Biographie courte : Victor Hugo (1802-1885) a dominé la littérature française au XIXe et est considéré comme le chef de file du mouvement romantique. Auteur du roman Les Misérables et du recueil de poésie les Contemplations, il est présenté comme un écrivain engagé, symbole emblématique de IIIe République et de la résistance au Second Empire. Victor Hugo n’en demeure pas moins un génie tant approuvé que discuté et à l’œuvre démesurée. Mais derrière elle et contrairement à la présentation que le critique littéraire Sainte-Beuve fit de lui ( « Hugo n’est pas de la race des hommes. Il est né des dents du dragon ») se cache un homme profondément humain.
Enfance et débuts littéraires de Victor Hugo
Victor Hugo est né à Besançon le 26 février 1802. Alors simple commandant, son père s'illustre militairement, ce qui lui vaudra les titres de général et comte d’Empire. Dès 1804, Hugo loge à Paris avec sa mère. De 1807 à 1809, ils séjournent à Naples et, de 1811 à 1812, ils se rendent en Espagne. Ce dernier voyage laisse de vives impressions dans la mémoire d’Hugo (Hemani ou l’Honneur castillan). Ses parents séparés, il entre au lycée Louis-le-Grand en 1815. Il manifeste déjà une grande ambition littéraire.
Agé de quatorze ans, il écrit : « Je veux être Chateaubriand ou rien. » Les prix qu’il reçoit de l’Académie française en 1817 lui permettent de convaincre son père de son choix de carrière. En 1819, alors catholique et monarchiste, il fonde une revue, le Conservateur littéraire.
En 1822, il épouse Adèle Foucher, qui lui donnera quatre enfants. Il se fait connaître avec les Odes et ballades (1822). L’année suivante, il publie son premier roman, Han d’Islande. Il rencontre Lamartine et Vigny au salon de Charles Nodier à la bibliothèque de l’Arsenal. Sur le plan littéraire, il reste modéré jusqu’en 1827, année au cours de laquelle il définit le drame romantique (préface de Cromwell). Il s’impose alors comme chef de file du romantisme en France. Il organise les réunions du « cénacle » dans son appartement de la rue Notre-Dame-des-Champs, sans pour autant détrôner le salon de Nodier. C’est là que ces lettrés épris de nouveauté préparent la « bataille d'Hemani » de 1830.
Hugo au fait de la gloire
Après 1830, Hugo est peu à peu délaissé par les intellectuels du cénacle. En outre, sa femme le trahit avec Sainte-Beuve. En 1833, il s’éprend de Juliette Drouet, une femme discrète et tendre. La même année, il triomphe à nouveau avec Notre-Dame de Paris, roman au sein duquel il manifeste son goût pour le Moyen Age. De 1830 à 1840, il s’affirme comme le plus grand poète de sa génération avec la publication de quatre recueils majeurs : Les Feuilles d’automne (1831), Les Chants du Crépuscule (1835), Les Voix intérieures (1837) et Les Rayons et les Ombres (1840). Dans la préface de ce dernier recueil, il évoque la fonction du poète.
C’est un visionnaire qui guide les hommes, qui apporte un message d’amour aux misérables et qui combat l’injustice. C’est un homme engagé politiquement. Dès 1850, les poètes du Parnasse s’opposent à la conception d’Hugo en développant celle de « l’art pour l’art ». Au théâtre, Hugo connaît la gloire avec Le Roi s’amuse (1832) et plusieurs drames comme Marion Delorme (1831), Lucrèce Borgia (1833) et Ruy Blas (1838) sans oublier la poésie Des Orientales (1829) aux Rayons et les Ombres (1840). Il est alors indéniablement devenu le chef de file de ce courant.
En 1843, il échoue avec Les Burgraves (1843). La même année, il affronte le premier vrai drame de son existence. Sa fille Léopoldine se noie dans la Seine, alors qu’elle se promène avec son mari. Hugo délaisse alors la poésie pendant de longue années, avant de publier Les Contemplations en 1856, recueil au sein duquel il consacre de nombreuses pièces à Léopoldine
Dès lors, Victor Hugo se dirige vers l’engagement politique.
L’engagement politique et l’exil
Se tourner vers la politique constitua l’aboutissement logique de la conception du poète engagé. Victor Hugo a toujours été un homme de combat sans retenu comme en témoigne sa lutte incessante pour l’abolition de la peine de mort qu’il débute en 1829 avec Le Dernier Jour d’un condamné, la poursuivant même lors de son exil. Il lutte également pour protéger le patrimoine architectural, s’insurgeant contre l’état de délabrement de Notre Dame de Paris et déclarant la guerre « aux démolisseurs ». Son combat prendra une plus grande ampleur lors de sa vie politique dans la décennie 1840-1850. Le dénuement des humbles l'incite à se préoccuper de questions sociales au moment de la fondation du journal L'Evènement.
Il ne publie alors aucun livre nouveau jusqu’en 1852 se consacrant corps et âme à ses combats, en particulier sur « la questions sociale » et la justice. En 1843, il devient pair de France en 1843 puis il entre à l'Assemblée Nationale, ayant été élu député en 1848. Le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte – auquel il est alors opposé – change la donne. Victor Hugo doit prendre le chemin de l’exil, un chemin qui néanmoins lui permet de retrouver celui de la littérature.
Et cette littérature est avant tout une littérature polémique avec Napoléon le petit (1852) et Les Châtiments (1853). Avec cette œuvre diffusée clandestinement, il devient le chef spirituel des républicains français. Victor Hugo n’a de cesse de combattre « l’usurpateur » de son île Jersey, puis Guernesey. C’est aussi pour lui, le début d’une nouvelle vie marquée par la liberté et la solitude. Loin des milieux mondains et du monde de la littérature parisienne, il s’agit des années les plus fécondes de l’écrivain romantique. Il fait suite aux Châtiments avec Les Contemplations (1856), La Légende des siècles (1859) et son grand roman Les Misérables (1862).
Le retour triomphal de Victor Hugo
Suite à la défaite de Sedan et la chute de Napoléon III, Victor Hugo rentre en France en 1870, où il reçoit un accueil triomphal. De retour à Paris, Hugo se retrouve sans son épouse, décédée en 1868. En outre, en 1871, il perd un autre enfant, son fils Charles. Fervent républicain, il célébre la Commune de Paris avec l'Année terrible (1872). Et s’il ne joue un grand rôle politique comme il l’aurait souhaité, il n’en demeure pas moins un symbole vivant de la IIIe République naissante. Celle-ci reconnaît en lui le chantre qui lui convient pour faire l'unanimité face aux velléités des légitimistes et des tenants de l'ordre moral.
Suite à un mandat de sénateur en 1876 et quelques œuvres tardives comme l'Art d'être grand-père (1877), un recueil inspiré par la tendresse pour ses petits-enfants, il pose définitivement la plume en 1883, à la mort de sa maîtresse de toujours – depuis 1833 – Juliette Drouet, achevant par la même une correspondance épistolaire de dizaines de milliers de lettres avec elle. Le 22 mai 1885, Victor Hugo s’éteint d'une congestion pulmonaire. Il est salué comme représentant de la France, et glorifié par tous pour son œuvre démesurée.
Ses funérailles nationales, le 1er juin 1885, donnèrent lieu à un cortège d’une ampleur gigantesque. Plusieurs centaines de milliers de personnes rendirent hommage à la voix libératrice du « peuple », devenue et demeurant aujourd’hui encore une figure tutélaire de la France et de la littérature du XIXe siècle. Son cercueil reste plusieurs jours près de l’Arc de triomphe pour que les foules puissent lui rendre un dernier hommage. Sa dépouille sera plus tard inhumé au Panthéon.
Principales œuvres de Victor Hugo
- Hernani (1830)
- Notre-Dame de Paris (1831)
- Les Châtiments (1853)
- Les Misérables (1862)
Pour aller plus loin
- Victor Hugo, biographie d'Alain Decaux, 2010.
- Le monde selon Victor Hugo: Pensées, combats, confidences, opinions de l'homme-siècle, de Michel Winock. Texto, 2020.
- Victor Hugo, de Sandrine Fillipetti. Folio Biographies, 2011.