Tacite, un sénateur
Les origines de Tacite sont assez peu connues, si ce n’est par son œuvre et le témoignage de Pline le Jeune, mais son gentilice est répandu. Publius Cornelius Tacitus naît en gaule vers 58 ap. J-C ; l’empereur est à ce moment Néron. Tacite est issu d’une famille patricienne, les Cornelii, qui a exercé des fonctions importantes à Rome. Son cognomen, en revanche, est plus rare. Les historiens pensent ainsi que Tacite pourrait être le fils d’un procurateur homonyme de Gaule Belgique, même si le futur historien est né en Narbonnaise.
Après avoir passé plusieurs années hors de Rome, et ainsi échappé à la fin agitée du règne de Domitien, il devient consul suffect sous son éphémère successeur, Nerva, en 97. Enfin, il est proconsul en Asie en 112-113 (Trajan est empereur), et meurt quelques années plus tard, au début du règne d’Hadrien.
L’œuvre et la postérité de Tacite
Son parcours personnel amène Tacite à adopter un discours que l’on peut qualifier de « pro-Sénat », qui se retrouve évidemment dans son œuvre. Celle-ci est constituée essentiellement pendant la période de crise de l’Empire, à la fin du règne de Domitien (96). Tacite publie donc une Vie d’Agricola (son beau-père) en 98, la Germanie sans doute la même année, et un Le Dialogue des orateurs Dialogus de oratoribus. Au début du règne de Trajan, l’historien s’interroge sur les dérives monarchiques qui ont marqué les périodes précédentes, et il publie ses Histoires, qui couvrent la période allant de 69 à la fin des Flaviens. Il s’appuie pour ses sources sur Pline l’Ancien, entre autres.
De surcroît, cette histoire fragmentaire est à l’origine de débats contradictoires entre spécialistes de la Rome impériale, d’aucuns prétendant que les Histoires se composaient seulement de douze livres et que deux des volumes (sur les quatorze qui lui sont couramment attribués) appartiennent aux Annales du même auteur — ouvrage historique postérieur mais décrivant la période précédente (le seizième et dernier livre des Annales s’achève par la chute de l’empereur Néron) ; ceux-ci en concluent que les Annales comportent en fait dix-huit volumes et non pas seize.
le succès et la postérité immédiate de Tacite sont à relativiser, malgré les efforts de son ami Pline le Jeune. A part la douteuse Histoire Auguste au IVe siècle, il en est fait très peu mention comme source par ses successeurs historiens.
Tacite est finalement redécouvert à la Renaissance par Juste Lipse (1547-1606), et son pessimisme, ainsi que sa réflexion sur le principat, inspirée par les stoïciens, lui offrent un succès croissant. Il est aujourd’hui, avec Quinte-Curce, Suétone et Tite Live, une source incontournable pour l’histoire romaine, salué également pour sa prose remarquable, célébrée jusqu’à Racine.
A lire
- P. Grimal, Tacite, Fayard, 1990.
- X. Darcos, Tacite, ses vérités sont les nôtres, Plon, 2007.
- Oeuvres complètes de Tacite. Robert Laffont, 2014.