Benito Mussolini, du militant socialiste
Benito Mussolini est né le 29 juillet 1883, dans une petite commune de Romagne. Son père, artisan et socialiste convaincu lui a donné le prénom du révolutionnaire mexicain Benito Juarez. Le jeune Benito se fait vite remarquer pour ses penchants violents, ce qui ne l’empêche pas d’entamer une carrière d’instituteur. Militant socialiste radical, ses opinions lui valent la suspicion des autorités italiennes. Il finit par fuir son pays pour la Suisse afin d’échapper au service militaire.
En exil, Benito Mussolini devient l’une des figures du Parti Socialiste Italien (PSI) et un journaliste politique reconnu. Revenu en Italie son ascension est rapide et en 1911 après sa campagne d’opposition à la guerre de Libye, il est considéré comme le chef de l’aile maximaliste (révolutionnaire) du PSI. Réputé pour ses articles virulents, celui qui a tout d’abord dénoncé la guerre impérialiste (celle de 1914), s’engage par la suite pour le ralliement de l’Italie à la Triple Entente. Exclu du PSI en raison de son interventionnisme, il fonde son propre journal Il Popolo d’Italia puis part combattre sur le front des Alpes.
...au dictateur faciste
A son retour du front, Mussolini prend acte du danger d’une possible révolution bolchévique en Italie. Abandonnant ses anciennes convictions socialistes, il crée en 1919 les « Faisceaux italiens de combat », qui amalgame syndicalistes révolutionnaires et nationalistes déçus par les gains territoriaux de l’Italie. Se posant en recours contre l’agitation communiste, soutenus par les industriels, Mussolini et ses fascistes font régner la terreur contre leurs opposants marxistes. Dans une Italie contrariée par les dispositions du traité de Versailles la concernant, la propagande des fascistes trouve un écho grandissant auprès de la population de la péninsule.
Son objectif ultime outre que de créer une société d’hommes nouveaux et de hisser son pays au statut de grande puissance, par la force si besoin est. Pour réaliser cette ambition, il s'assure à minima de la neutralité du pape en signant avec le Vatican les accords du Latran de février 1929, qui règlent le statut du Saint Siège et établit un concordat en Italie.
L'Italie mussolinienne à l'épreuve de la guerre
Cette volonté, conjuguée aux effets de la crise de 1929, va le pousser à une politique extérieure belliqueuse, avec notamment l’invasion de l’Ethiopie en 1935-1936, puis le soutien à Franco dans la guerre civile espagnole. Après avoir participé aux accords de Munich, il finit par se rallier, après des réticences initiales, à l’Allemagne d’Hitler et engage son pays le 10 juin 1940 dans la guerre contre les alliés. L’Italie fasciste, mal gérée, mal préparée pour une guerre industrielle totale va connaitre une longue suite de défaites, qui aboutiront à la chute du Fascisme en juillet 1943.
Pour le Duce cette situation est outre une humiliation, une terrible désillusion. Contrairement à ses espérances, la guerre n’a pas accouché de l’Italien nouveau, débarrassé des vices de la société bourgeoise et matérialiste. La peuple Italien n’est pas enthousiaste pour cette guerre (même si ses soldats se battent bravement lorsqu’ils sont bien commandés) et subit de plein fouet les restrictions, comme les effets des bombardements. Le mécontentement qui en est la conséquence s’exprime désormais publiquement, comme lors des grandes grèves de février 1943.
La peur du retour de l’agitation ouvrière et les doutes quant aux orientations idéologiques du Fascisme (notamment l’alignement sur une Allemagne affaiblie et la politique raciale qui en découle) entraine peu à peu l’effritement du ciment du régime : l’alliance entre les élites conservatrices et le PNF (Parti National Fasciste). Bientôt les contestataires reportent leurs espoirs sur leur recours traditionnel, à savoir le Roi.
Le complot des conservateurs
Tout en entamant des coups de sonde secrets auprès des alliés, des caciques du régime tels que Ciano (ministre des affaires étrangères et gendre du Duce) ou le maréchal Badoglio envisagent sérieusement de renverser Mussolini. La capitulation des armées germano-italiennes en Tunisie en mai 1943, les convainc de l’urgence de la situation. En effet contrairement aux déclarations publiques du Duce, il est désormais évident que l’Italie elle-même est menacée par un débarquement allié.
Le 16 Churchill et Roosevelt, appellent conjointement les Italiens à renverser le régime Fasciste. Alors qu’en Sicile la population (et la mafia) se révèlent d’une grande aide pour les alliés, sur le continent le ressentiment contre le Fascisme s’exprime dans la rue.
Mussolini qui a rencontré Hitler le 19 (entrevue de Feltre) se croit assuré du soutien de Berlin et pense pouvoir s’appuyer sur les tenants d’une ligne Fasciste dure (comme Scorza) pour se maintenir au pouvoir. Néanmoins affaibli par la maladie et fragile psychologiquement il n’est plus à même de percevoir l’ampleur des manigances de son gendre. Ce dernier à l’aide de ses alliés, a obtenu du Roi de renverser le Duce par un coup de force constitutionnel en tirant parti d’une réunion du Grand Conseil Fasciste prévue le 24. La colère de la foule romaine après un bombardement allié, a emporté les dernières hésitations de Victor Emmanuel III.
La chute de Mussolini
Le Conseil s’ouvre dans une atmosphère rendue détestable par les rumeurs de putsch. Mussolini pourtant alerté du complot qui se trame contre lui à préférer ne pas risquer l’épreuve de force. Le discours de deux heures qu’il prononce ce jour là n’a plus la force des longues diatribes d’antan. Lorsque Galeazzo Ciano et Grandi répliquent l’attaque en est d’autant plus violente. Accusé d’avoir trahi son pays et l’avoir entrainé aux côtés de l’Allemagne (l’ennemi de la guerre précédente, rappelons-le) dans une guerre sans espoir, Mussolini est sonné. Par dix-neuf voix contre sept la motion de ses adversaires l’emporte, après un vote vers 2 heures du matin le 25 Juillet. Le Roi a désormais entre les mains l’instrument légal qui lui permettra de destituer celui qui était son premier ministre depuis 21 ans…
25 juillet 1943. C’est un Benito Mussolini nerveux qui répond à la convocation du Roi d’Italie Victor Emmanuel III en se rendant à la villa Savoia. La séance du Grand Conseil Fasciste de la veille a amorcé ce que le Duce lui-même a qualifié de « crise du régime. » Néanmoins le maitre des destinées de l’Italie depuis 1922, pense encore pouvoir retourner la situation à son avantage. Quelle n’est pas sa surprise, lorsque le Roi en grand uniforme (alors qu’il a enjoint au dictateur de revêtir un costume civil) lui annonce qui il est destitué, remplacé à son poste de Premier Ministre par le maréchal Badoglio. Après à peine vingt minutes d’entretien, Mussolini est congédié puis arrêté par des carabiniers. Le régime Fasciste vient d’être renversé, sans un coup de feu…
A la tête d'un Etat fantoche dans une Italie divisée
Pour l’Italie avec la libération de Mussolini par un commando allemand le 12 septembre, c’est le début d’une guerre civile d’un an et demi qui va ravager le nord du pays. La création de la République Sociale Italienne (dit régime de Salo) sera l’occasion pour les Fascistes durs de réaliser leur programme totalitaire, sans interférence monarchiques ou conservatrices.
Quant au Duce, miné par la maladie, il savait d’avance perdue la partie qui se termina pour lui à Mezzegra le 28 Avril 1945. Benito Mussolini et sa maîtresse Clara Petacci y sont fusillés par des partisans italiens après avoir été capturés. Leurs dépouilles seront par la suite exposées à Milan pour y être conspuées par la foule. Ainsi s’achevait la destinée d’un homme qui s’était rêvé le guide omnipotent d’un nouvel empire romain.
Bibliographie
• Pierre Milza, Mussolini, Fayard, 1999
• Mussolini. Un dictateur en guerre, de Max Schiavon. Perrin, 2016.
• Didier Musiedlak, Mussolini, Presses de Sciences Po, 2004, 436 pages.