La course à l'espace dans les années 50 et début 60
Les USA viennent de réussir l'un des plus grands exploits de l'humanité et concrétisent enfin leur supériorité technologique sur l'URSS dans le domaine spatial, durement acquise au prix d'un engagement financier "astronomique" (150 milliards de dollars actuels) et d'une mobilisation humaine "pharaonique" (près de 400 000 personnes impliquées directement ou indirectement dans le programme). Retour, 50 ans après, sur un évènement qui a marqué durablement toute une génération.
Dans les années 50 et jusqu'au milieu des années 60, cette course à l'espace est dominée sans conteste par les Russes, qui assènent aux américains humiliation sur humiliation: le lancement du premier satellite (Spoutnik, le 4 octobre 1957), le premier homme à effectuer un vol dans l'espace et en orbite autour de la terre (Youri Gagarine, le 12 avril 1961), la première sortie extra-véhiculaire dans l'espace (Alexei Leonov, le 18 mars 1965), la première sonde à se poser en douceur sur la Lune (Luna 9, le 3 février 1966). Malgré ses efforts, la NASA menée par Wernher Von Braun ne parvient qu'à suivre péniblement l'ombre de l'autre génie de astronautique du moment, Sergueï Korolev. Ce dernier, s'il ne peut pas compter sur l'élite des savants Allemands du programme de fusées Nazies V1 et V2 (qui ont rejoint Von Braun) mais seulement d'un contingent de second choix, parvient malgré tout à asseoir sa domination grâce à sa force de caractère, son génie visionnaire, et ses grands talents d'organisateur.
Kennedy et le pari de déposer le premier homme sur la lune
Au début des années 60, le camouflet du débarquement avorté de la baie des cochons écorne significativement l'image des états-unis au yeux du monde. Dans le même temps, le lancement du premier homme dans l'espace par les Soviétiques assène un nouveau coup dur au programme spatial américain qui ne bénéfice alors pas des moyens suffisants et du savoir-faire pour renverser la tendance. Cette situation convainc le président John F. Kennedy de la nécessité de disposer d'un programme spatial de grande envergure qui doit lui permettre de récupérer le prestige international perdu.
Le programme Apollo : un défi technologique, organisationnel et financier
Le défi d'aller jusqu'à le lune et d'en revenir vivant est vertigineux. En premier lieu, le délai annoncé par Kennedy parait totalement insurmontable à la plupart des spécialistes. Au delà des moyens financiers colossaux qu'il faut engager, ce nouvel objectif nécessite la mise au point de nouvelles technologies, de savoir-faires et d'infrastructures qui sont pour la plupart totalement inexistants à l'époque. Le choix de la méthode a à peine été étudié jusqu'ici: il faut choisir entre l'envoi direct d'un vaisseau unique et complet sur la Lune (qui nécessite une fusée Nova aux dimensions et puissance titanesque), l'organisation d'un rendez vous orbital autour de la terre pour assembler le dit vaisseau (ce qui limite les risques et les coûts), ou bien le rendez-vous en orbite lunaire (qui nécessite des manœuvres complexes telles que les rendez-vous entre vaisseaux spatiaux). C'est finalement ce dernier scénario qui est retenu car c'est le seul à pouvoir être mis en oeuvre "avant la fin de la décennie".
Les infrastructures nécessaires au programme sont également toutes à construire de zéro: centres spatiaux, hangars de construction des fusées, routes extra larges...et il faut également inventer de nouvelles combinaisons spatiales, de nouveaux matériaux, et accessoirement l'ordinateur à circuits intégrés avec noyau temps réel...
Malgré ces difficultés technologiques, logistiques et organisationnelles innombrables, les américains finissent par se hisser à la hauteur de l'immense défi, avec un haut niveau de fiabilité technique sur ses lanceurs et capsules, et des équipes au sol et en vol surentraînées, fin prêtes pour le grand bond.
Le retard des américains sur les soviétiques est ainsi totalement comblé à l'aube de la conquête effective de la Lune. S'ils profitent de circonstances favorables avec la mort de Korolev, début 1966, ils tirent surtout les bénéfices des investissements humains et financiers totalement hors norme engagés dans les programmes Gemini et Apollo. Les soviétiques ne sont plus en position de suivre la cadence, incapables de mobiliser leurs ressources sur un projet unique, et ils ne parviennent pas à mettre au point le système de propulsion nécessaires à un projet lunaire habité. Ainsi, tous les essais de la fusée N-1 (équivalent de la fusée Saturn V mais en plus puissant) réalisés à partir de février 1969 sont un échec, ce qui scelle définitivement le sort des soviétiques dans la course à la Lune malgré l'engagement très avancée dans un programme similaire à celui des américains.
Derniers préparatifs avec Apollo 8, 9, et 10
Tandis quel les soviétiques se sont mis d'eux même hors course pour une mission habitée sur la Lune, faute de disposer d'un lanceur opérationnel, et se rabattent sur des explorations robotisées (qui a terme donneront de bons résultats), les missions Apollo ne se se déroulent pas pour autant sans accroc. En témoigne l'incendie tragique qui entraîne la mort de l'équipage d'Apollo 1 lors d'un essai au sol et en conditions réelles de la nouvelle capsule le 27 janvier 1967; mais les américains rehaussent en un temps record leurs exigences de qualité et de fiabilité et parviennent rapidement à tester leurs vaisseaux en orbite terrestre puis à maîtriser les différents manœuvres nécessaires à la mission, comme les retournements et les rendez-vous.
Et c'est ainsi que les photos de reconnaissance du sol lunaire prises à partir de cette mission avec une précision inédite, puis les tests du Module Lunaire, enfin prêt, en conditions réelles - d'abord autour de la terre (Apollo 9) puis autour de la Lune (Apollo 10), valident les conditions requises pour le lancement de la dernière étape : alunir et fouler le sol de la Lune.
Neil Armstrong : le premier homme sur la lune
Et c'est ainsi qu'après ces deux dernières missions de "répétition générale" (procédures de secours incluses, ce qui aura son importance pour Apollo 13), l'équipe d'Apollo 11 décolle du Centre Spatial Kennedy (qui deviendra ensuire Cap Canaveral) le 16 juillet 1969. Il est constituée de Neil Armstrong, Edwin « Buzz » Aldrin et Michael Collins.
C'est donc un équipe très expérimenté et parfaitement entraînée qui quitte l’orbite terrestre en direction de la Lune, pour trois jours de voyage, qui se déroulent sans encombre. C'est la troisième fois qu'un équipage humain se place en orbite autour de la Lune, et la manœuvre est parfaitement exécutée. Après avoir stabilisé son orbite au cours de treize révolutions, le vaisseau Apollo se scinde en deux : Michael Collins reste seul dans le module de Commande "Columbia" (nom donné en hommage a Christophe Colomb ainsi qu'au roman De la Terre à la Lune de Jules Verne) , et Armstrong et Aldrin s'installent dans le module Lunaire "Eagle"pour l'opération de descente.
Et c'est à cet instant critique que les qualités hors norme de Neil Armstrong, pilote d'essai issu de la Navy, et doté d'un sang froid et d'une assurance inébranlables, font toutes la différence. Il survole avec calme, et pendant de très longues secondes, un immense cratère de la mère de tranquillité, pour venir se poser sur son bord, à 20 secondes seulement de la panne sèche de carburant. Du côté de la NASA, tout le monde a retenu son souffle, et les mots des deux aventuriers de l'espace sont un énorme soulagement: « Houston, ici la base de la Tranquillité. L'Aigle a aluni… ».
Le succès de la mission Apollo 11
Aldrin et Armstrong doivent encore effectuer une série de contrôles et préparatifs pour permettre un redécollage en urgence si nécessaire, puis enfiler leurs combinaisons et enfin dépressuriser le LEM. Le programme conconté par le contrôle de la mission prévoit de "marcher sur la lune", bien entendu, mais également de ramener des échantillons de roche, et de déployer une station scientifique. Et c'est ainsi que ce 21 juillet 1969 à 2h56 temps universel, Neil Armstrong déclare devant une caméra dont les images sont retransmises dans le monde entier : « C'est un petit pas pour un homme, mais un bond de géant pour l’humanité ».
Ils collectent ensuite des échantillons de régolithe (la roche lunaire) et de poussière lunaire, déposent le drapeau américain (qui ne résistera pas au décollage de l'étage supérieur du LEM, car planté trop près) et installent des instruments, dont un réflecteur laser qui permettra de mesurer avec précision la distance terre-lune. Armstrong aurait également profité de l'occasion pour déposer au fond d'un petit cratère un bracelet en mémoire de sa fille Karen, disparue à seulement deux ans et demi à la suite d'une tumeur au cerveau, mais il ne l'a jamais confirmé.
Quelques heures après être revenus dans le module lunaire, et après un temps de repos, les deux astronautes redécollent avec succès et rejoignent Michael Collins, resté en orbite, qui de son côté a pu mener de nombreuses observations qui serviront pour identifier les sites d'alunissage des missions Apollo suivantes. Le retour sur terre se déroule sans encombre, et après 21 jours de quarantaine, les trois astronautes sont célébrés en héros aux états-unis puis dans 23 pays au cours d'une tournée mondiale inédite.
L'exploration de la surface de la lune se poursuivra encore pendant 5 missions (Apollo 13 tournant court), au cours desquelles les américains ne cesseront de perfectionner leurs procédures, équipements et capacité d'exploration grâce en particulier au rover lunaire. Les trois dernières missions du programme initial ("18", "19" et "20") seront par contre annulées pour des raisons budgétaires; après avoir étudié de nombreux prolongements à l'aventure Apollo, comme l'établissement d'une base permanente sur la lune, ou le voyage habité vers Mars, c'est finalement le projet de Navette Spatiale réutilisable qui sera retenu.
50 après, Neil Armstrong demeure le symbole d'un des plus grands exploits de l'histoire et restera à jamais comme le premier homme à avoir marché sur la lune. Il s'est éteint le 25 aoüt 2012...
Bibliographie et liens utiles
- Ils ont marché sur la Lune : Le récit inédit des explorations Apollo, de Philippe Henarejos
- La Conquête spatiale pour les nuls, de Michel Polacco
- De la terre à la lune, série documentaire Apollo, Tom hanks
- First man - Le premier homme sur la Lune, Livre de James r. Hansen
- First Man - Le Premier Homme sur la Lune, DVD / Bluray de Damien Chazelle.