Fin de l'isolationnisme au Japon
Depuis l’expulsion des marchands et missionnaires portugais au XVIIe siècle, le Japon n’entretient que de timides relations avec le reste du monde, refusant les influences étrangères et le progrès technologique. En 1853 puis en 1854, une flotte de navires de guerre américains commandés par l’amiral Perry contraint le japon à sortir de son isolement à coups de canon. Le shogun, responsable politique et militaire, n’a d’autre choix que d’ouvrir deux ports au commerce venant de l’étranger. Suivront plusieurs traités avec d’autres puissances occidentales.
L'ère Meiji : la modernisation forcée
Le Japon entame alors à marche forcée sa modernisation, exploitant –déjà- les découvertes et techniques industrielles occidentales. La première ligne de chemin de fer est ouverte en 1872 et parallèlement, le Japon constitue une armée et une marine des plus modernes. Cette évolution rapide est vite limitée par la faiblesse des ressources en matières premières de l’archipel, qui conduit le japon sur la voie de l’impérialisme, en quête de ressources pouvant assurer son développement.
Après s’être emparé des iles Kouriles et Ryukyu, le Japon entre en guerre contre la Chine en 1894 afin de soutenir la volonté d’indépendance de la Corée. La flotte chinoise est mise en déroute lors de la bataille de la mer Jaune. Le Japon s’empare de l’île de Taiwan et s’assure du contrôle de la Corée jusqu’à son annexion pure et simple en 1910, la péninsule représentant un point d’entrée stratégique sur le continent asiatique.
Pendant la première guerre mondiale, le Japon se range aux côtés des alliés. A l’issue du conflit, il obtiendra en récompense les possessions allemandes en Chine, qui sont loin de satisfaire sa volonté d’expansion territoriale. En 1931, profitant de la guerre civile qui ravage la Chine, le Japon occupe la Mandchourie, y instaurant un état fantoche avec l’ex-empereur de Chine Puyi à sa tête. Cette initiative sera unanimement condamnée par la communauté internationale, et le Japon finira par faire une sortie théâtrale de la Société des Nations.
La poussée du nationalisme au Japon
Fortement teinté d’un nationalisme organisé autour du culte de l’empereur depuis la restauration meiji, le très autoritaire et militaire régime japonais se rapproche tout naturellement des dictatures fascistes européennes, et conclut avec l’Allemagne et l’Italie une alliance en 1936. Ce rapprochement, qui le sort de l’isolement diplomatique, permet au Japon de déclencher une guerre d’envergure contre la Chine. Les nationalistes et les communistes chinois sont contraints à une alliance, mais ils sont incapables d’empêcher le Japon de s’emparer de la quasi-totalité du nord-est du pays.
Les japonais commettent lors de cette invasion de nombreuses exactions, en particulier contre les civils, soumis à des bombardements et des massacres aveugles. Ainsi, lors du seul épisode de Nankin, ce sont presque 200.000 chinois qui sont brutalement exterminés, dans l’indifférence quasi générale de la communauté internationale. Les territoires occupés sont méthodiquement mis en coupe réglée au bénéfice du Japon. Mais son gigantesque complexe militaro-industriel manque encore cruellement de matières premières.
La guerre totale et la fin de l'impérialisme japonais
Le Japon, après s’être assuré de la neutralité soviétique et avoir rejoint les forces de l’axe, lance une audacieuse attaque sur la base navale de Pearl Harbor le 6 décembre 1941 pour prévenir une intervention américaine. Les japonais s’emparent rapidement des Philippines, des Indes hollandaises, de la Malaisie et de la Birmanie, menaçant l’Inde britannique.
Un bras de fer sanglant s’engage entre le Japon et les Etats-Unis, ponctué de multiples atrocités commises contre les civils et les prisonniers de guerre alliés, et qui ne connaÏtra son terme en 1945 qu’après l’explosion de deux bombes atomiques sur Nagasaki et Hiroshima. Une issue tragique pour une histoire qui commença un siècle plus tôt lorsque que des bâtiments de guerre américains canonnèrent des ports japonais.
Bibliographie
- Histoire du Japon , des origines à Meiji de Vié Michel, PUF, 2018.
- Histoire du Japon et des Japonais, tome 1 de Edwin O. (Edwin Oldfather) Reischauer, Points Histoire, 2014.