Les origines des aztèques
Les Aztèques ont hérité des Toltèques, artisans qui excellent dans l’art de la peinture, de la sculpture et de l’écriture pictographique. Ces derniers ont vécu dans les Hautes Terres du Mexique et ont fondé la ville de Tula en 980. L’univers toltèque est composé à la fois de nomades et de sédentaires, ainsi que de barbares. Ils vénèrent Quetzalcóatl, le dieu serpent à plumes et ont été dirigés par un prêtre du même nom jusqu’au XIIe siècle. Suite à une fracture interne et à des rivalités, ce prêtre s’enfuit pour se réfugier dans le Yucatan. L’empire finit par s’effondrer et les Toltèques se dispersent.
Tenochtitlan, capitale de l'Empire aztèque
La ville aztèque du nom de Mexico-Tenochtitlan est construite en 1370, et domine le golfe du Mexique. Elle s’appelle ainsi en l’honneur du prêtre Tenoch, guide de l’expédition. En 1375 Acamapichtli est le premier souverain aztèque, probablement d’origine toltèque, incarnant Quetzalcóatl. Soumis par une puissance régionale, l’Empire aztèque finit par se détacher de la tutelle d’Azcapotzalco, grâce à l’instauration de la Triple Alliance. Cette dernière, composée de Tenochtitlan et des deux alliées : Texcoco et Tlacopan, brise la puissance tépanèque en 1428.
En raison de son emplacement et de son niveau élevé d’organisation, la cité de Tenochtitlan prospère. À l’époque où les Espagnols commencent leurs conquêtes, en 1519, le grand marché de Tlatelolco (cité incorporée à la capitale Tenochtitlan) attire quotidiennement jusqu’à 60 000 personnes. Les marchandises arrivent entre les mains des Aztèques en paiement de tributs versés par les territoires conquis, et de nombreuses marchandises sont exportées de la cité pour être vendues dans d’autres régions de l’Empire aztèque et de l’Amérique centrale.
Une religion tournée vers le sacrifice humain
Les Aztèques sont polythéistes et se considèrent comme le peuple élu du Soleil. Selon le mythe, à l’origine le soleil n’existait pas. Ce sont les dieux qui, une fois réunis à Teotiwacan se sont sacrifiés pour éclairer le monde. Afin de régénérer le cosmos, les Aztèques renouvellent sans cesse le sacrifice divin pour empêcher le retour des Ténèbres. La cérémonie a lieu au sommet du grand temple sur la pierre sacrificielle où un prêtre ouvre la poitrine pour récupérer le cœur de la victime et le faire cuir dans une urne de pierre. Les victimes portent les vêtements et ornements du dieu choisi. Il peut s’agir de prisonniers capturés lors des guerres fleuries, d’esclaves ou d’aztèques censés incarner l’image du dieu.
Les sacrifices ont également des fonctions économiques et politiques. Ils doivent assurer le retour régulier de la pluie sur les cultures, et maintenir la domination aztèque en éliminant physiquement les prisonniers de guerre. Aucune civilisation précolombienne n’a autant pratiqué les sacrifices que les Aztèques qui en ont fait une véritable institution. Ces rites ont horrifié les espagnols, qui en tant que catholiques ont interprété ces sacrifices comme une perversion démoniaque et non comme un acte sacré.
La civilisation aztèque : une société prospère et hiérarchisée
Chaque aztèque a un rang social défini mais temporaire, qu’il a le pouvoir de modifier. En effet, la société aztèque fonctionne selon le principe de méritocratie : la noblesse n’est pas héréditaire et se gagne au combat. Ramener des captifs dans l’Empire offre un rang et de la dignité. Cette société est divisée en une vingtaine de clans appelés Calpulli qui possèdent chacun un chef. Au sommet de la hiérarchie se situent Moctezuma et les membres du lignage royal, ensuite se placent les prêtres et les seigneurs qui gagnent leur noblesse au combat, après vient le peuple « l’homme commun » qui est imposable, et enfin les esclaves. Les parures et les vêtements permettent de déterminer l’appartenance sociale.
La langue aztèque appartient à la branche nahuatl de la famille uto-aztèque (voir langues amérindiennes). Les Aztèques utilisent une écriture idéographique, qu’ils transcrivent sur du papier ou des peaux animales. Leur littérature est transposée sur des manuscrits appelés « codex » (Codex Borbonicus, Codex Boturini, Codex Mendoza etc.). Elle est souvent épique, religieuse, lyrique ou mythologique, et riche en métaphores et en symboles. Le calendrier aztèque, d'origine maya, est divisé en 365 jours.
Conquête espagnole et chute de l'Empire aztèque
Lorsque le conquistador Hernán Cortés arrive chez les Aztèques au début du xvie siècle, il s’allie à des peuples tributaires qui souhaitent s’émanciper du joug impérial. Ensemble, ils entrent dans la capitale Tenochtitlan le 8 novembre 1519 ; Hernán Cortés y est considéré comme un dieu et reçu avec les honneurs dignes d’un tel rang, l’empereur Moctezuma II voyant en lui une réincarnation du « Serpent à plumes » (Quetzalcoatl).
Malgré un premier contact pacifique, les relations entre Aztèques et Espagnols se dégradent rapidement. La brutalité de Pedro de Alvarado, lieutenant de Cortés installé dans la capitale, amène les Aztèques à fomenter une révolte contre les Espagnols, mais également contre le pouvoir impérial. L’empereur aztèque Moctezuma II est lapidé. Puis, dans la nuit du 30 juin 1520 — la Noche triste ou « nuit triste » —, les Aztèques conduits par le neveu de Moctezuma, Cuauhtémoc, chassent les Espagnols de Tenochtitlan. Finalement, le 13 août 1521, la capitale est conquise par les troupes de Hernán Cortés, et Cuauhtémoc, le nouvel empereur, est capturé et emprisonné. Le conquistador espagnol fonde, à l’emplacement de la capitale détruite, la ville de Mexico.
De nos jours, au Mexique, les derniers Aztèques, environ un million de personnes, vivent en minorité et se perdent dans la masse des populations métisses. Ils ont conservé la langue aztèque-nahuatl, et leur religion est un mélange de tradition aztèque et de catholicisme. Ils revendiquent la reconnaissance de leur peuple ainsi que la restitution de certaines pièces dont la couronne de plume présentée comme celle de Moctezuma et exposée au musée d’ethnologie de Vienne.
Bibliographie
- Les Aztèques, de Jacques Soustelle. Que-sais-je, 2020.
- Le destin brisé de l'empire aztèque, de Serge Gruzinski. Gallimard, 2010.
- Histoire de la Conquête du Mexique: La découverte et la chute de l'empire aztèque, de William-H Prescott. Perseides, 2022.