Origines de la langue grecque
La langue grecque était parlée dès la préhistoire. Les peuples préhistoriques qui émigrèrent d'Asie centrale et du nord vers les terres plus fertiles du sud s'installèrent en divers points de la Grèce, et chacune de ces colonies a donné naissance à un dialecte distinct, dont les quatre principaux étaient l'arcado-chypriote, le dorien, l'éolien et l'ionien. L'attique, forme standard du grec classique, est un dérivé à du dialecte ionien. Cette langue, qui se répandit à Athènes et dans toute la région avoisinante, l'Attique, différait essentiellement des autres formes de l'ionien par la contraction des voyelles qui s'y était opérée.
Les conquêtes d'Alexandre le Grand et l'extension du pouvoir macédonien au IVe siècle av. J.-C., provoquèrent un déplacement de population depuis la Grèce elle-même vers les colonies grecques d'Asie Mineure. C'est à cette époque que le dialecte attique dit « hellénistique », pratiqué aussi bien par les classes instruites que par les marchands et par nombre d'immigrants, devint la langue commune à toute l'Asie Mineure. Au gré des mélanges de populations, des changements linguistiques s'opérèrent et l'attique donna naissance à une nouvelle forme de grec, la koinè, qui se répandit dans toutes les régions sous influence grecque. La koinè devint la langue de la cour, de la littérature et du commerce dans tout l'empire hellénistique.
Alphabet grec ancien et épigraphie
Dans l'Antiquité grecque, il existait des archives qui avaient pour support des papyrus. Ces archives servaient à l'administration, aux politiques, et parfois même aux historiens de l'époque. Malheureusement, ces archives n'existent plus aujourd'hui. Elles ont été détruites. De nos jours, nous pouvons étudier les inscriptions de l'époque qui sont encore visibles aujourd'hui, des fois par fragments. Sur de la pierre, du marbre, ou autres matériaux, les grecs écrivaient dans un style bien précis.
Ces inscriptions parfois très bien conservées nous sont parvenues et c'est le rôle de l'épigraphie que de les étudier. Ainsi peut-on définir l'épigraphie comme la science annexe de l'histoire qui étudie les inscriptions gravées. Nous allons esquisser quelques aspects de cette science dont les spécialistes sont les épigraphistes.
Les débuts du grec et des lettres grecques
Il faut avant tout savoir que la prononciation actuelle du grec ancien est dite prononciation érasmienne et fût inventée à la Renaissance. Elle a pour but de retrouver la prononciation antique de l'époque de Périclès. Le grec moderne d'aujourd'hui a une prononciation bien différente, ce qui prête parfois à confusion.
L'alphabet grec naît sans doute dans le VIIIe siècle avant notre ère. L'alphabet grec est imité de l'alphabet phénicien, une langue sémitique. On trouve de nombreuses similarités en comparant les deux alphabets et il ne fait aucun doute que l'apport supplémentaire des grecs dans l'alphabet phénicien a été d'introduire les voyelles. La langue phénicienne ne comptait pas de voyelle, comme la plupart des langues sémitiques d'ailleurs.
La plus ancienne inscription grecque trouvée est la coupe de Nestor, datée d'environ 750 avant notre ère et localisée sur l'île de Pithécusse (baie de Naples). Selon la majeure partie des spécialistes, l'alphabet grec aurait été inventé vers -800 suite aux contacts entre grecs et phéniciens. Les zones de contacts entre les deux peuples étaient multiples et la plus probable est celle du comptoire d'Al-Mina au nord du Liban. Viennent ensuite Chypre et l'île de Crête, sans oublier Rhodes et la baie de Naples.
A l'origine, l'alphabet grec avait une fonction essentiellement littéraire : il s'agissait de faire passer la poésie orale à un stade écrit. C'est la thèse la plus répandue chez les historiens d'aujourd'hui. Est également invoquée une raison commerciale : dans une période de développement des échanges, il y aurait peut-être eu une raison économique pour les marchands grecs. Enfin, troisième possibilité, c'est celle du besoin d'un outil pour exercer l'administration dans les cités. Vers -800, naissent les cités. Ces trois raisons ont pu se compléter.
Evolution et prononciation de l'alphabet grec
Aujourd'hui, quand nous lisons du grec ancien, nous avons des majuscules et des minuscules. Nous venons de voir que les minuscules sont une invention de la Renaissance. Dans le cas de l'épigraphie, nous ne nous soucieront que des majuscules, notées à gauche de ce document. A droite, le nom de la lettre ainsi que sa prononciation érasmienne. En étudiant des inscriptions anciennes, on peut trouver des lettres supplémentaires et des lettres différentes à cet alphabet.
Jusqu'en 403 avant notre ère, le hèta « H » sert à marquer l'aspiration et ne se prononce pas comme un -è, prononciation qu'il prendra par la suite. Quelques centaines d'années plus tard, la lettre hèta deviendra l'article féminin, typique de la première déclinaison.
Le monde des inscriptions de l'Antiquité est très diversifié. Les alphabets changent d'une époque à une autre, suite à des réformes visant à standardiser l'utilisation de l'écriture. C'est ainsi qu'à partir de 440 avant J.-C., la forme du sigma change. Ces réformes, compliquant en apparence le travail de l'épigraphie, se révèlent être au final une source de datation plus qu'intéressante pour les historiens qui peuvent situer le texte dans une époque.
Pour aller plus loin
- La maîtrise du grec ancien par la pratique, de Renaud Viard. Armand Colin, 2019.
- Cours de grec ancien: À l'usage des grands commençants, d'Anne Lebeau et Jean Métayer. Armand Colin, 2016.
- Alphabêta : L'alphabet grec par ses légendes, de Renée Grimaud. Seuil, 1995.
- La page des lettres de l'académie de Versailles.