Ramsès II, le célèbre pharaon bâtisseur

Biographies | Hommes d'états et dirigeants

Par le

Ramsès II, qui a vécu au XIIIe siècle avant J.-C., est le plus célèbre des pharaons de l’Égypte antique : sa notoriété tient à son exceptionnelle longévité, 92 ans, et à la longueur de son règne, 66 ans. Fils du pharaon Séthi Ier, il appartient à la XIXe dynastie qui a régné sur l’Égypte durant la période du Nouvel Empire. Afin de conserver les possessions égyptiennes en Asie Mineure, il poursuit le long combat entamé par son père contre le puissant peuple des Hittites. Une fois la paix signée, il se consacre à la construction de monuments le long de la vallée du Nil : on lui doit la plus belle salle du temple de Karnak et les temples d’Abou-Simbel. 

Ramsès II, le pharaon de tous les records

Ramsès II est né vers -1304 avant notre ère et son nom évoque Rê, le puissant dieu solaire de la mythologie égyptienne. Fils du pharaon Séthi Ier, il a vingt-cinq ans lorsqu’il monte sur le trône. Le jeune pharaon est déjà marié à la belle Nefertari, qui devient sa Grande Épouse, et il a été longuement initié au pouvoir par son père qui l’avait associé à ses activités. Son règne est totalement hors-norme. Pour commencer, par sa longueur : 66 ans ! Et si on ajoute les sept à huit années où il a été associé au trône par son père et où il prenait déjà des décisions personnelles, on peut dire que Ramsès II a été au pouvoir pendant 74 ans. Il s’agit d’un des plus longs règnes de toute l’Histoire mondiale toutes époques confondues ! Il est mort à l’âge de 92 ans, ce qui est absolument exceptionnel alors que l’espérance de vie de ses contemporains ne dépassait pas 30 ans.

Ces simples données brutes suffisent pour avancer que la XIXe dynastie, qui couvre une période d’une longueur un peu supérieure à un siècle, est totalement cannibalisée par le règne et la personnalité de Ramsès II, que l’on compare parfois à Louis XIV. Face à une longévité aussi inexplicable, les Égyptiens devaient se dire que leur pharaon était probablement immortel. Une idée qui a certainement traversé l’esprit du principal intéressé puisqu’il se fera diviniser de son vivant, pensant peut-être que la mort l’avait oublié…

Un roi guerrier

Très rapidement, le roi est confronté aux nécessités de la guerre. Ramsès II cherche d’abord à consolider les frontières historiques de l’Égypte. La première de ses expéditions militaires a sans doute eu lieu sur la frontière sud, en Nubie, mais dès la deuxième année de règne, il porte ses efforts sur le Delta en refoulant les pirates chardannes qui tentent de prendre pied sur la côte, les Libyens qui ne cessent de s’infiltrer à l’ouest au point de constituer des communautés solidement implantées, et les Shasous qui pénètrent du côté est par le Sinaï.

Mais c’est surtout l’Asie qui va le maintenir occupé pendant les dix premières années de son règne. Les Hittites constituent la plus grande menace pour l’empire égyptien et pour arrêter leur progression, Ramsès II prend la tête d’une armée de 20.000 hommes, répartie en quatre divisions, et s’enfonce en Amourrou.

La bataille de Qadesh

Le choc décisif à lieu à Qadesh. Célébrée comme une grande victoire sur les reliefs des temples égyptiens, cette bataille, qui constitue le plus haut fait militaire du pharaon, fut en réalité une défaite qui aurait même pu tourner au désastre. À l’issue d’un combat indécis et acharné, les Hittites ont proposé une trêve que Ramsès s’est empressé d’accepter pour sauver son armée et se retirer.

La propagande officielle transformera l’histoire en une brillante victoire toute à la gloire du pharaon, car il aurait été impensable qu’il en soit autrement, mais ce qui prouve que l’affaire était loin d’être réglée et que la paix avec les Hittites sera longue à venir.

Celle-ci se conclut grâce à l’accession au trône d’Hattousil III, un roi hittite plus pacifique que ses prédécesseurs et surtout, plus conscient de la menace que le roi assyrien Salmanazar Ier fait peser sur le Hatti. En l’an 21 du règne de Ramsès II, un traité de paix est enfin signé, attesté par les archives hittites retrouvées à Hattusa, capitale du Hatti, ainsi que sur les murs de Karnak et du Ramesseum. Sur un plan territorial, c’est finalement un statu quo : les Hittites conservent l’Amourrou et les Égyptiens la Palestine. Malgré les tensions qui perdurent entre les deux puissances, ce traité est conforté par des mariages et il sera respecté jusqu’à la disparition du Hatti.

Ramsès II, un pharaon bâtisseur

Très empreint du sens de sa propre grandeur, Ramsès II est un grand pharaon bâtisseur. Dès le début de son règne, il fait agrandir le temple de Louxor, termine la salle hypostyle de Karnak et le temple de Séthi Ier à Gourna, et il ordonne le début des travaux de son gigantesque temple funéraire, le Ramesseum. À Abydos, il fait achever le temple de son père et commande un autre temple à son nom.

Son programme de construction est particulièrement intense en Nubie, entre la première et la deuxième cataracte, avec notamment l’extraordinaire site d’Abou Simbel avec ses deux temples rupestres creusés dans la falaise et dont le plus petit est dédié à Néfertari. Ramsès II innove beaucoup par rapport à la période précédente. Il généralise l’emploi de formes géométriques rigides, des obélisques aux statues monumentales, des colonnes à fût unique aux statues adossées, tout en donnant toute sa mesure à la statue en creux.

On lui a beaucoup reproché de s’approprier les monuments de ses prédécesseurs et il serait intéressant de faire un inventaire exhaustif de ce qui a été réellement réalisé par Ramsès II ou seulement achevé, décoré, agrandi par lui, ou tout simplement usurpé.

Une nouvelle capitale : Pi-Ramsès

Une autre grande construction à mettre à son actif est la ville de Pi-Ramsès. Avec un empire s’étendant jusqu’au nord de la Syrie, Ramsès décide de construire une nouvelle capitale plus proche de la frontière asiatique. Son choix se porte sur le site de l’ancienne Avaris des Hyksôs, située dans le Delta oriental. Pi-Ramsès demeurera la capitale jusqu’à la fin de la XXe dynastie, où ses successeurs y ajouteront de nouvelles constructions. Si la guerre a marqué le début de son règne, celui-ci a été en fait plutôt pacifique par la suite.

Bien géré, le pays est prospère et sous Ramsès II, les Égyptiens coulent des jours paisibles et heureux. Ramsès II a une interprétation assez personnelle de la religion, qui conduit à une adoration outrancière de sa personne. Il impose son propre panthéon, il se fait diviniser de son vivant, il prétend être le plus proche de tous les dieux, il se fait appeler « l’aîné d’Amon », mais en raison de son bon gouvernement, ses contemporains n’y trouvent rien à redire.

Dans le domaine privé, le pharaon est un amateur de femmes et ses harems, répartis dans toute l’Égypte, comptent de nombreuses épouses et la bagatelle de deux cents concubines, qui lui ont donné plus d’une centaine d’enfants. Disparue bien avant lui, son épouse préférée, Nefertari, égalait en beauté la célèbre Néfertiti. Elle sera dotée d'une magnifique tombe dans la vallée des reines et d'un temple grandiose à Abou Simbel.

La postérité de Ramsès II

Endeuillé par la disparition successive de ses héritiers, la faute à sa longévité exceptionnelle, quand Ramsès II se décide enfin à vivre éternellement dans l’au-delà, il a 92 ans. Merenptah, treizième et dernier fils encore en vie de Ramsès II et troisième fils de la Grande Épouse Royale Isis-Néféret, succède au grand pharaon et hérite d’un pays en paix, prospère, au sommet de sa puissance, couvert de temples à la gloire des dieux et de lui-même, Ramsès II ayant fait graver ses cartouches un peu partout.

Ce règne très long, trop long, couvrant trois générations, a entraîné un certain immobilisme et le début d’un déclin, mais de tous les pharaons qui se sont succédé au cours de la très longue et fabuleuse histoire de l’Égypte ancienne, Ramsès II reste le plus célèbre et le plus prestigieux et sa renommée a traversé les siècles. Une renommée toutefois quelque peu obscurcie par la découverte de la tombe de l'obscur Toutankhamon en 1922...

La sépulture originelle de Ramsès II se trouve dans la vallée des Rois, mais la momie du pharaon a été déplacée dès l'antiquité dans la « cachette » du temple de Deir el-Bahari. Très endommagée, elle est envoyée en France en 1975 pour y être examinée et traitée, et est accueillie avec les honneurs réservés aux chefs d'Etats. Plus récemment, des chercheurs ont pu reconstituer le visage du plus illustre des pharaons égyptiens.

Bibliographie

Ramsès II, de Catherine Chadefaud. Ellipses, 2016.

Ramsès II, la véritable histoire, de Christiane Desroches Noblecourt. Livre de poche, 1998.

 

Poursuivez votre lecture avec nos autres articles sur le même thème