Des Ming aux empereurs mandchous
Au XIVe siècle, les empereurs Ming inaugurèrent une période de paix et de stabilité gouvernementale. La sphère d’influence chinoise atteignit alors une ampleur sans précédent, englobant le Vietnam et la Birmanie au sud, la Mongolie et la Corée au nord. Toutefois cet empire demeurait replié sur lui-même. Au début du XVe siècle, à la tête d’une armada de jonques, l’amiral Zhang He longea l’Asie du sud est puis accosta en Afrique orientale. Mais sa mort en 1433 mit un terme à l’expansion maritime de la Chine. En 1557, les portugais fondèrent un comptoir commercial à Macao, tandis que les hollandais s’établissaient à Taïwan en 1622. Cependant les relations entre les Ming et les marchands européens demeurèrent très distantes.
Une fois leur pouvoir fermement établi en Chine, les Qing partirent à la conquête de la Mongolie, du Turkestan et du Tibet. Grâce à cette politique expansionniste, l’empire atteignit alors le plus vaste développement territorial de son histoire. Le Népal, le Bhoutan, le Laos, la Birmanie et l’Annam étaient des vassaux de la Chine, soumis au paiement de tribus réguliers. Au nord, l’expansion chinoise fut stoppée par la progression de la Russie en Asie centrale et de l’est, mais obtint des droits sur la région de l’Amour, en échange d’un traité commercial.
Stabilité et explosion démographique dans l'Empire chinois
Si ils dynamisèrent les affaires politiques et militaires de la Chine, les mandchous renoncèrent à réformer un pesant système bureaucratique en place depuis un millénaire. Les révoltes paysannes de la fin de l’ère Ming avaient pratiquement mis un terme au servage, mais des millions de métayers parvenaient tout juste à survivre. N’ayant pas les moyens de suivre les études permettant d’accéder à la bureaucratie impériale, ils devaient assumer la plus grande partie la charge fiscale.
Entre 1650 et 1800, la population de l’empire du milieu passa de 100 à 300 millions d’habitants. Le surpeuplement des terres agricoles centrales, dans le bassin du Yangzi Jiang et au sud-est, contraignit de nombreux paysans à émigrer en direction des provinces occidentales, moins peuplées. C’est pour la Chine le début d’un dérapage démographique incontrôlé, l’empire du milieu ne connaissant pas la révolution démographique de l’Europe.
Des contacts difficiles avec l’extérieur
Si les Qing poursuivaient leur politique expansionniste en Asie, ils se montrèrent tout aussi réticents que leurs prédécesseurs Ming à traiter d’égal à égal avec les commerçants européens. Cependant, le commerce des fourrures avec la Russie battait son plein. L’Europe du XVIIe siècle se prit de passion pour tout ce qui venait de Chine, notamment la porcelaine, le coton, la soie et le thé. Les marchands européens n’ayant aucun produit à proposer en échange, ils payaient les objets exportés avec l’argent prélevé dans le nouveau monde, ce qui revenait fort cher. Canton dans le sud fut déclaré seul port accessible aux commerçants européens.
Le règne de l'empereur Qianlong
L’empereur Qianlong, qui régna de 1735 à 1796, connut le plus long règne de l’histoire chinoise. Erudit et protecteur des arts, il considérait son immense empire comme le seul pays civilisé du monde. Il reçut avec dédain une délégation de commerçants britanniques dirigée par lord Mccartney. Arguant que ceux-ci avaient refusé de se prosterner devant le souverain, conformément à la tradition, Il mit fin aux relations commerciales avec les anglais. Toutefois, la mission britannique avait pu observer les méthodes chinoises de fabrication du thé et de la soie. Elles furent transmises à la compagnie britannique des indes orientales, qui organisa rapidement des circuits de production parallèle.
À la fin du règne de Qianlong, la Chine accuse déjà des signes manifestes de déclin. L’administration était rongée par la corruption, tandis que des augmentations d’impôts soulèvent de nouvelles vagues de révoltes paysannes. Nul ne pouvait plus ignorer la supériorité des technologies européennes, mais les Qinq demeuraient trop conservateurs pour envisager une quelconque modernisation.
L’inexorable agonie de l'Empire chinois
Sur le plan intérieur, la situation n'est guère plus brillante. Les conditions de vie misérables de la grande majorité de la population engendrent de fréquents soulèvements. Ainsi la révolte des Taiping (1850-1864) menace la survie des Qing ; la répression fait un nombre effroyable de victimes. La dissidence se manifeste en particulier par un rejet violent des étrangers.
En 1900-1901, les rebelles Boxers (ainsi nommés parce que membres de la société secrète de la “ligue des Poings de justice et de concorde”) attaquent les ambassades étrangères et les légations commerciales, assassinent les chrétiens chinois. L'Occident envoie des troupes pour mater la révolte ; plusieurs chefs sont décapités sur la place publique. La Chine doit ensuite s’acquitter d’énormes compensations financières.
À la fin du XIXe siècle la Chine était au bord du gouffre, sombrant dans l’anarchie. L’occident en profita pour lui imposer des traités commerciaux ainsi que d’humiliantes concessions portuaires, accélérant la décomposition de l’empire du milieu. En 1912 le dernier empereur mandchou, Pu Yi, est déposé par des révolutionnaires qui proclament la république.
Bibliographie
- Histoire de la Chine ancienne et impériale, de Damien Chaussende. Que-sais-je, 2022..
- Chine impériale: Splendeurs de la dynastie Qing (1644-1944). 5 continents, 2014.