Les origines de la ligue spartakiste
Cependant, dès avril 1915, les membres du groupe organisent la lutte antimilitariste, en préconisant une action commune des ouvriers des pays en guerre pour mettre fin au combat et renverser le système capitaliste (publication par Liebknecht de Die Internationale immédiatement interdite). Le Groupe de l’Internationale prend en septembre 1916 le nom de « ligue Spartakus » lorsque Liebknecht signe plusieurs articles pacifistes sous le nom de Spartacus, le chef de la célèbre révolte des esclaves dans la Rome antique. Ils organisent plusieurs manifestations pacifistes à Berlin et, en juillet 1916, Rosa Luxemburg retourne en prison jusqu’au 9 novembre 1918, jour de l’abdication de Guillaume II et de la proclamation de la république ; elle continue à y écrire, participant aux Lettres politiques, publiées sous le titre de Spartakus.
L'appel à l'insurection
Exclus du Parti social-démocrate allemand, les spartakistes, dont l'influence commence à s'étendre auprès des ouvriers des grandes villes d'Allemagne, fondent en avril 1917 avec d'autres exclus du SPD, le Parti social-démocrate indépendant (USPD). Dès le début de l'année 1918, les spartakistes appellent les soldats et les ouvriers à la révolte. Ils seront entendus dans les premiers jours de novembre, quand dans la plupart des grandes villes, se forment des comités insurrectionnels qui réclament l'instauration de la république et la fin de la guerre, tandis qu'un certain nombre d'entre eux se montrent ouvertement révolutionnaires.
Répression et excécution de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht
Ce que l'on a appelé la révolte spartakiste de Berlin, à l'origine un mouvement de grève, aura quelque peu échappé au KPD (dont les Spartakistes n'étaient qu'une des constituante), d'ailleurs divisés sur la conduite à adopter face au gouvernement du chancelier SPD Ebert. Si Karl Liebknecht, défend un renversement par la force du gouvernement, Rosa Luxembourg prône elle une politique plus prudente. Quoi qu'il en soit devant la possibilité de mutinerie au sein des troupes présentes dans la région de Berlin, Ebert se résout à réprimer violemment le mouvement. Pour ce faire il fait appel aux Freikorps (Corps Francs), mouvements paramilitaires dont le cœur penche à droite, et qui brûlent d'écraser le mouvement communiste.
Postérité de la révolution spartakiste
Le spartakisme a été l’un des nombreux mouvements qui ont tenté, au lendemain de l’armistice du 11 novembre de propager la révolution bolchevique dans toute l’Europe : des grandes grèves en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en France, la révolution en Hongrie, semblaient alors pouvoir mettre à bas le système capitaliste. Leur audience en fait très limitée, leurs hésitations stratégiques (Lénine ne voyait pas d’un bon œil l’exaltation spartakiste de la spontanéité des masses), la solidité réelle des États sortis de la guerre expliquent leur échec dont la conclusion dramatique a contribué à transformer les spartakistes en héros et en martyrs du mouvement révolutionnaire.
Bibliographie
- Les Spartakistes: 1918 : l'Allemagne en révolution, de Gilbert Badia. Aden, 2008.
- Révolutionnaires ! De Spartacus à Rosa Luxembourg, ils voulurent changer le monde, de Renaud Alberny. Jourdan, 2018.