Le surréalisme : origines et contexte historique

Histoire Universelle | Le XXe siècle

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Le surréalisme est un mouvement d’abord littéraire puis artistique, défini et théorisé par le poète français André Breton en 1924. Le mouvement se caractérise par son opposition à toute forme d’autorité et par son hostilité aux valeurs sociales et morales ainsi qu’à la logique. Il a largement été inspiré par le contexte historique de la Première Guerre mondiale. À l'arrière, on ne comprend pas toujours pourquoi on en est arrivé là. Dans les tranchées, le spectacle semble souvent surnaturel. Autant d'étrangetés qui inspirent des expériences nouvelles aux artistes de l'entre-deux-guerre : le surréalisme en est le témoignage le plus parlant.

 

Un double héritage

On comprend l’apparition du mouvement surréaliste à la lumière des expériences littéraires et artistiques qui ont succédé au XIXe siècle, et de la psychanalyse de Sigmund Freud. Depuis 1800, on assiste à un éloignement progressif des canons classiques. Après le refus romantique, un mouvement d'innovation est lancé. Les écoles littéraires se succèdent et introduisent des formes nouvelles (vers libre, poème en prose, etc.). En peinture, la reproduction du réel devient floue, avec les impressionnistes à la fin du XIXe siècle, et restructurée, avec les cubistes au début du XXe siècle.

Ces expériences profitent à Guillaume Apollinaire qui cherche à innover en permanence, notamment avec ses Calligrammes (1918). Outre ces expériences esthétiques, la psychanalyse de Freud semble révélatrice, surtout pour André Breton, l’auteur du Manifeste du surréalisme (1924). Pendant la guerre, Breton est amené à travailler comme étudiant dans des centres neuro-psychiatriques. Il prend connaissance des travaux de Freud et s’inspire du principe de l’association libre pour élaborer l’écriture automatique.

Le contexte historique du surréalisme

Après 1918, le conflit apparaît comme un échec, malgré la victoire alliée. Le spectacle horrible de la Grande Guerre marque la faillite de la civilisation aux yeux de nombreuses personnes. Des jeunes artistes en refusent donc les valeurs établies. Certains l’expriment avec violence et provocation, comme Tristan Tzara qui lance un mouvement de révolte pure, le mouvement Dada. Il s’agit de nier les sources de la pensée et du langage, de prôner une anarchie artistique.

De nombreux surréalistes participent à ce mouvement, mais grâce à André Breton, ils dépassent le simple refus avec le recours à la psychanalyse. Breton conçoit le surréalisme comme une exploration de l’Inconnu, comme l’expression du «fonctionnement réel de la pensée.» Pour cela, l’écrivain ou le peintre doit supprimer ce que sa raison lui impose et créer en toute liberté.

Les principaux écrivains surréalistes : Breton, Desnos, Eluard, Aragon

Après avoir fréquenté le cercle d’Apollinaire, André Breton devient le théoricien et le chef de file du surréalisme avec ses trois Manifestes (1924, 1929 et 1942). Il s’adonne à la poésie, mais ses plus beaux textes sont en prose, proches du roman (Nadja, 1928 ; Les Vases communicants, 1932 ; L’Amour fou, 1937). Si Breton reste fidèle au surréalisme jusqu’au bout, il semble hésiter entre l’écriture automatique et la composition longue.

L’influence de Desnos sur le mouvement surréaliste est moins visible, mais bien réelle. Il se penche surtout sur ses rêves qu’il collectionne. Il en établit le compte rendu qui se doit d’être authentique. En partant du rêve, Desnos semble un véritable génie de l’automatisme verbal lors des « séances de sommeil » collectives. Dès la fin des années 1920, il conjoint rêve et réalité. Il se lance également dans le cinéma.

La guerre marque l’œuvre d’Eluard qui ne cesse ensuite de chanter l’amour. La simplicité de sa poésie révèle la force des mots. On en retient surtout la sensibilité, la fraîcheur et le caractère immédiat. Il exprime en tant qu'homme ses expériences intérieures, auxquelles se mêle l’univers extérieur sans distinction nette. Il accorde une importance aux idées pacifistes, à la volonté de fraterniser, à un engagement politique communiste.

Avec le roman Anicet ou le panorama (1921), Aragon exprime la révolte de sa génération. Il s’adonne également à la poésie, notamment avec un recueil qui marque le mouvement surréalliste avec Le Mouvement perpétuel (1925). Il laisse également un roman surréalliste : Le Paysan de Paris (1926). Il se détachera du groupe d’André Breton pour se mettre au service de la révolution sous l’impulsion de sa femme, Elsa Triolet.

Le cadavre exquis, inventé à cette période, est un jeu poétique collectif où les participants construisent une phrase en inscrivant l’un après l’autre un mot sur une feuille de papier. Ils la replient de façon à dissimuler à leurs voisins ce qu’ils ont noté, et ont pour seule contrainte le respect de l’ordre syntaxique correct (nom, adjectif, verbe, complément). Des dessins peuvent également être construits selon le même principe.

Le surréalisme dans la peinture

Dans un premier temps, André Breton ne songe pas à la possibilité de transposer les théories du surréalisme littéraire à la peinture. Mais des expériences concrètes l'amènent à réfléchir sur la question. En 1928, il publie le Surréalisme et La Peinture, un ouvrage dans lequel il dresse un inventaire des possibilités apportées par la démarche che surréaliste aux arts plastiques. Il recommande aux peintres de se fonder sur un modèle intérieur et non sur des modèles fournis dans les musées. Des peintres célèbres se basent sur ses théories, comme Max Ernst, Joan Miró, Salvador Dali ou René Magritte.

C’est Max Ernst qui est le précurseur de la peinture surréaliste. Ses « romans-collages » et ses « frottages » sont l’équivalent de l’écriture automatique pour la peinture. Il est suivi par l’espagnol Joan Miró qui applique le principe de l’écriture automatique à ses « tableaux-poèmes ». René Magritte, la principale figure du surréalisme belge, s’amuse avec un humour décapant à créer des associations inattendues. Il joue sur l’écart entre la représentation des choses et leur désignation : il est l’auteur d’un tableau représentant une pipe et légendé ainsi : « Ceci n’est pas une pipe ».

Le mouvement surréaliste, qui gagnera le monde entier pendant les années 1930-1950, s’auto-dissout symboliquement par un acte de décès publié dans le journal Le Monde en 1969.

Pour aller plus loin

Histoire du mouvement surréaliste, de Gérard Durozoi. Hazan, 2004.

Histoire du surréalisme, de Maurice Nadeau. Seuil, 1970.

 

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