Émile Zola, une vie marquée par la littérature
Né le 2 avril 1840, Émile Zola est issu d'une famille bourgeoise d'Aix-en-Provence, ou il passe son enfance. A l'age de deux ans, il est victime d'une fièvre cérébrale dont il se remettra difficilement. Il en conserve des séquelles, dont des problèmes d'élocution, et ne pourra apprendre à lire et écrire qu'à l'âge de huit ans. C'est à cette même époque que son père meurt brutalement, plongeant sa famille dans une certaine précarité. Cette perte précoce inspirera beaucoup le futur écrivain qui représentera dans ses oeuvres une figure idéalisée du père disparu.
Durant son adolescence, Zola entreprend des études à Paris durant lesquelles il se lie d'amitié avec le peintre Paul Cézanne. Amateur de poésie, Zola aimait parcourir la capitale lors de ses promenades, lui qui appréciait la nature. Après de nombreux aléas familiaux, en 1859, il échoua à l'épreuve du baccalauréat, abandonnant par là même ses études et s'adonnant à une vie de Bohème parfois difficile faute de revenu. Sa vie fut alors rythmée par la littérature et la lecture par l'écriture de contes et de poèmes (Contes à Ninon).
Zola et la saga Rougon-Macquart
Par la suite il se consacre à la série romanesque des Rougon-Macquart, qui se veut l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire. Ce sera une oeuvre colossale de dix-neuf volumes, dont La fortune des Rougon (1871), L’Assomoir (1877), Nana (1880), Au Bonheur des dames (1883), Germinal (1885), La bête humaine (1890)... Chef de file de l’école naturaliste, Zola veut appliquer en littérature avec le roman expérimental la méthode des biologistes : l’analyse du déterminisme social explique le comportements des personnages de ses romans.
Émile Zola peint la société du second Empire dans sa diversité, mettant en évidence sa dureté envers les ouvriers, ses turpitudes (Nana, 1880), mais aussi ses succès (l’avènement des grands magasins dans Au Bonheur des Dames, 1883). Dans une recherche de la vérité qui prend pour modèle les méthodes scientifiques, Émile Zola accumule sur chaque sujet observations directes et documentation. Par son sens aigu du détail « qui sonne juste » et de la métaphore efficace, par le rythme de ses phrases et de ses constructions narratives, il crée un monde fictif puissant, habité par des interrogations angoissées sur le corps humain et le corps social.
Après avoir écumé trente ans durant, les différentes maisons d'éditions de l'époque, et après avoir écrit une somme considérable d'œuvres, il prit la dimension d'un écrivain qui, scandalisé par la situation de l'affaire Dreyfus allait prendre sa défense et donner naissance à la sphère des intellectuels sous une troisième République menacé par la montée du nationalisme et des haines entre communautés. L'intellectuel, aujourd'hui omniprésent et indispensable à la pensée publique.
L'Affaire Dreyfus, le combat d'un intellectuel
L'affaire Dreyfus se déroula de 1894 à 1906, de l'ouverture du procès à la réhabilitation du capitaine Dreyfus. Tout ne devait être qu'une banale affaire d'espionnage. Des renseignements français interceptèrent un document (le fameux « bordereau ») prouvant qu'un officier français a trahi son pays au bénéfice de l'Allemagne. Une enquête est tout de suite ouverte et les soupçons se portèrent immédiatement sur un officier juif, qui effectua un stage à l'état-major, le capitaine Dreyfus. Des experts en graphologie sont alors nommés. Malgré leurs conclusions contradictoires, Alfred Dreyfus est arrêté, à la suite d'un très rapide interrogatoire mené par le commandant du Paty de Clam, chargé de l'enquête.
C'est en 1897, qu'Émile Zola commence à prendre parti pour le capitaine Dreyfus. Il publie dans L'Aurore le 13 janvier 1898 une lettre au président de la république Félix Faure intitulée : J'accuse. Le Ministère de la Guerre lui intenta dès lors un procès du 17 au 23 février et il fut condamné à 3000 francs d'amende et un an de prison. Il s'exilera en Angleterre de 1898 à 1899. Lorsque l'innocence de Dreyfus est enfin démontrée, Zola est gracié et peut rentrer en France.
La mort d'Émile Zola
Il meurt le 29 septembre 1902 à Paris, asphyxié dans des conditions mystérieuses, à cause, semble-t-il, d'une main criminelle qui en aurait bouché la cheminée. Le 5 octobre, Zola fut enterré au cimetière Montmartre, accompagné par une foule immense. Ses cendres furent transportées au Panthéon en 1908, faisant de Zola, un apôtre de la République Française et l'une de ses figures emblématique avec Gambetta et Jules Ferry parmi tant d'autres.
Bibliographie
- Zola, biographie d'Henri Troyat. Flammarion, Collection Grandes Biographies, 2002.
- Zola, une vie, biographie de Frederick Brown. Belfond, 1996.
- Émile Zola - de J'accuse au Panthéon, par Alain Pagès. Editions Lucien Souny, 2008.