Le contexte du siège de Turin
Louis XIV avait épousé Marie Thérèse, fille du roi d'Espagne Philippe IV. Ce roi épousait en secondes noces Marie Anne d'Autriche, dont un seul enfant est encore en vie : Charles II. Puis à sa mort, sans héritier, le royaume d'Espagne devrait revenir à la France, mais plusieurs prétendants se présentent face au Roi Soleil. Léopold Ier empereur du Saint Empire et fils de l'infante Marie Anne d'Autriche, veut le trône d'Espagne pour son fils Charles né d'un troisième mariage. Le duc de Savoie Victor Amédée II est sur les rangs, invoquant le non paiement de la dot à l'épouse de Charles Emmanuel Ier son ancêtre.
A la fin de l'été 1703, on informe Louis XIV que le duc de Savoie change de camp, d'autant plus facilement que le commandant des troupes est le prince Eugène de Savoie-Carignan fils d'Olympe Mancini. Après la bataille de Crémone en février 1702, le duc de Vendôme est expédié en Italie afin de prendre les troupes piémontaises au camp de San Benedetto Pô, d'en incarcérer une partie dans des prisons espagnoles et d'envoyer l'autre partie en Allemagne. Victor Amédée II déclare la guerre à la France et à l'Espagne.
Le siège de Turin
En 1704-1705, tout va bien pour les armées françaises, emmenées par le duc de Vendôme vers Turin, avec les victoires de Cassano d'Adda, puis de Calcinato. Le maréchal de la Feuillade remplaçant le duc de Vendôme, se présente devant Turin en mai 1706 avec 44000 hommes dont 5000 espagnols, 110 canons de gros calibre et 59 mortiers à grenade et pierriers. L'ennemi n'a que 10000 hommes et 200 pièces d'artillerie, mais pendant l'hiver précédent, les soldats ont construits d'énormes remparts pour protéger la citadelle.
Lorsqu'ils repartent à l'assaut, c'est trop tard. Les pertes sont lourdes : 2000 Français tués ou blessés contre seulement 450 chez les Piémontais. La demande de trêve pour récupérer les blessés et tués, est refusée par le prince Eugène ; il ne veut pas que les Français viennent voir de près leur défense, surtout que la poudre va bientôt manquer chez les Piémontais.
Le prince Eugène ordonne de jeter le maximum de bois sur les blessés dans le fossé et deux heures avant la nuit « un rideau de feu entre les positions des défenseurs de la citadelle et les tranchées d'assaut des Français s'élève ». Le 30 août, alors que les Français ne sont plus que 26000, Philippe d'Orléans arrivent de Lombardie avec 18000 hommes supplémentaires. Mais plus le temps passe, plus les pertes sont importantes du côté français.
La défaite des Français
Après que l'infanterie aura pris place sur la ligne ennemie, la cavalerie passera par les ouvertures que l'infanterie aura laissées, chargera immédiatement et poursuivra les ennemis avec l'infanterie pour leur enlever le temps et les moyens de se regrouper. Les hussards marcheront devant l'aile gauche et auront déjà l'ordre de ce qu'ils devront faire... »
Le matin du 7 septembre, les 22 bataillons et 54 escadrons français doivent faire face à 52 bataillons et 99 escadrons de cavalerie. Après deux heures de tir, l'aile gauche de l'ennemi attaque, lorsque Victor Amédée fait une diversion sur la droite. Le dispositif français est disloqué, l'assaut général pousse les Français à une première retraite ; et lorsque le gouverneur de la ville décide de laisser sortir 1500 soldats et 500 cavaliers supplémentaires, les troupes françaises se replient. L'arrière garde française se fait attaquer par 1500 chevau-légers à Marsaille, laissant 2000 morts, blessés et prisonniers. Lors du regroupement des forces françaises à Pignerol, il manque 14 000 hommes...les ennemis comptent 3246 morts ou blessés !
Les conséquences
Le traité d'Utrecht, signé en avril 1713, met fin à ce conflit. Louis XIV cède à Victor-Amédée le val de Suse, les vallées d'Oulx et de Bardonnèche, le district de Briançon, la vallée du Queyras. Victor Amédée retrouve donc la Savoie qui lui avait été prise au début du conflit.
D'après un article de Lionel Marquis – revue Château de Versailles.