L’Empire inca a été fondé au XIIe siècle par les Quechuas, peuple originaire de la vallée de Cuzco, au Pérou. Cette civilisation précolombienne s’étendait le long des Andes sur près de 5 000 kilomètres, de l’équateur au chili central et était reliée par un réseau de routes et de ponts suspendus. Au XVe siècle, sous l’action du dieu souverain Vira cocha, il connaît une croissance importante et s’enrichit de nombreux territoires et de nouveaux peuples. Son apogée date du début du XVIe siècle. En dépit de sa richesse et de sa puissance, l’empire inca ne dura qu’un siècle avant de succomber sous les coups de Pizarro et des conquistadors espagnols. Les principaux sites historiques des incas sont Cuzco, la capitale, où est construit un célèbre temple du Soleil, et la cité forteresse de Machu Picchu.
Les incas, un peuple andin
Les incas étaient les héritiers de traditions culturelles remontant aux premières communautés de pêcheurs et d’agriculteurs originaires des plaines de la côte du Pérou, vers 1800 av.J.-C. Les archéologues y ont identifié différentes cultures, comme celle de Chavin (850-200 av. J.-C.), dont l’art, caractérisé par d’étranges dieux-animaux, se retrouve à travers le Pérou septentrional et central. Vers 100 avant notre ère, les Mochicas fondèrent sur la côte péruvienne ce qui allait devenir un puissant État. Ils étaient gouvernés par des prêtres-guerriers et créaient de merveilleux objets en or, en pierre semi-précieuse, en poterie, ainsi que de magnifiques textiles.
Ils furent conquis vers 600 apr J.-C. par les Huari qui renversèrent d’autres États, comme celui des Nazcas, pour bâtir un empire qui s’étendait jusque dans les hauteurs des Andes. La présence des Huari à cet endroit empêcha l’empire andin de Tiahuanaco de s’étendre vers le nord. Tiahuanaco était une cité proche du lac Titicaca, comptant quelque 20000 à 40 000 habitants et des temples, des tombeaux et de beaux palais de pierre taillée. Vers l’an 1000, ces deux empires se disloquèrent en de petits États locaux. Le plus puissant de ces États était l’Empire Chimú, situé dans la vallée de la Moche, qui émergea au début du XIIIe siècle et finit par s’étendre sur plus de 1000 kilomètres des plaines bordant la côte péruvienne.
On sait peu de choses sur l’histoire ancienne des Incas. Selon toute vraisemblance, Ils seraient issus d’une tribu guerrière qui résidait dans la région des plateaux, au sud de la Cordillère centrale du Pérou. Selon la légende, Manco Cápac les conduisit hors des grottes qu’ils habitaient dans les montagnes pour les faire s’établir à Cuzco, dans une vallée fertile de la cordillère des andes. Nul ne sait si Manco Cápac a réellement existé; si c’est le cas il vécut vers 1200, à l’époque de la formation de l’état chimú. Pendant plus de deux siècles, l’influence de la tribu inca n'excède guère quelques dizaines de kilomètres autour de sa capitale.
L’expansion commence véritablement au début du XVe siècle, à la fin du règne du huitième empereur inca, Viracocha inca. Durant les règnes de Pachacutec Yupanqui (1438- 1471) et de son fils Tupac Yupanqui (1471- 1493), deux habiles guerriers, les incas commencent à soumettre les tribus environnantes. Symbole de cette réussite, la capitale Cuzco se couvre de palais et de temples somptueux. Durant le règne de Tupac Yupanqui, l’Empire avait atteint ses limites naturelles, même si Huayna Cápac (1493-1525) fit encore quelques conquêtes mineures.
La civilisation inca
La société inca était extrêmement hiérarchisée. L’empereur (l’Inca) prétendait descendre du dieu du Soleil, Inti, et jouissait de pouvoirs incontestés. Les Incas pensaient que leur capitale, Cuzco, était le centre de la Terre. Au-dessous de l’inca se trouvaient les gouverneurs des “Quatre Directions”, les principales divisions de l’Empire, puis plusieurs aunes castes de fonctionnaires qui allaient en décroissant jusqu’au rang de “contremaître”, chaque fonctionnaire étant responsable de la supervision de dix familles Les terres arables étaient divisées en trois parties : une première partie destinée à subvenir aux besoins de l’État, une deuxième, à ceux des prêtres et une troisième, à ceux du peuple.
Tous les Incas, les hommes comme les femmes, payaient des “impôts” en ce sens qu’ils travaillaient sur les terres possessions de l’État et des dieux.
Les hommes en bonne santé devaient également travailler dans des “détachements” appelés mit’a. On pouvait exiger d’eux qu’ils construisent des routes ou des forteresses, qu’ils arrangent en terrasses des flancs de montagne escarpés pour de nouveaux champs ou qu’ils bâtissent des canaux d'irrigation. Ce système permettait aux Incas de maintenir à plein temps une vaste armée dans les champs, pendant de longues périodes, ce qui leur donnait une supériorité sur leurs adversaires.
Les femmes étaient tenues de réaliser des travaux d’artisanat tels que le tissage - les fins textiles étaient très prisés et considérés comme étant plus précieux que l’or. La fiscalité était administrée sans le concours de l’écriture. Les comptes étaient tenus au moyen d’un “quipu”, un système élaboré de cordelettes nouées. Des cordes de différentes couleurs représentent différentes sortes de biens, tandis que le nombre de nœuds sur chaque corde indiquait la quantité de vivres possédée ou distribuée.
L'économie et la religion
L'économie inca était fondée sur la culture intensive de pommes de terre et de maïs, qui ne pouvaient pousser ni à l’est dans la forêt amazonienne, tropicale et donc humide, ni dans la partie la plus au sud des Andes, très aride. Les incas pratiquent néanmoins l’élevage de lamas utilisés en qualité de bêtes de somme, alors que l’alpaga est domestiqué pour la qualité de sa laine.
Le réseau routier des incas œuvrant 20000 kilomètres, permettait aux années et aux messagers de se rendre rapidement dans toutes les régions de l’Empire. Les incas ne connaissant pas la roue, le transport de marchandises s'effectue à dos de lama ou d’alpaga. Les peuples conquis furent obligés d’adopter leur mode de vie et leur langue, le quechua, langue toujours très répandue dans les Andes.
La religion inca reposait sur le culte du dieu du Solaire, Inti, dont les empereurs se disaient les descendants. Son temple à Cuzco était entièrement recouvert d’or, le symbole du soleil. Viracocha, le dieu inca suprême est adoré comme le créateur de tout être vivant. Les autres divinités qui font l’objet d’un culte sont les dieux des Étoiles et du Temps, et les déesses de la Lune, des Moissons et de la Mer. Les cérémonies et rituels incas, nombreux et souvent très élaborés, sont principalement liés à l’agriculture et au déroulement des cycles saisonniers. Lors des cérémonies les plus importantes, des victimes sacrificielles, le plus souvent des animaux, mais aussi des hommes, sont offertes aux dieux.
Les sacrifices humains chez les incas
Les Espagnols prétendaient que les Incas sacrifiaient des enfants qu’ils choisissaient parmi les plus beaux. Ils emmenaient les filles et les garçons de leurs villages natals pour Cuzco où ils étaient “mariés” rituellement à l’inca pour garantir santé et fertilité au peuple. On les emmenait ensuite sur la cime d'une montagne sacrée, on les saoulait avec de l'alcool puis on les enterrait vivants.
Jusqu'à la découverte, en 1994, de la momie d'une petite fille de huit ans sur une montagne au Chili, on pensait que ces histoires étaient de la propagande anti-inca destinée à justifier l’anéantissement de la religion inca. Le corps de fillette fut retrouvé à 6 000 mètres d’altitude, conservé par le climat sec. Ses cheveux étaient noués en une longue natte attachée à sa ceinture par un fil de laine d’alpaga noir, et elle portait une coiffure déplumés. Des chaussons de cuir protégeaient ses pieds. Son châle était attaché par des épingles en argent au bout desquelles pendaient une boîte miniature et deux gourdes.
Les corps enterrés de deux autres enfants furent retrouvés plus tard sur la même montagne. Ils ont peut-être été sacrifiés ensemble. Bien que nous ne connaissions pas la véritable signification de ces enterrements sacrificiels, il se peut qu’ils représentent la relation symbolique existant entre l’inca et la Terre, la vie et la mort.
La chute de l'empire inca
Après la mort de Huayna Capac, une guerre de succession sanglante éclata entre ses fils, Atahualpa et Huascar. Atahualpa l’emporte finalement sur son frère en 1532, et monte sur le trône d’un empire considérablement affaibli et divisé. Le conquistador Francisco Pizarro débarque alors sur la côte péruvienne. Il va profiter des mêmes circonstances qui permirent à Cortés d’anéantir l’empire aztèque : les divisions internes au sein de l’aristocratie, les croyances qui font des hommes blancs les égaux des dieux, ainsi que de la supériorité militaire espagnole (armures et armes à feu).
Bien que ne disposant que de 180 hommes, Pizarro fait la capture d’Atahualpa le 16 novembre 1532 lors d’une rencontre entre la petite expédition espagnole et la délégation inca. L’acte d’une audace inouïe de Pizarro paralysa l’empire inca, incapable d’organiser une résistance efficace dans un empire démesuré et mal pacifié. Le conquistador finit par faire exécuter Atahualpa et, en 1536, Cuzco tomba aux mains des Espagnols.
La résistance se maintint quelques années dans les montagnes autour d’un nouvel inca, Manco Capac II, mais sera réduite par les revers militaires et la petite vérole et d’autres maladies importées par les Espagnols qui firent des ravages parmi la population. Le dernier fils du soleil, Túpac Amaru, est décapité par les espagnols en 1572. Les Espagnols pillèrent et détruisirent les temples incas, tout en imposant le christianisme.
De nos jours les coutumes incas subsistent toujours chez les peuples andins, et les dieux incas ont gardé leur place dans les rituels chrétiens. Parmi les vestiges architecturaux remarquables qu’ont laissé les incas , on peut citer la ville de Cuzco, la forteresse de Sacsayhuamán et le célèbre Machu Picchu, redécouvert en 1911 par un archéologue américain.
Perchée à plus de 2 000 m d’altitude dans les Andes péruviennes, la cité-forteresse de Machu Picchu (13 km2 de superficie) offre, outre un panorama grandiose sur les vallées et les crêtes environnantes, un témoignage exceptionnel sur la civilisation inca.
Pour aller plus loin
- Les Incas, de César Itier et Jean-Noël Robert. Les belles lettres, 2008.
- Les Incas, de Franck Garcia. Ellipses, 2019.
- La civilisation de l'empire inca, de Rafael Karsten. Payot, 1993.