Joseph Staline, du séminariste au révolutionnaire
Joseph Vissarionovitch Djougachvili est né le 21 décembre 1878 à Gori en Géorgie. Une controverse a toutefois pris forme autour de la date de naissance de Joseph Staline lorsque fut découvert un extrait de naissance indiquant la date du 18 Décembre 1878. Originaires d'Ossétie et de religion orthodoxe, les parents du jeune joseph sont d'anciens serfs ayant bénéficié de l'abolition du servage en 1861. Tandis que son père sombre dans l'alcoolisme, la mère de Staline, Ekaterina Gavrilovna Gueladzé, décide seule de l'avenir de son enfant et l'encourage vivement à devenir prêtre.
Organisant ensuite la grève de Bakou durant la révolution de 1905, le jeune Staline acquière peu à peu une expérience politique en tant que marxiste révolutionnaire. La même année, il rencontre pour la première fois Lenine et en devient un fervent partisan. C'est enfin en 1912, au cours de la VIème conférence du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, que Staline entre au Comité central bolchevique.
L'acension politique de Staline
Le camarade Staline construit progressivement son réseau au sein du Parti bolchévique à la veille de la Révolution d'octobre. Il est en effet élu en avril 1917 au Comité central du parti mais est également depuis mars secrétaire de rédaction au journal de propagande « La Pravda ». Il intègre dès sa création en mars 1919 le Politburo, principal organe décisionnel dans les institutions soviétiques. Staline participa activement à la guerre civile, en inspectant les fronts et en organisant en 1918 la défense de Tsaritsyne.
Apogée de son ascension au sein du Parti communiste, Staline est enfin élu secrétaire général au XIe congrès du parti à Moscou le 3 avril 1922. Dès 1922, Lénine, très affaibli par une attaque, se préoccupa d'assurer sa succession. Inquiet du poids pris par la bureaucratie dans l'ensemble du système soviétique, et du pouvoir concentré entre les mains de Staline, secrétaire du parti, il rédigea le 24 décembre 1922 une longue lettre au Comité central.
Il y faisait valoir que « Staline est trop brutal » et proposait de « déplacer Staline » et de « nommer quelqu'un d'autre qui aurait en toutes choses sur le camarade Staline cet avantage d'être plus tolérant, plus loyal, plus poli, plus attentif envers les camarades et serait d'humeur moins capricieuse ». Les instances dirigeantes du parti, soucieuses de ne pas favoriser l'ascension de Trotski, choisirent d'ignorer ce « testament » après la mort de Lénine.
L’ascension de Staline fut d’autant plus remarquable que, jusqu’en 1941, il n’occupa aucun poste officiel dans la hiérarchie de l’État soviétique. Mais la situation en U.R.S.S. était telle, dès la mort de Lénine, que le secrétaire général du parti était en fait le maître du régime. C’est en contrôlant l’appareil du parti, en plaçant à tous les échelons des hommes à lui, que Staline, tout en se contentant d’abord d’un rôle en apparence effacé, s’assura en quelques années le pouvoir suprême.
Pas plus que Trotski, Zinoviev ni Kamenev, qui, au début, marchèrent avec le futur dictateur et formèrent avec lui la « troïka » antitrotskiste, ne se rendirent compte à temps de ce patient travail de sape. La controverse entre Trotski et la «troïka» tourna surtout autour de la doctrine trotskiste de la révolution permanente. Trotski gardait la nostalgie d’une révolution mondiale et ne pouvait se résoudre aux sacrifices impliqués par la construction du socialisme dans un seul pays, dont Staline allait se faire le champion.
Joseph Staline au pouvoir
Après avoir évincé tous ses adversaires politiques, dont Trotsky qui sera assassiné en 1940 à Mexico, devient en 1929 le maître incontesté du pouvoir en Union soviétique. Il met fin à la nouvelle politique économique et les prémisses de libération du pays mises en place par Lénine. Il impose jusqu'en 1933 la collectivisation forcée des terres, au dépens de l'ancien système des koulaks paysans. L'épisode de la famine ukrainienne de l'hiver 1933-34 qui fait près de 25 millions de morts et la création de l'archipel du Goulag en 1930 sont autant de manifestations de la nature du régime stalinien.
Bien conscient des faiblesses de son armée, Staline décide par ailleurs au milieu des années 1930 de mener une diplomatie plus ouverte à l'endroit des puissances occidentales. C'est ainsi que l'Union Soviétique se rapproche des Etats-Unis (premier pays à reconnaître l'Union Soviétique en 1933), de la France (pacte d'assistance mutuelle de 1935) mais surtout de l'Allemagne (pacte germano soviétique de 1939).
Le "petit père des peuples" et la Grand guerre patriotique
Ces évènements sont le prélude au déclenchement de la « Grande guerre patriotique » telle que théorisée par Staline dans un discours de juillet 1941 suivant l'invasion allemande du pays. Dans un premier temps, Staline est totalement pris au dépourvu par l’attaque allemande de juin 1941. Celle-ci était prévisible mais intervient deux ans seulement après le pacte de non agression de 1939.
Sur le plan militaire, la situation est catastrophique, l’armée allemande effectuant une progression fulgurante, s’emparant de vastes territoires et faisant de très nombreux prisonniers. Staline, Très abattu, Staline disparaît complètement de la scène politique pendant une longue semaine, au grand désarroi de son entourage. Ayant recouvré sa lucidité, il s’adresse à la population à la radio dans un discours aux accents très patriotiques et appelle à la résistance face à l’envahisseur.
Joseph Staline tire un immense profit de la victoire soviétique en 1945. C'est alors l'apogée d'un régime stalinien qui est admiré et craint comme le vainqueur du nazisme. Le culte de la personnalité est propagé à l'extrême, et toute la sphère d’influence soviétique se couvre de statues et de portraits géants à la gloire du “petit père des peuples”.
La fin de règne de Staline
Le second conflit mondial aura permis à Staline de doter la Révolution d'un empire. Il met en place un glacis protecteur d'États fantoches en Europe de l'est visant à prémunir l'URSS d'une nouvelle invasion étrangère. Dans tous les pays de la sphère d’occupation soviétique, des gouvernements communistes sont peu à peu mis en place, et doivent soutenir sans réserve la ligne définie à Moscou.
La bipolarisation des relations internationales se manifeste notamment lors du blocus de Berlin ouest ordonné par Staline en juin 1948. Celui-ci doit toutefois céder après que les Américains eurent mis en place un pont aérien pour ravitailler la ville. Staline propose ensuite que l'Allemagne soit réunifiée, désarmée et demeure neutre pour tenter d'apaiser les tensions nées de l'occupation du pays. Ayant essuyé un refus des Occidentaux, il incite à la création de la République démocratique d'Allemagne ainsi que d'une monnaie propre en octobre 1949.
Elle marque la fin d'un régime totalitaire parmi les plus sanglants de l'histoire contemporaine. Dès 1956, son successeur Nikita Khrouchtchev dénoncera les crimes commis sous le régime de Staline et entreprendra une vaste campagne de « déstalinisation ». Le corps du dictateur rouge sera retiré du Mausolée de Lénine en 1961.
Bibliographie
- Staline, de François Kersaudy. Perrin, 2012.
- Staline : biographie, de Robert Service. Tempus, 2021.
- Staline, d' Oleg Khlevniuk. Folio Histoire, 2019.