit romain : aucun général ne peut le franchir avec son armée, sauf sur autorisation du Sénat. Rome se protège ainsi de toute menace interne. En le passant, César brave la loi romaine avec un certain panache linguistique : son fameux « alea jacta est » (le sort en est jeté) encourage ses soldats à voir, dans leur acte illégal, un coup de force légitimé par les dieux. L’expression « franchir le Rubicon » signifie encore aujourd’hui « dépasser une limite inacceptable », « faire un pari irrévocable ».
La guerre civile : César contre Pompée
Le coup de César finit de pousser Pompée dans l'alliance avec le Sénat. Ils quittent alors précipitamment l'Italie pour se réfugier en Grèce et donc en Orient où Pompée sait qu'il pourra compter sur ses relations clientélaires pour se constituer une armée capable de rivaliser avec celle de César, qui quant à lui installe à Rome un Sénat à ses ordres duquel il obtient tour à tour le consulat et la dictature (magistrature extraordinaire, limitée dans le temps et employée seulement quand l'État est en péril).
César arrive en Espagne où il brisa rapidement les soutiens de Pompée puis se porta en Illyrie (dans les Balkans) où il pris l'offensive directement contre les républicains. Après de rude combat il parvint enfin à se trouver face à son adversaire et ancien allié dans ce duel à mort entre les deux plus grands généraux du temps. Dans la plaine de Pharsale, en Macédoine, Il ne paraissait pas en position de force face à une supériorité numérique nette en faveur de son adversaire. Mais il pouvait s'appuyer sur des troupes de vétérans des campagnes de Gaule, quand Pompée ne pouvait aligner principalement que de jeunes recrues.
Pompée, vaincu parti avec précipitation du champ de bataille et rejoignit l'Égypte où il fut assassiné sur ordre de Ptolémée XIII. Caton d'Utique, un des plus féroces opposant de César se rendit lui en Afrique pour y continuer la guerre. César, lui, poursuivit Pompée en Égypte pour le trouver déjà mort. Il eut alors sa célèbre aventure avec la reine Cléopâtre qui lui donna même un fils ; Césarion. Néanmoins il connut quelques déboires dans la cité d'Alexandrie où il est un temps bloqué par une révolte.
Finalement victorieux, il put partir vers le Nord, en Asie Mineure où le fils du célèbre ennemi de Rome Mithridate VI nommé Pharsace II, venait d'écraser le gouverneur romain de la région dans une offensive fulgurante. César une fois entré en contact avec l'ennemi le vainquit rapidement et aurait prononcé la célèbre maxime ; Veni vidi vici (je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu). Il rentra à Rome pour se porter rapidement vers l'Afrique contre Caton et les autres pompéiens prêts à en découdre.
La décision fut encore une fois remportée par César en 46 av. J.-C. à la bataille de Thapsus. A la suite de cette victoire il partit soumettre les derniers foyers de résistance en Espagne ce qui fut acquis après sa victoire de Munda en 45 av. J.-C. et ce en dépit de pénibles combats. Rentré à Rome il triompha de ses ennemis pompéiens comme il l'avait fait en 46 au dépend de la Gaule, du Pont, de l'Egypte et de la Numidie, ce qui lui attira des haines mortelles.
Jules César dictateur romain
Rentrant à Rome à la fin d’août 45, César célébra dans la liesse populaire les retrouvailles avec pas moins de cinq triomphes officiels. On avait vu César défiler en triomphateur des Gaules, traînant Vercingétorix enchaîné. On l’avait acclamé en vainqueur du Pont, de l’Afrique et de l’Espagne. Aux dix provinces du temps de Sylla, huit autres s’étaient ajoutées. Dans la conscience populaire, César prenait peu à peu la figure d’un surhomme, vraiment chéri des dieux tout-puissants. Pour les besoins de la propagande, il s’était fait un plaisir d’inviter à Rome Cléopâtre et le petit Césarion. C’était fort prestigieux et politiquement commode : il avait pris soin de laisser en Egypte quatre légions et un chevalier chargé, bien sûr, de les commander, mais en fait, de gouverner en sous-main ce royaume « indépendant » qui tout doucement tournait à la province romaine.
L’appui du peuple, donc, allait de soi et complétait la richesse et la force des armes. Les votes successifs qui multiplient à l’infini les pouvoirs de César le montrent assez. Consul, il cumule avec cette haute charge la dictature : on lui a conféré le tout pour une durée de dix ans, avant de lui accorder la dictature perpétuelle. Ces votes successifs conféraient à César, en plus de la force militaire et de la richesse, la caution de la légalité. En effet, en l’absence, dans la « constitution » romaine, de tout autre principe que le consentement du peuple, ses pouvoirs, pour irréguliers qu’ils fussent, ne pouvaient être tenus pour illégaux.
Enfin, pour couronner le tout d’une aura religieuse, Jules César était grand pontife depuis 63, augure - et sur le plan personnel, il ne se cachait pas de descendre de la déesse Vénus par le fondateur supposé de sa famille. À ce tableau déjà peu commun s’ajoutait un culte époustoufïant de la personnalité. Trois fois imperator pour ses victoires, il s’était vu décerner l’autorisation d’arborer tous les jours les atours triomphaux, et sa calvitie s’adornait en permanence de la couronne de laurier réservée à la liturgie du triomphe. Il a sa statue au Capitole, ses effigies se multiplient sur toutes les places de la Ville. Des solennités commémorent les grandes dates de sa biographie, et le mois de sa naissance s’appelle désormais Julius, ce qui donnera notre juillet.
Maitre du destin de Rome, César réorganise les possessions romaines de fond en comble. Il s'emploie à developper les régions jusque-là délaissées pour compte en y fondant des colonies peuplées de vétérans auxquels il octroie des terres. face à l'immensité du territoire contrôlé par Rome, il prend le parti de favoriser l'autonomie municipale. Il augmenta le nombre d'édiles et de préteurs et fit de même avec l'assemblée sénatoriale qui passa ainsi de 600 à 900 membres ce qui lui permis de noyer l'opposition, déjà décimée, parmi des personnes choisies parmi les provinciaux, des soldats, voir même des affranchis. Il donna également la citoyenneté aux habitants de la Transalpine et tenta de normaliser les prélèvements des impôts pour contrer les abus.
Assassinat et postérité de César
Tout un ensemble de mesures qu'il ne pu mener à bien puisque le jour des Ides de Mars en 44 av. J.-C. un complot le faucha au fait de la gloire, au moment où il pensait avoir réalisé le but de sa vie ; réunir et pacifier le monde romain autour de lui. Les conjurés pensaient avoir mis un terme aux dérèglements du régime républicain en supprimant le dictateur à vie qui avait, malgré sa volonté d'être un vainqueur clément, cristallisé bien des haines, notamment sur son ambigüité vis à vis de la royauté, régime que les Romains avaient véritablement en horreur.
César a laissé une profonde empreinte dans le monde romain et Octave (son neveu et fils adoptif) et Marc Antoine (son maitre de la cavalerie) poursuivirent son œuvre avant de s'entre déchirer à leur tour. Rome ne serait plus jamais la même après César ; ce que la restauration syllanienne avait accompli de manière précaire vola en éclat devant l'ambition et le talent de Jules César. La République romaine vivait ses derniers instants et la genèse d'un nouvel État était en préparation.
C'est encore César qui parlera le mieux de lui-même. Car l'écriture n'était pas le moindre de ses talents : la Guerre des Gaules et la Guerre civile deviendront des monuments de la littérature latine. Parlant de lui à la troisième personne, Jules César s'y fait l'historien de ses propres campagnes. Signe de l'impact de son oeuvre et de sa légende sur l'histoire de Rome; son nom, César, deviendra le premier des titres officiels des empereurs romains. Il a aussi donné les mots tsar et kaiser, qui ont désigné les souverains russes et les empereurs allemands.
Bibliographie
- Jules César, de Jerome Carcopino et Pierre Grimal. Bartillat, 2013.
- Jules César : Le dictateur démocrate, de Luciano Canfora. Flammarion, 2020.
- La Guerre des Gaules, de Jules César. IP, 2021.