Origine du nom sans-culotte
Les journalistes de la presse royaliste appellent les révolutionnaires « sans-culottes » car ils remplacent la culotte, marque de l’Ancien Régime à leurs yeux, par un pantalon de bure rayé. Le terme est ensuite adopté par les aristocrates sous la Convention. Il souligne la pauvreté, la bestialité et l’inculture des révolutionnaires et se veut offensant. Mais il est employé sur la base d’une opposition avec le terme aristocrate.
Dès lors, une identification entre les sans-culottes et le peuple s’opère dans les mentalités. Ainsi, les révolutionnaires s’enorgueillissent peu à peu de leur nom, qui devient un véritable titre de gloire dès 1792, quand les manifestants crient « Vive les sans-culottes ! » La dénomination renvoie alors à un type de citoyen : des patriotes radicaux issus du peuple, bons pères et bons époux, qui représentent bien la population parisienne. Ce ne sont donc pas des marginaux, comme certains l’affirment.
La sociologie des sans-culottes
Par contre, les dirigeants révolutionnaires appartiennent à l’élite bourgeoise du centre de Paris. Sur le plan vestimentaire, les sans-culottes veulent se distinguer des aristocrates. En plus de leur pantalon, ils portent un bonnet rouge, une veste courte de drap, appelée « carmagnole », des sabots et la cocarde tricolore. Ils ont enfin des cheveux plats qui se distinguent des perruques portées par les nobles. Culturellement, ils adoptent le chant collectif de « La Carmagnole » ou de « l’Hymne des Marseillais ».
Leurs idées politiques
Sur le plan politique, les sans-culottes haïssent les aristocrates et le clergé. Leurs préoccupations s’avèrent essentiellement matérielles. Ils restent attentifs au prix du pain au marché car il détermine la valeur de leur salaire ou celle du prix de leur marchandise. Ils militent ensemble, sur la base d’une fraternité et d’une solidarité entre les différentes sections ou les différentes sociétés. Héritiers des idées de Rousseau, les sans-culottes réclament une répartition égale de la propriété et une réelle démocratie, avec l'égalité des droits politiques. Ils participent à toutes les grandes journées révolutionnaires de Paris. Ils sont dirigés dans un premier temps par les enragés, ultra-révolutionnaires menés par Jacques Roux. Après son suicide, ils sont conduits par les prtisans du journaliste Jacques René Hébert, qui veut propager le culte de la Raison et déchristianiser la société.
En mars 1794, les hébertistes sont condamnés par le Tribunal révolutionnaire et critiqués par des indulgents comme Danton. Leur exécution porte un coup aux sans-culottes qui perdent leur pouvoir politique après la chute de Robespierre en 1794. Après l’hiver meurtrier de 1794-1795, ils clament leurs revendications pour la dernière fois en avril et mai 1795 (germinal et prairial an III), avant d'être désarmés. Après 1795, le mouvement des sans-culottes disparaît.
Pour aller plus loin
- Le Paris des sans-culottes, de Jacques Pauwel. Derlga, 2021.
- L'Invention du sans-culotte: Regard sur le Paris révolutionnaire, d' Haim Burstin. Odile Jacob, 2005.