Chevauchées dans les steppes
Les steppes, de vastes plaines semblables aux prairies d’Amérique du nord, s’étendent sur plus de 5000 kilomètres de la plaine du Danube, en Europe de l’est, à la Mandchourie, en orient, en passant par le sud de la Russie et l’Asie centrale. Le climat y est rigoureux, marquée par des hivers au froid intense et des étés torrides. Les steppes étaient habitées par des tribus de pasteurs nomades qui déplaçaient leurs troupeaux de chevaux et de moutons sur de grandes distances, à la recherche de gras pâturages, et commerçaient avec les peuples sédentaires établis près de leurs frontières.
Les conquêtes mongoles
Le guerrier des steppes le plus exceptionnel de tous les temps fut Temudjin, plus connu sous le nom de Gengis Khan. C’est en 1206 que ce chef de clan est proclamé khan après avoir réussi à unifier toutes les tribus mongoles sous son commandement, et prend son nom qui signifie « chef universel ». Chef militaire hors pair, Gengis créa ce qui était probablement l’armée de cavaliers la plus brillante qui ait jamais existé, qu’il mena sans relâche à travers l’Asie centrale, du nord de la Chine jusqu’en Asie et en Iran, lui faisant ensuite contourner la mer noire pour atteindre la mer caspienne et le sud de la Russie. Il conquit ainsi un empire territorial surpassant celui d’Alexandre le Grand.
Les anciennes villes commerçantes d’Asie centrale, dévastées, ne retrouvèrent jamais leur prospérité d’antan. De vastes régions de Chine du nord, de Perse et d’Irak furent dépeuplées, et la Russie fut reléguée à l’écart du courant dominant du développement culturel européen pendant près de deux siècles.
La domination mongole eut toutefois pour résultat de multiplier les contacts commerciaux et culturels entre la Chine et le reste du monde. Les mongols étaient moins hostiles aux chrétiens européens que les musulmans qui avaient contrôlé par le passé les routes commerciales traversant l’Asie centrale. Cela permit aux marchands européens, comme Marco Polo, de voyager pour la première fois en orient et d’en rapporter la connaissance et les technologies chinoises.
Démembrement de l’empire mongol
En 1235, la capitale de l’empire mongol fut établi à Karakorum, qui avait été le camp favori de Gengis Khan en Mongolie. Mais les immenses territoires mongols se révélèrent trop vastes pour que l’on puisse les gouverner efficacement d’un seul endroit, si bien que des khanats subordonnés furent créées pour administrer les conquêtes occidentales : le khanat de la Horde d’or en Russie (ainsi nommé semble-t-il en raison de la couleur de la tente du premier khan) l’Ilkhnat de Perse, le khanat de Djaghataï dans les steppes centrales. Leurs dirigeants étaient supposés relever de l’autorité du grand khan, mais ils s’étaient tous soustraits à son autorité directe lorsque Kubilaï devint khan en 1260.
Le pouvoir du grand khanat se limita alors au cœur des steppes orientales, la Mongolie. C'est était fini du rêve de conquête du monde pour les mongols.
Les campagnes de Tamerlan
Tamerlan (1361-1405), émir de Samarkand dans le khanat de Djagataî, fut le dernier des conquérants mongols. Bien qu’étant musulman et de parents turcs, il prétendait être le descendant de Gengis khan ; nomade, il passa la majeure partie de sa vie à faire campagne en Asie centrale et au Moyen-Orient pour tenter de reconstituer l’empire du grand khan.
En 1398, Tamerlan envahit l’Inde : il capture la ville de Delhi et massacre ses habitants. En 1401, il s’empare de la Syrie et, l’année suivante, vainc l’armée des Turcs ottomans. Tamerlan meurt en 1405 lors d’une attaque sur la Chine. Ses conquêtes marquent l’avancée territoriale maximale de l’Empire mongol.
Des artisans qu’il réduisit en esclavage furent emmenés à Samarkand pour couvrir la ville de mosquées, qui sont parmi les plus somptueuses du monde musulman, mais à en croire le folklore il faisait construire leurs tours avec les crânes de ses victimes. L’empire de Tamerlan, comme celui de ses prédécesseurs, s’éteignit avec lui. Ses campagnes laissèrent le monde musulman en ruines et portèrent un coup fatal au khanats occidentaux.
Au XVIe siècle, Babur (un descendant de Tamerlan) conquiert la péninsule indienne et fonde un nouvel empire : l’Empire moghol. C’est sous cet empire très raffiné qu’est notamment construit le célèbre Taj Mahal, à Agra.
Bibliographie
- De Jean-Paul Roux, Histoire de l'Empire mongol. Editions Fayard, 1993.
- De René Grousset, L'Empire des steppes : Attila, Gengis-Khan, Tamerlan. Perseides, 2022.
- De Dominique Farale, De Gengis Khan à Qoubilaï Khan : La grande chevauchée mongole. Economica, 2005.