Un périple à travers l'Europe
Dans la première contribution, Emmanuelle Boube aborde en guise d’introduction l’histoire des Goths, de leur migration à la formation des royaumes de Toulouse ou de Tolède. Laure Barthet et Claudine Jacquet, commissaires de l’exposition « Wisigoths, rois de Toulouse », expliquent les choix muséographiques et les débats qu’a suscités l’exposition. Michel Kazanski revient sur l’origine des Goths à l’aide des découvertes archéologiques. Deux civilisations se distinguent. La première apparait au Ier siècle de notre ère autour de la Baltique et est appelée civilisation de Wielbark. L’archéologie ne contredit pas les textes anciens. L’auteur présente les principales caractéristiques de la civilisation de Wielbark. La seconde civilisation dite de Tcherniakhov est issue d’une autre vague migratoire vers la fin du IIe et début du IIIe siècle à destination de l’Europe de l’Est (Ukraine essentiellement, Biélorussie mais aussi Roumanie et Moldavie). Ces Goths sont cependant différents de la précédente civilisation et intègrent des populations germaniques. C’est « une culture très homogène, dans laquelle les éléments germaniques, importés de la Vistule, sont mélangés aux éléments autochtones à tel point qu’il n’est guère possible de distinguer les Goths des Thraces, des Sarmates, etc. »
Après un focus sur l’exceptionnel trésor de Pietroasa, le dossier propose des articles sur la religion des Goths. Après une première contribution abordant les sources historiques, les difficultés d’interprétation, les rites funéraires et l’apport de l’archéologie, la seconde aborde la question de la conversion des Goths au christianisme dans un contexte politique et religieux particulier qui aboutit à la création d’une Eglise des Goths arienne. La politique n’est pas en reste : Christine Delaplace présente la royauté wisigothique et Alain Dubreucq la législation dans le royaume.
Les découvertes archéologiques
Le monde funéraire, les hagiographies et les mémoires des saints locaux mais aussi les fibules en forme d’aigle font l’objet respectivement d’une contribution synthétique qui fait le point sur le sujet. Joan Pinar Gil dans son article montre que les fibules en forme d’aigle ne sont peut-être pas une aussi grande marque de prestige que l’on n’a pu l’écrire mais que ces objets se sont diffusés dans des couches plus modestes de la société. Enfin, Mathieu Scapin aborde les différents aspects que recouvre l’image du barbare dans nos sociétés contemporaines.
Ce dossier est une synthèse réussie sur les thermes. La riche iconographie, toujours de très bonne qualité, agrémente et enrichit la lecture. La fin des Dossiers d'Archéologie est comme à l’accoutumée consacrée aux diverses actualités. Un article traite d’une pétition pour la sauvegarde d’un site archéologique portuaire exceptionnel du Cailar, près d’Aigues-Mortes, menacé par un projet immobilier. Les premières analyses de la grande idole de Pachacamac redécouverte en 1938 révèlent une datation beaucoup plus ancienne vers 730, soit bien avant la domination inca dans la région. Enfin, l’exposition « Traces du vivant » au Musée des Confluences à Lyon est présentée. Un bon numéro synthétique et accessible des Dossiers d'Archéologie.
Wisigoths, des barbares au cœur de l'Empire. Dossiers d'archéologie n° 398. En kiosque et sur abonnement.