De l’Alex à Unter den Linden
De l’Alexanderplatz, vous pourrez admirer la célèbre tour de télévision (Fernsehturm) qui culmine à 368 mètres de haut. Symbole de Berlin-Est, elle fut construite de 1965 à 1969 et inaugurée par le chef d’Etat de la RDA d’alors, Walter Ulbricht. Dirigez vous ensuite vers l’est, en direction de la « mairie rouge », l’hôtel de ville (Berliner Rathaus). De là, vous pouvez faire un petit détour en marchant droit sur le quartier pittoresque du Nikolaiviertel pour plonger dans un Berlin médiéval aux rues étroites et pavées et admirez les jolies façades des immeubles. Marchez ensuite vers « l’île aux musées » (Museuminsel). Vous passerez un pont qui enjambe la Spree, sur votre gauche, un grand espace vert où était autrefois situé le Berliner Stadtschloss, la résidence principale des princes de Hohenzollern. Fortement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut détruit en 1950 sur ordre de Walter Ulbricht qui décida de faire disparaître ce symbole de l’ancienne Prusse.
Unter den Linden et la Porte de Brandebourg
Continuez en direction de la Porte de Brandebourg, vous marchez maintenant sur la célèbre avenue Unter den Linden. Sur votre droite, la Nouvelle Garde (Neue Wache), œuvre considérée comme un chef-d’œuvre du classicisme allemand, elle fut transformée en monument dédié aux victimes du fascisme et du militarisme par les autorités est-allemandes en 1960. Vous passez ensuite devant le musée historique sur votre droite et l’ancien palais du prince héritier (Kronprinz) sur votre gauche (bâtiment en rénovation en 2011). Un peu plus loin, la prestigieuse université de Humboldt (Humboldt Universität zu Berlin) fondée en 1809.
C’est ici qu’étudièrent de nombreuses personnalités telles qu’A. Einstein, H. Heine, O. von Bismarck ou encore K. Marx ! Elle fait face à la faculté de Droit, bâtiment érigé en forme de balance, symbolisant la Justice, lorsque on le regarde depuis une vue aérienne. La place devant celui-ci se nomme la Bebelplatz et fut le site de l’autodafé nazi du 10 mai 1933. Des étudiants brûlèrent ce jour-là environ 20 000 livres jugés « non allemands » par les autorités nazies. Les œuvres de K. Marx, S. Freud, B. Brecht ou E. M. Remarque furent jetées dans les flammes et accompagnées des « hourras » des étudiants. Aujourd’hui, un monument rappelle ce douloureux souvenir, c’est la « Bibliothèque engloutie » de Micha Ullman.
Du Reichstag à la Postdamer Platz en passant par le Tiergarten
Depuis la Porte de Brandebourg, on aperçoit le Reichstag sur la droite. On remarquera la bande pavée qui serpente au milieu de la route et qui symbolise l’ancien tracé du mur de Berlin. Le Reichstag, c’est également un symbole fort pour l’Allemagne. Siège de l’assemblée parlementaire allemande (Bundestag) depuis la réunification de 1990, la reconstitution de sa coupole en verre détruite en 1945 fut un défi architectural pour Sir Norman Foster. En effet, elle est conçue de telle manière à ce que la salle des députés, située en dessous, soit inondée par la lumière naturelle. De même, elle est « tapissée » de panneaux solaires qui s’inclinent automatiquement en suivant le soleil afin de capter au mieux sa lumière et ainsi assurer plus de 80 % de la consommation électrique du bâtiment.
Revenez sur vos pas, repassez devant la Porte de Brandebourg et dirigez vous vers le sud, sur la Ebertstrasse. Sur votre gauche, le Mémorial dédié aux Juifs assassinés en Europe (Denkmal für die ermordeten Juden Europas) conçu par Peter Eisenmann et inauguré en 2004. C’est un champ couvert de stèles disposées en un maillage étroit. Les stèles ont les mêmes dimensions longueur/ largeur mais pas la même hauteur. De plus, le terrain n’est pas plat, il forme une comme une sorte de vague. L’architecte voulut ainsi donner une impression de « mal de mer », que l’on est une impression d’écrasement, de claustrophobie. Les allées étroites sont faites de telle sorte à ce que le visiteur se retrouve seul face à lui-même, à ses réflexions, interdisant ainsi les visites en groupes. Seul le centre de documentation situé en dessous permet les visites groupées et conférences.
Retrouvez la « surface », prenez la Hannah-Arendt Strasse et rejoignez la Gertrud-Kolmar Strasse. En continuant sur cette rue et à l’angle de la rue In den Ministergarten vous tombez sur un panneau indiquant l’emplacement de l’ancien bunker de Hitler, là où il se donna la mort le 30 avril 1945. Pour prévenir tout éventuel pèlerinage nazi, le bunker fut rasé et transformé en parking. De plus, aucun guide touristique de Berlin ne mentionne son emplacement…
Depuis là, on peut retourner sur nos pas et retrouver la Ebertstrasse qui longe le Mémorial des Juifs assassinés. Un peu dissimulé par la végétation, on peut aussi se diriger vers le Tiergarten, parc de 210 hectares, véritable « poumon de Berlin », pour apercevoir une stèle qui a la forme d’un bunker en béton et qui abrite en fait un monument dédié aux victimes homosexuelles du nazisme. Une petite lucarne permet de jeter un œil à l’intérieur de ce bloc de béton. Nous laissons ici le visiteur découvrir ce qu’il y a à l’intérieur.
De la Postdamer Platz à Checkpoint Charlie
Nous arrivons maintenant sur la Postdamer Platz, un des CBD de Berlin (Central Business District ou centre des affaires, dans le langage géographique). Quartier très moderne aux buildings contemporains bordés par des hôtels de luxe, il est neuf et est sorti de terre après 1990 ! En effet, le no man’s land du mur de Berlin passait en plein milieu de la place. Aujourd’hui, rien ne laisse présager de ce douloureux passé, si ce n’est la bande pavée au milieu de la route dont nous avons déjà évoqué la signification. On se dirigera alors vers le Sony Center pour admirer la coupole de verre et d’acier qui a pour particularité de reposer en équilibre sur le toit des bâtiments alentours. Attirant des dizaines de milliers de visiteurs par jour, cette place est l’un des endroits incontournables de Berlin.
Replongeons maintenant dans le passé nazi de Berlin. Prenons la direction de la topographie de la Terreur (Topographie des Terrors) pour arriver sur le lieu de l’ancien siège des organisations nazies (SS et Gestapo) de l’ancienne Prinz-Albrecht-Strasse dont la simple évocation provoquait l’effroi. Les bâtiments en ruines furent rasés après la guerre et aujourd’hui, c’est la Niederkirchnerstrasse. Egalement en souvenir, un morceau du Mur de Berlin a été laissé en place. L’exposition en plein air (et gratuite) retrace la montée du régime nazi et les crimes perpétrés par celui-ci. Un centre fut construit sur place et abrite une exposition permanente donnant d’autres informations et plus de détails sur le site ainsi que sur les politiques nazies de persécution et d’extermination.
Notre « périple » berlinois s’arrête ici. Comme on peut le remarquer sur la carte du trajet ci-jointe, la plupart des monuments sont concentrés dans la partie Mitte (arrondissement du Centre) de Berlin. Toutefois, il ne faut pas croire que c’est « tout » ce qu’il y a à voir. Berlin est une ville très riche sur tous les plans. Architecturalement, culturellement, historiquement… Au risque de nous répéter, nous avons conseillé ici un itinéraire de balade pour les visiteurs n’ayant pas beaucoup de temps à consacrer au tourisme mais qui a l’avantage de regrouper les principales Sehenswürdigkeiten (curiosités).
Pour aller plus loin
- DÖBLIN, Alfred, Berlin Alexanderplatz, Paris, Gallimard, 2009. (roman retraçant la vie d’un petit malfrat, décrit la vie berlinoise des années 30, ambiance garantie)
- DROZ, Jacques, Histoire de l’Allemagne, Paris, PUF, 2003.
- OUDIN, Bernard, GEORGES, Michèle, Histoires de Berlin, Paris, Perrin, 2010.