Richard Trevithick et la première locomotive à vapeur
À l’origine du chemin de fer, il y a une infrastructure conçue pour limiter les pertes d’énergie en guidant les véhicules à l’aide d’ornières creusées dans le sol ou de rails en bois. On pouvait, grâce à la force musculaire des hommes ou des animaux, tracter des charges relativement lourdes : les chariots évoluant sur des «chemins de bois» étaient ainsi utilisés dès le Moyen ge pour l’extraction minière, en particulier en Angleterre et au pays de Galles. Mais avec la hausse de la demande de matières premières dès la fin du XVIIIe siècle, l’augmentation des volumes transporté; a imposé de faire évoluer l’infrastructure et la traction.
Le 21 février 1804, l’Anglais Richard Trevithick mit en marche une première locomotive à vapeur opérationnelle, remorquant quelques wagons à l’intérieur desquels prirent place, le 21 février, les tout premiers voyageurs en chemin de fer. Huit ans plus tard, en 1812, l'ingénieur John Blenkinsop construisit une locomotive capable de rouler à 8 km/h en remorquant 94 t. À la fin des années 1820, Marc Seguin, dans la région d’Annonay, et George Stephenson, en Angleterre, contribuèrent, chacun de leur côté, à la mise au point de la chaudière tubulaire qui fournissait enfin assez de pression pour un encombrement limité. George Stephenson inscrivit son nom dans l’histoire en 1829 quand sa Rocket (« fusée » en anglais) s’imposa lors du concours de vitesse de Rainhill, sur la ligne entre Liverpool et Manchester. Avec son fils unique, Robert, George Stephenson allait dès lors jeter les bases de la « science ferroviaire » et de la locomotive moderne.
Le transport rapide de quantités importantes de matériels entre les différentes zones économiques jouera un rôle fondamental pour la révolution industrielle en Angleterre. Les chemins de fer sont utilisés par les manufacturiers qui transportent des minerais, produits sidérurgiques ou matières textiles sur des voies créées dans les enceintes de leurs usines.
Le développement du chemin de fer en France
En France, après les premières lignes édifiées autour de Saint-Étienne (à partir de 1827) et dans le Gard, la ligne « école » de Paris vers Saint-Germain-en-Laye (1837) se voulait une vitrine, démonstration éclairante de la puissance du rail portée par les banquiers Émile et Isaac Pereire, et l’ingénieur Eugène Flachat. C’était aussi un manifeste du courant saint-simonien, promoteur de la libre circulation des biens et des personnes. Mais face à la « Railwaymania » des années 1830, plusieurs voix s’élevèrent pour dire leur angoisse ou leur scepticisme : ces locomotives fumantes qui charriaient à vive allure eau bouillante et charbon brûlant n’étaient-elles pas dangereuses? Et quels seraient les effets de la vitesse sur la santé ?
S’appuyant sur un savoir-faire éprouvé dans la construction mécanique, une remarquable industrie française a produit et exporté des locomotives de grande qualité, réputées pour leur fiabilité. La maison Derosne et Cail a ainsi construit plusieurs Crampton, ces « lévriers du rail » capables de tracter des trains légers de voyageurs à près de 100 km/h sous le Second Empire. D’autres avancées, comme la surchauffe, la double expansion ou le freinage continu, ont contribué à optimiser la rentabilité de l’exploitation tout en renforçant la sécurité. Cette dernière a d’ailleurs fait l’objet de toutes les attentions dès les années 1870, avec la généralisation de signaux mécaniques enclenchés puis électriques garantissant la sûreté de la marche des trains.
À la Belle Époque, le plan Freycinet, alors en voie d’achèvement, permettait à toutes les sous-préfectures d’être reliées au réseau, participant à l’unification du marché national. Le chemin de fer faisait alors partie du paysage de la IIIe République, au même titre que l’école publique ou le bureau de poste. Et à l’échelle du continent, des liaisons prestigieuses mettaient Londres et Paris aux portes de la Riviera ou du Bosphore, tandis qu’outre-Atlantique, la première jonction transcontinentale, achevée en 1869, rappelait, quant à elle, l’importance du rail dans la conquête de l’Ouest.
Le train, un mode de transport toujours populaire
Concurrencé au XXe siècle par l’aviation puis par le développement de l’automobile, le chemin de fer reste encore un mode de transport privilégié aussi bien pour les liaisons de proximité (trains de banlieue ou régionaux), de moyenne distance ou internationales. Et si le choix de la grande vitesse, qui a contribué au renouveau du rail à partir des années 1980, fait aujourd’hui débat, force est de constater que le système technique imaginé il y a bientôt deux siècles a largement fait ses preuves.
Pour aller plus loin
- Histoire des chemins de fer en France, de Francois Caron. Fayard, 1997.
- Ces trains qui ont marqué l'Histoire. Géo, 2019.