Carrière militaire de Franco
Francisco Franco est né le 4 décembre 1892 dans une famille de marins de ferrol. Formé à l’école militaire de Tolède (1907-1910), il servit de 1912 à 1927 au Maroc et fut chargé en 1920 d'organiser la Légion étrangère espagnole. Sa brillante conduite durant la guerre du Rif, en particulier lors du débarquement dans la baie d’Alhucemas (septembre 1925), lui valut d’être nommé général à trente-trois ans. Commandant de l’école militaire de Saragosse (1927-31), il fut éloigné par le régime républicain et nommé aux Baléares (1933). Rappelé dans la métropole après la victoire électorale des conservateurs, il participa en 1934 à la répression du soulèvement des Asturies.
Dans la guerre civile espagnole
A la suite de la mort accidentelle de Sanjurjo, il fut nommé généralissime par la junte militaire de Burgos (12 septembre), puis chef de l’État (29 sept. 1936). Dans ce poste, tout en dirigeant personnellement les opérations militaires qui aboutirent, en mars 1939, à la défaite des républicains, le «caudillo» posa les bases du nouvel État en instituant un parti unique (avr. 1937) et une organisation étatique du travail.
Soutenu par la droite espagnole, dont les phalanges de Primo de Rivera, il entame une marche victorieuse, semant la terreur jusqu’à Madrid, avec pour cri de guerre le célèbre « Viva la muerte ! ». Il bénéficie du concours militaire de l’Italie fasciste et l’Allemagne hitlérienne, et obtint avant même la fin de la guerre civile la reconnaissance diplomatique de la France et de la Grande-Bretagne, bientôt suivie de celle des États-Unis.
En 1939, cumulant la fonction de chef du gouvernement, il se trouvait le maître incontesté de l’Espagne, qu’il entreprit de reconstruire sur la base non point du fascisme, mais d’un État autoritaire, catholique et corporatiste. En dépit de l’aide qu'il avait reçue des Germano-Italiens et de son adhésion au pacte Antikomintem (mars 1939), Franco proclama sa neutralité au début de la Seconde Guerre mondiale, puis, après la défaite de la France, il passa à la «non-belligérance», occupa Tanger (juin 1940) et revendiqua Gibraltar. Cependant, il résista aux pressions de Hitler lors de l’entrevue d'Hendaye (23 oct. 1940). En 1941, il accepta l’envoi de travailleurs en Allemagne et d’un contingent espagnol, la division Azul, en U.R.S.S., où elle combattit aux côtés des Allemands.
A partir de 1942, dans la perspective d’une victoire alliée, il amorça une lente libéralisation de son régime (institution de Cortes, juillet 1942; remplacement de Serrano Sufter par Jordana aux Affaires étrangères, sept 1942), revint à la neutralité (oct 1943) et retira du front de l’Est la division Azul.
Le régime franquiste
Très isolé cependant après l’effondrement des puissances fascistes, condamné par l’O.N.U. (févr. 1946), il sut mobiliser en sa faveur la fierté nationale espagnole. Le développement de la guerre froide lui permit de Bénéficier du plan Marshall (mars 1948) et fit de lui un auxiliaire précieux pour les Américains (accords économico-militaires de septembre 1953). En 1955, il put faire admettre l’Espagne à L’ONU. Bien que la loi de succession de 1947 ait défini l’Espagne comme un royaume et que le prince Juan Carlos ait été officiellement désigné comme futur roi d’Espagne, le «caudillo» conserva le pouvoir comme une sorte de régence à vie.
L'héritage impossible de Franco
De Franco demeure donc une image ambivalente. Il y a d’abord celle du fin tacticien sur le plan international, qui réussit, tout en maintenant un pouvoir autoritaire et au mépris des règles élémentaires de la démocratie, à réintégrer le concert des nations. Il y a d’autre part l’image d’un homme sans état d’âme, fondant son pouvoir sur la répression politique et le musellement de toute forme de liberté d’expression ; ce qui permet, en dernier lieu, de porter peu de crédit à ceux qui jugent que le Franco des dernières années souhaitait — même s’il l’a sans doute prévue — une transition vers la démocratie après sa mort.
Quarante quatre ans après le décès du général Franco, son corps est exhumé le 24 octobre 2019 à la suite d’une loi votée en 2017, et sa dépouille transférée au cimetière de Mingorrubio. Les débats houleux et la bataille judiciaire qui ont eu lieu à cette occasion ont prouvé que les plaies laissées par Franco et son régime ne sont toujours pas fermées en Espagne.
Bibliographie
- Francisco Franco : Biographies croisées, de Paul Preston et Angel Palomino. Grancher, 2005.
- Franco, biographie de Bartholome Bennassar. Tempus, 2002.
- Histoire de l'Espagne franquiste, de Max Gallo. Laffont, 1975.