Conférence de Yalta (4 au 11 février 1945)

Histoire Universelle | La Seconde Guerre Mondiale

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S'étant tenue du 4 au 11 février 1945, la conférence de Yalta qui réunissait les dirigeants de l'Union Soviétique (Joseph Staline), des Etats-Unis (Franklin Delano Roosevelt) et du Royaume-Uni (Winston Churchill), fut longtemps considérée comme le moment où l'ordre de l'après guerre fut mis sur pied. En réalité bien qu'important, cet évènement, ne fut qu'un épisode du long processus de négociations entre les futurs vainqueurs du second conflit mondial (de la Conférence de l'Atlantique à l'été 41, à celle de Postdam en juillet-août 45, en passant par celle de Casablanca en janvier 43, etc...). A Yalta, les enjeux principaux portèrent sur les modalités de la capitulation allemande et la mise en place de l'Organisation des Nations unies (ONU).

 

La conférence de Yalta

Yalta est une ville Crimée, située à proximité de Livadia, résidence d’été de Nicolas II. Elle devint au début du XXe un des lieux de séjour favoris de l’aristocratie russe. En février 1945, elle accueille la conférence qui réunit les trois grands chefs alliés de la Seconde Guerre mondiale, Roosevelt Churchill et Staline; le général de Gaulle et le général Tchang Kaï-chek n’avaient pas été invités. Les «Trois Grands» tombèrent d’accord sur les plans militaires concernant la défaite prochaine de l’Allemagne nazie, dont la capitulation devait être inconditionnelle.

L’Allemagne vaincue devait être partagée en quatre zones d’occupation (la France recevant une partie de la zone attribuée aux Américains). Toutes les forces militaires allemandes devaient être dissoutes et l’industrie de guerre allemande détruite (cependant les États-Unis abandonnèrent le plan Morgenthau, qui voulait réduire l'Allemagne à une économie purement agricole).

Les trois partenaires ne purent arriver à un accord sur le problème des frontières futures de la Pologne. En revanche, ils décidèrent qu’une conférence préliminaire à la fondation d’une Organisation des Nations unies se tiendrait à San Francisco en avril 1945; le principe du droit de veto au futur Conseil de sécurité fut adopté. L’U.R.S.S. s'engagea à entrer en guerre contre le Japon «deux ou trois mois» après la capitulation allemande, mais elle exigea en compensation la partie sud de l’île de Sakhaline, les îles Kouriles, la restitution de toutes ses positions perdues à la suite de la guerre russo-japonaise de 1904/05 et une administration commune soviéto-chinoise des chemins de fer mandchouriens.

Les conséquences de Yalta

Quand les documents de Yalta furent publiés, en 1946 et, plus complètement, en 1955, ces dernières dispositions soulevèrent une vive émotion aux Etats-Unis, où les républicains accusèrent l’administration Roosevelt d’avoir favorisé à Yalta la mainmise du communisme sur la Chine. Mais il faut se rappeler qu’au moment de la conférence de Yalta, la préparation de la bombe atomique n’était pas achevée Ça première explosion n’eut lieu que le 16 juin. 1945); Roosevelt devait donc faire face à l’éventualité d’une guerre encore longue et dure contre le Japon, et l’aide de l’U.R.S.S. lui semblait indispensable pour obtenir la victoire en Extrême-Orient, d'où les larges concessions faites à Staline. On a dit également que les accords de Yalta auraient impliqué un véritable partage du monde entre Américains et Soviétiques. En fait, rien dans le contenu des accords ne laissait apparaître, directement ou indirectement, un tel partage du monde ni même une répartition de sphères d’influence entre les trois puissances participant à la conférence.

La «Déclaration sur l’Europe libérée», approuvée à Yalta, prévoyait au contraire une participation tripartite à tous les conseils de contrôle et à l'administration de tous les anciens États ennemis en Europe. Loin d’abandonner l’Europe orientale à l'U.R.S.S., elle affirmait, conformément aux principes de la Charte de l'Atlantique, le «droit de tous les peuples à choisir la forme de gouvernement sous lequel ils devront vivre», et la «restauration des droits souverains et de l’autonomie chez les peuples que des pays agresseurs en ont privés par la force». La division de l’Europe en deux blocs ne résulta pas des accords de Yalta mais de la «guerre froide», laquelle était inévitable dès lors que Staline, après 1945, non pas en vertu mais au mépris des accords de Yalta, avait commencé à imposer des structures «socialistes» dans les pays de l’Europe orientale occupés par l’armée rouge.

Cette conférence de Yalta est révélatrice du rapport de force entre les trois grands et elle annonce à certains égards la Guerre Froide. Face à un Staline en position de force, Churchill ne parvient qu'à arracher des concessions minimales (que l'on pense à la Pologne) tandis que Roosevelt déjà gravement malade promeut son concept de sécurité collective et d'Organisation des Nations Unies.

Bibliographie

1945, de Yalta à Potsdam, des illusions à la guerre froide, d' Arthur Funk. Complexe, 1999.

Yalta ou le partage du monde, d'Arthur Conte. Saint-Clair, 1974.

Conférence de Yalta: Joseph Staline, Winston Churchill, Franklin Delano Roosevelt, Palais de Livadia, Yalta, Mer Noire, Crimée, Conférences interalliées.

 

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