Découverte des manuscrits de la mer Morte
Ces 900 manuscrits hébreux et araméens ont été découverts entre 1947 et 1956 dans onze grottes situées à l'extrémité nord-ouest de la mer Morte, dans la région aride de Qumran en Jordanie. Les sept premiers rouleaux découverts par des Bédouins en 1947 ont été achetés par l'université hébraïque de Jérusalem, et par le monastère syrien Saint-Marc de Jérusalem. Les manuscrits détenus par le monastère syrien ont par la suite été rachetés par le gouvernement israélien.
Ont été également retrouvés le texte en langue originale de plusieurs livres classés parmi les apocryphes et les pseudépigraphes ; ces textes, dont aucun n’est inclus dans le canon hébraïque de la Bible, sont Tobie, Sirac, les Jubilés, des passages d'Hénoch et le Testament de Lévi, jusque-là connus dans d’anciennes versions grecques, syriaques, latines et éthiopiennes.
Les découvertes ultérieures
Après cette découverte fondamentale, les grottes environnantes ont à leur tour été explorées sous les auspices du département des antiquités de Jordanie, de l'École biblique et archéologique dominicaine de Jérusalem et du musée archéologique de Palestine (rebaptisé depuis musée Rockefeller). Ces explorations, ainsi que d'autres acquisitions auprès des Bédouins, ont permis de retrouver des dizaines de milliers de fragments supplémentaires et une liste de trésors enterrés, poinçonnée en caractères hébreux sur des bandes de cuivre.
Ce vaste ensemble, appelé « manuscrits de la mer Morte », semble avoir appartenu à la bibliothèque de la secte juive de ce qui est aujourd'hui Kirbet Qumran, près du lieu de découverte. Les données paléographiques montrent que la plupart des documents ont été écrits entre 250 av. J.-C. et 68 apr. J.-C. Les données archéologiques confirment la dernière date, les fouilles effectuées indiquant que le site a été mis à sac en 68 apr. J.-C. Une armée dirigée par le général romain Vespasien pourrait avoir dévalisé la communauté, lors d'une expédition destinée à réprimer une révolte juive commencée en 66 apr. J.-C. Les documents ont sans doute été cachés entre 66 et 68 apr. J.-C.
L’apport historique
Ces fragments de parchemin comportent des allusions à des personnes et à des événements correspondant à la période hellénistique et aux débuts de la période romaine de l'histoire juive. Un commentaire du livre biblique de Nahum, par exemple, mentionne un certain Démétrios et semble faire allusion à un incident consigné par Flavius Josèphe qui a eu lieu en 88 av. J.-C. Il évoque Démétrios III, roi de Syrie, et Alexandre Jannée Maccabée, le roi asmonéen. De même, des allusions répétées à un « maître de justice » ont été selon les cas considérées comme se référant à des personnages religieux : le dernier grand prêtre juif légitime, Onias III, déposé en 175 av. J.-C., les chefs des Maccabées — Matthias, le grand prêtre, et son fils le chef militaire Juda Maccabée, Menahem, chef des zélotes, en 66 apr. J.-C.
La plupart des manuscrits de la mer Morte se trouvent actuellement au Shrine of the Book, au musée Rockefeller de Jérusalem et au musée du département des antiquités d'Amman. De nombreux commentaires des manuscrits ont été publiés depuis leur découverte ; quant à l’édition totale des documents, elle s’est échelonnée entre 1955 et 2002 : sous le titre Discoveries in the Judaean Desert, l’intégralité des textes translittérés est désormais disponible en 39 volumes.
Pour aller plus loin
- Les manuscrits de la mer Morte, de Michael Wise. Tempus, 2003.
- Qumrân. Le secret des manuscrits de la mer Morte, de Laurent Hericher. BNF, 2010.