Arthur Rimbaud, une jeunesse de poète
Arthur Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes. Son père était un capitaine d’infanterie, rarement présent au domicile familial, qu’il finit par quitter définitivement en 1860. Sa mère, d’origine paysanne et très pieuse, élève alors seule ses cinq enfants, leur imposant une discipline stricte. Entré au collège en 1865, le jeune Arthur se distingue en enseignement religieux. Il excelle aussi à composer des vers en latin et adresse en secret un poème au prince impérial, fils de Napoléon III. Sur l'ordre de sa mère, il prend des leçons particulières. Un enseignant à un jugement prémonitoire le concernant : “Intelligent tant que vous voudrez; mais finira mal”...
Adolescent rebelle et révolté (il a lu Zola), Rimbaud fait de nombreuses fugues vers la capitale, où il cherche à entrer en contact avec le cercle du Parnasse, animé par Banville. Il arrive à Paris en pleine guerre franco-prussienne de 1870 et tente sans succès de s’engager dans la Garde Nationale (il n’est pas majeur). Contraint de rentrer à Charleville, Rimbaud refuse de reprendre sa scolarité et de passer son baccalauréat, et retourne à Paris, assiégée par les prussiens. Il y est attendu par Théodore de Banville et surtout Paul Verlaine, déjà convaincus par les quelques poèmes que Rimbaud leur a fait parvenir.
Muni entre autres du célèbre « Bateau ivre », Rimbaud commence à fréquenter la communauté littéraire parisienne, où il choque tout autant qu’il fascine.
Le couple Rimbaud-Verlaine
En février 1872, Rimbaud, lassé du conflit avec la belle-famille de son compagnon et déçu par le milieu des lettres, met fin à son séjour parisien et s’installe à Charleville. En juillet 1872, il convainc Verlaine d’abandonner sa femme et de quitter Paris pour Bruxelles. Il y fréquente le milieu des communards en exil et y compose des poèmes sur la thématique du voyage.
Le 22 juillet, Verlaine est rejoint par son épouse qui tente de le convaincre de reprendre la vie conjugale. Verlaine y feint d’y consentir mais la quitte pour retrouver Rimbaud. En août 1873, un rapport de police indiquera : “On a vu les deux amants à bruxelles, pratiquer ouvertement leurs amours….” Leur liaison sera pourtant tumultueuse et entrecoupée de nombreuses séparations et retrouvailles.
Le 10 juillet 1873, lassé par l’inconséquence de Verlaine, Rimbaud annonce à son amant son intention de le quitter définitivement. Verlaine achète un revolver et, après alcools et autres discussions orageuses, tire sur son compagnon, le blessant au poignet gauche. Soigné, Rimbaud persiste dans sa décision de partir. Sur le trajet vers la gare, redoutant de nouvelles menaces de Verlaine, il alerte un agent de police. Verlaine est arrêté puis incarcéré à la prison le 11 juillet pour tentative d’assassinat. Avant de quitter Bruxelles, Rimbaud renonce le 19 juillet à toute action criminelle, correctionnelle et civile envers Verlaine. Rimbaud s’installe à Roche chez sa mère pour y finir son dernier recueil, Une saison en enfer.
Arthur Rimbaud : l'homme aux semelles de vent
Rimbaud renonce définitivement à l’écriture en atteignant l’âge adulte, d’une façon soudaine, presque incompréhensible. En 1874, il est à Londres comme répétiteur. L’année suivante, il voyage en Italie et en Allemagne, se consacrant à l’étude intensive de langues étrangères (allemand, italien, russe, arabe). Après un séjour à Vienne où il est dépouillé de son argent, Rimbaud s’engage dans l’armée hollandaise pour 300 florins et part pour Java. Il déserte aussitôt arrivé et regagne la France et Charleville sur un navire écossais.
Il finit par s’établir en Ethiopie, où il va mener durant le reste de ses jours, une vie étrange de négociant aventurier. En novembre 1891, une blessure suspecte à la jambe l’oblige à rentrer en France. Amputé dès son arrivée, il meurt à trente-sept ans, des suites de sa maladie (un cancer ?), laissant derrière lui une des œuvres les plus originales et les plus riches de la littérature française.
Arthur Rimbaud a marqué la littérature autant par sa vie que par son œuvre, son goût pour l’errance se traduisant souvent par une certaine aventure du langage. Cette nouvelle forme d’écriture poétique a profondément influencé la poésie moderne, notamment les Surréalistes.
Bibliographie
- Rimbaud de Jean-Baptiste Baronian. Folio biographie, 2009.
- Arthur Rimbaud : Le voleur de feu, de Sarah Cohen-Scali. Poche, 2007.
- Arthur Rimbaud : Biographie, de Jean-Jacques Lefrère. Bouquins, 2020.