De la première course de vélo au premier Tour de France
La première course sur un vélo a lieu en mai 1868 au parc de Saint Cloud à Paris sur 1 200 mètres ; l'année suivante la distance augmente et passe à 123 kilomètres ; au début du XX è siècle les courses atteignent environ 400 kms comme celle de « Bordeaux-Paris » et sont organisées par deux journaux : l'Auto et le Vélo. Pour faire plus de tirages et prendre des parts de marché, Géo Lefèvre journaliste à l'Auto, imagine un grand tour en France, une course sur route par étape, " la plus grande épreuve cycliste de tous les temps" de 2 400 kms puis 5 300 kms en 1911 pour revenir actuellement à 3 400 kms.
Ce n'est qu'en 1905 que la montagne est rajoutée au parcours du Tour de France et la première « étape montagne » est l'ascension du Ballon d'Alsace. En 1910, pour donner un peu plus d'intérêt, un collaborateur d'Henri Desgrange propose alors de passer par les Pyrénées et se fait répondre par son chef « Les franchir ! Vous êtes fou ! Faire passer des cyclistes sur des sentiers de chèvre... Qui se fera injurier par les coureurs ? C'est moi ! » A cette annonce, quelques coureurs partent en reconnaissance en s'exclamant « jamais on ne pourra monter la haut »...De 150 coureurs au départ du Tour 1909, seulement 110 se présentent en 1910. Et les Alpes sont au menu en 1911.
Les maillots mythiques de l'histoire du Tour
Marque du vainqueur du Tour, le maillot jaune n'est créé qu'en 1919. Lors de ce tour, les frères Pélissier abandonnent à la cinquième étape et Eugène Christophe prend la tête mais c'est un inconnu pour le public. Afin qu'on le remarque, on lui fait porter un maillot de couleur distincte, les organisateurs choisissant le jaune en l'honneur du journal l'Auto. Il est de coutume de ne pas le mettre durant une journée, si son précédent porteur a abandonné pour cause d'accident. Pourtant lors du tour 1954, Louison Bobet qui est premier au classement, ne porte pas son maillot jaune au départ de l'étape Saint-Brieuc -Brest ...il l'a offert la veille à sa sœur ! Les organisateurs s'affolent car il est impossible de laisser partir les coureurs sans « le maillot jaune ».
Raymond Le Bert, le soigneur de Bobet se souvient qu'il en a un à son domicile et court le chercher. Sauf qu'en l'enfilant, Bobet est coincé et ne peut pas respirer : le maillot a rétréci....Heureusement, le soigneur dirige aussi une salle de boxe dans la ville. Il fait rapidement venir l'un de ses poids lourds, lui demandant « d'élargir » le maillot, celui-ci se contorsionne tant et si bien qu'il réussit enfin à l'enfiler...les coutures se sont relâchées, la course peut démarrer, Louison Bobet est en jaune !
Quelques anecdotes du Tour de France
Le Tour de France devient le rendez-vous annuel incontournable, mais il a failli ne pas voir le jour en 1905. En effet, l'édition 1904 reste dans les mémoires à cause de spectateurs qui ont agressé certains coureurs et qui ont jeté des clous sur la route ! Parmi les gros accidents, on pense à Eugène Christophe qui chute en 1913, cassant son vélo. Il a fallu qu'il marche plus de 15 kms afin de trouver un forgeron pour effectuer la réparation.
Notons qu'Henry Anglade avait prévu la grave chute de Roger Rivière dans le Tour 1960 le rendant invalide ; on ne peut pas oublier la mort subite de Tom Simpson dans l'ascension du Mont Ventoux en juillet 1967 due à la chaleur et la prise d'amphétamines alors qu'une loi anti-dopage venait d'être adoptée en 1966 ni celle du champion olympique italien Casartelli dont la tête a heurté violemment un parapet dans le col du Portet d'Aspet dans les Pyrénées en 1995 ou encore l'exploit du maillot jaune 1983 Pascal Simon à l'omoplate fracturée mais qui pédale encore 5 jours pour finalement abandonner en larmes à la côte de la Chapelle ; Eddy Merckx qui a atteint le même record qu'Anquetil avec ses 5 maillots jaunes ne pourra pas en obtenir un 6 è, ayant reçu un coup de poing dans le foie de la part d'un spectateur favorable à un autre concurrent au tour 1974...
Enfin pour terminer sur une note joyeuse, mentionnons un coureur surdoué mais plaisantin qui fit rire le public et le peloton : Roger Hassenforder, surnommé « le clown ». Il débute le cyclisme dans les années 50, n'hésitant pas à quitter son régiment pour participer à une course et repartir à la caserne bien souvent avec une coupe. Maillot jaune dès son premier Tour de France, il gagne beaucoup de critériums, pédalant comme un fou, roulant souvent à l'envers sur son vélo ou s'arrêtant à des terrasses de café pour y boire une bière en attendant le reste du peloton ! Bavard, il parle autant qu'il pédale, un moulin à paroles ! Flambeur, querelleur parfois, il est suspendu pendant 6 mois en 1957 suite à une dispute avec Anquetil ! Un homme que tout ancien coureur ne peut oublier !
En 2014, le tour de France a fêté sa 101ème édition sous les couleurs et le bleuet de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale. Les organisateurs et les coureurs ont sillonné les routes de France à la mémoire des civils et militaires tombés durant cette guerre, à travers des paysages reconstitués mais qui conserve les cicatrices des horreurs de la guerre.
Pour aller plus loin
- La grande histoire du Tour de France, par Françoise Laget, Serge Laget. Editions Chronique, octore 2012.
- La fabuleuse histoire du Tour de France, de Pierre Chany et Thierry Cazeneuve. La Martinière, 2011.
- Histoire du Tour de France, de Jean-François MIGNOT. La Découverte, 2014.