Polybe, otage au service de Rome
Né en Arcadie vers 200 (la date la plus partagée est aujourd’hui 203), à Mégalopolis, Polybe est issu d’une grande famille de sa cité. Son père, Lycortas, est à la tête de la confédération achéenne, et Polybe lui-même hipparque au sein de cette dernière. Il participe ainsi à la guerre contre Antiochos III, dans les années 180, avec les alliés grecs des Romains.
Le Grec devient, après sa libération, un proche de ceux qui l’avaient pourtant pris en otage. Il conseille Paul-Emile (chez qui il loge), puis est même mandaté par le Sénat. Ainsi, il effectue des missions en Espagne, en Gaule et dans les Alpes, entre 151 et 150. Puis, en 146, il voyage en Maurétanie et en Lusitanie, avant de revenir en Grèce. Suite au sac de Corinthe et à la dissolution de la confédération achéenne, il est chargé de négocier avec les cités du Péloponnèse. En 140, Polybe est en Orient (Egypte, Syrie) et, de retour en Occident, il assiste au sac de Numance (133).
Sa proximité avec certaines élites romaines l’amène à se rapprocher du jeune Scipion Emilien, dont il devient le mentor. Polybe l’accompagne quand il est tribun militaire, contre la révolte des Celtibères (150). Le jeune Scipion écoute les conseils de l’ancien militaire grec (spécialiste de poliorcétique) et décide de les appliquer contre le grand ennemi de Rome, Carthage. Ainsi, aux côtés de Scipion, Polybe participe au sac de la cité carthaginoise, qui est rasée en 146, marquant la fin des Guerres Puniques.
L’œuvre de Polybe
A sa mort à plus de quatre-vingts ans, âge canonique pour l’époque, Polybe laisse une œuvre considérable, qui nous est parvenue en partie. Car le Grec ne s’est pas contenté d’accomplir des missions diplomatiques pour le Sénat romain, ou de conseiller le vainqueur de Carthage. Grâce à sa position, il a eu accès à des sources précieuses, en particulier la bibliothèque de Persée, pour son travail d’historien.
Polybe écrit tout d’abord des traités militaires, dont Scipion Emilien se sert à Carthage et Numance. Puis, ce sont ses Histoires, qui visent à expliquer la supériorité de Rome, dont il a été témoin, et un temps victime. Selon lui, la puissance romaine repose sur l’armée, mais également sur sa Constitution et sur la Fortune. Polybe veut développer une histoire pragmatique, s’attachant aux faits avec distance, ce qui en fait une source majeure pour l’histoire romaine, en particulier le fonctionnement des institutions et la Guerre Punique, même si le Grec peut être considéré comme « pro-romain ».
Polybe est donc un incontournable des sources antiques, allant même jusqu’à influencer ses illustres successeurs, tels Tite-Live, Diodore, Appien et Plutarque.
A lire
- Polybe, Histoires, Gallimard, 2003.