Une stupéfiante découverte
La peau blanche, la chair et jusqu’aux oreilles et la langue avaient gardé toute leur souplesse. «L’œil même jouissoit de tout son brillant» rapporte l’abbé Ordinaire. Le visage était intact et l’enfant ne semblait qu’endormi. Le baume dégageait une odeur agréable et persistante. Stupéfaits par cette découverte, les villageois y voient immédiatement la dépouille d’un saint : le corps est déposé dans une rivière pour le garder au frais tandis que les «pèlerins» défilent. La dépouille est ensuite transportée d’églises en églises où elle est malmenée, certain la détruisant pour garder quelques reliques : la langue et des dents sont arrachées, les bandelettes et la peau du front découpées… Seul l’évêque de Clermont prend l’initiative de mettre fin à ces extravagances et donne l’ordre d’inhumer le corps.
Un apothicaire de Clermont-Ferrand analyse la momie, il remarque que la momie est un enfant de 10 à 14 ans, il n’a pas été éviscéré mais a été embaumé avec des produits résineux et entouré de bandelettes en chanvre. La momie a subit un traitement similaire à celles d’Egypte, avec de nombreux aromates, des huiles, du bitume de Judée ou du pissasphalte. Les articulations avaient gardé leur souplesse et tous les organes internes étaient encore mous.
Momie sarrasine ou gallo-romaine ?
L’enfant est ensuite réinhumé au cimetière du village jusqu’à ce que Versailles demande à ce qu’il soit envoyé au Muséum de Paris. Après toutes ces vicissitudes la momie s’est considérablement dégradée, le voyage achève le processus de destruction. Une fois étudiée la momie est considérée comme un jeune arabe datant des incursions sarrasines.
Il est regrettable que cette momie, qui fit beaucoup parler d’elle, ne fut pas plus étudiée et le tombeau fouillé.
Sources
- Le Puy-de-Dôme au soir de la Révolution, d’après le manuscrit de N. Ordinaire, texte établi et annoté par A. Poitrineau, Publications de l’Institut d’Etudes du Massif Central, 1989.
- Malte – Brun, Le Puy-de-Dôme, Les éditions du Bastion, 1882 (réed. 1988)
- Soto-Heim (Patricia), « La momie des Martres d’Artières (Auvergne) », Les dossiers d’archéologie, n° 252, pp. 54-55.