La carrière précoce de Pompée
Pompée est né à Rome le 29 septembre 106 av. J.-C., issu d'une grande famille sénatoriale romaine. Encore adolescent, il participa à la guerre sociale et se rangea de bonne heure dans le parti de Sylla. Il prit l’initiative de lever en faveur de ce dernier trois légions (83), avec lesquelles il battit les partisans de Marius, Papirius Carbo en Sicile et Domitius Ahenobarbus en Afrique. A son retour, il obtint le triomphe hors des formes légales et fut salué par Sylla du titre de «grand».
Les succès militaires de Pompée
Dans la crise du régime républicain, Pompée apparut bientôt comme l’homme providentiel : par deux lois, la lex Gabinia (67) et la lex Manilia (66), il reçut des pouvoirs sans précédent, avec le commandement suprême de toutes les forces terrestres et navales, le droit de décider absolument de la paix et de la guerre, de lever tout impôt dans les provinces. Après avoir éliminé en deux mois la piraterie qui ravageait la Méditerranée (67), Pompée porta le coup de grâce à Mithridate, depuis longtemps affaibli par le harcèlement de Luculus; il le battit sur les bords de l’Euphrate (66), entra en Arménie et força Tigrane à la paix, soumit le Pont, la Paphlagonie et la Bithynie, enleva la Syrie à Antiochos XIII (64).
Il fit passer sous la domination romaine tout le littoral de la Phénicie, du Liban et de la Palestine, entra à Jérusalem et remplaça le roi Aristobule par Hyrcan II (63). Puis, apprenant la mort de Mithridate, il reçut à Amise la soumission de son fils Pharnace, auquel il laissa le royaume du Bosphore (62). Il fit ainsi passer la plus grande partie de l’Asie Mineure et de l’Orient méditerranéen sous l’autorité romaine et s’acquit la reconnaissance de l’ordre équestre, dont il favorisa les entreprises financières.
Le premier triumvirat
En janv. 61, après une tournée triomphale à travers les villes grecques, il débarqua à Brindes, en Italie du Sud, à la tête de ses légions. Il lui suffisait d’un geste pour anéantir la République, à peine remise de la conjuration de Catilina. Mais, trop confiant dans sa popularité, il commit l’imprudence de licencier ses troupes, et, malgré la célébration fastueuse de son troisième triomphe «sur le monde entier» (de orbe terrarum), il se vit bientôt relégué à l’écart par le sénat. Il forma alors avec Crassus et César l’association connue sous le nom de premier triumvirat (60) et scella cette union en épousant la fille de César, Julie.
Guerre civile et chute de Pompée le Grand
La mort prématurée de la fille de César et, peu après, la disparition de Crassus, tué à Carrhae (53), laissèrent Pompée seul en face de César. Avec sa suffisance habituelle, il mésestima la force de son adversaire, et, en 50, il fit lancer un sénatus-consulte qui sommait César, alors engagé dans la guerre des Gaules, d’abandonner son armée alors que lui-même gardait ses légions et ses provinces : ce fut le signal de la guerre civile. Dès que César eut franchi le Rubicon (janv. 49), Pompée accumula les erreurs : abandonnant sans combat Rome et l’Italie, il se retira en Grèce avec le sénat, puis, quittant son camp retranché de Dyrrachium, où il avait tenu César en échec, il se laissa entraîner par son adversaire en Thessalie et lui livra bataille à Pharsale (9 août 48), où il fut complètement vaincu, bien que son armée fût deux fois supérieure en nombre aux troupes césariennes.
Avec la disparition du grand Pompée et la défaite de ses derniers partisans à Munda (Espagne) en -45 s'évanouissent les derniers espoirs des republicains romains.
Bibliographie
- Pompée, l'anti César, biographie d'Eric Teyssier. Perrin, 2013.
- Histoire romaine. Livres 40 & 41: César et Pompée, de Dion Cassius. Les Belles Lettres, 1996.
- Histoire de la Rome antique: Les armes et les mots, de Lucien Jerphagnon. Pluriel, 2010.