Danton, tribun de la Révolution
Georges Jacques Danton, né le 26 octobre 1759, est le fils d’un procureur du bailliage d’Arcis sur Aube. Élève des Oratoriens de Troyes puis étudiant en droit à Paris, avocat au Conseil du roi (1787), rien ne préfigure chez Danton, si proche des sommets de l’Ancien Régime, un engagement révolutionnaire. Pourtant, dès juillet 1789, l’avocat s’engage politiquement et harangue avec talent la foule parisienne. Durant les journées d’Octobre, il appelle son district, celui des Cordeliers, à prendre les armes. Devenu président du club des Cordeliers, qu’il a fondé en mai 1790, il gagne sans cesse en popularité, notamment grâce à ses qualités d’orateur.
A la tête du gouvernement révolutionnaire
Son rôle dans la préparation de la journée du 10 Août 1792 qui signe la fin de la monarchie demeure assez obscur. A l’en croire, il fut considérable. Au lendemain de l’événement, Danton entra au Conseil exécutif. Ministre de la Justice, il fut un véritable chef de gouvernement. Gardant son sang-froid dans le commencement de panique provoqué par l’invasion des Prussiens en Champagne, il ranima les énergies. Lors d’un célèbre discours à l’Assemblée législative, le 2 septembre 1792, il appelle avec passion à l’organisation de la défense de Paris et de la France : «Le tocsin qui sonne va se propager dans toute la France. Ce n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée ! ».
Élu député de Paris à la Convention en septembre 1792, il aurait voulu maintenir la collaboration entre Girondins et Montagnards, mais la méfiance à son égard des chefs de la Gironde, en particulier de Mme Roland, le rejeta vers la Montagne. Cependant, il n’en partage pas l’extrémisme, sauf sur la question de la Défense nationale. En dépit de sa modération, il vote la mort du roi Louis XVI en janvier 1793. Le même mois, il se prononce à la Convention pour une annexion de la Belgique, en invoquant la théorie des «frontières naturelles».
Entre terreur et conciliation
Attaqué par la Gironde, qui le dénonçait, non sans raisons, comme un ministre concussionnaire, il dut s’appuyer de plus en plus sur les Montagnards, bien qu’il fût déjà favorable à des mesures de compromis et à la recherche d’une paix négociée. C’est lui qui fit décider la création au Comité de salut public (6 avril 1793), dont il allait être, jusqu'en juillet, le président de fait. Il ne prit aucune part active à l’élimination des Girondins, mais laissa faire, comme en septembre 1792. En réalité, fl s’efforçait de retarder l’heure du gouvernement révolutionnaire, allant jusqu'à demander la suppression des comités de surveillance et faisait des ouvertures secrètes au ministre des Affaires étrangères anglais, lord Grenville.
Danton jouit alors de la même notoriété que Maximilien de Robespierre. Mais il pâtit du fait qu’il ne sait pas, à la tête du Comité de salut public, établir une politique permettant de museler les contre-révolutionnaires. La Convention le blâme entre autres de n’avoir pas su prévenir la trahison de Dumouriez malgré l’enquête dont on l’a chargé en novembre 1792. Quant à ses coreligionnaires jacobins, ils lui reprochent son image de bon vivant enclin à s’enrichir, un travers contraire à l’idéalisation de la « vertu » révolutionnaire.
Le dernier combat de Danton
Le 10 juillet 1793, Danton est éliminé du Comité de salut public, où entrait Robespierre. Enrichi par la Révolution, remarié après quelques mois de veuvage avec une jeune fille de dix-sept ans, il s’éloigna un certain temps de la politique, ce qui nuisit beaucoup à sa popularité. Quand il revint à la Convention (novembre 1793), il s’opposa, comme Robespierre, à la politique de déchristianisation déclenchée par les extrémistes, mais il aspirait, lui, à la fin de la Terreur et à l’application de la Constitution de 1793. Il prône le retour à un gouvernement normal, s’appuyant sur les couches les plus larges de la bourgeoisie, assuré de survivre grâce aux victoires remportées aux frontières par les années révolutionnaires en cette fin de l’année 1793.
Dans la nuit du 29 au 30 mars 1794, Danton fut arrêté ainsi que ses amis, entre autres Desmoulins, Hérault de Séchelles, Fabre d’Églantine. Devant le Tribunal révolutionnaire, où il fut traduit le 2 avril, il se défendit avec une telle énergie que la Convention, craignant que son éloquence ne retourne la foule, vota en hâte un décret permettant de juger hors des débats tout prévenu qui insulterait la justice du peuple. Sans avoir pu se faire entendre, il fut donc condamné à mort et exécuté le 5 avril 1794. «Tu montreras ma tête au peuple, dit-il au bourreau, elle en vaut la peine. »
Bibliographie
- Danton: Le géant de la Révolution, de David Lawday. Albin Michel, 2012.
- Danton - Le mythe et l'Histoire, de Michel Biard. Armand Colin, 2016.
- Danton: Histoire, mythes et légendes, de Serge Bianchi. Ellipses, 2021.