La Russie dans la Première Guerre mondiale
Engagée dès le début de la Première Guerre mondiale aux cotés des alliés, l’armée russe subit de graves revers, notamment en Prusse orientale où elle est totalement écrasée à Tannenberg (août 1914). La situation s’aggrave en 1915 et la guerre, supposée être brève, commence à faire ressentir ses effets dans l’empire. Sur le front germano russe, les difficultés d’approvisionnement et la mauvaise logistique jointes à l’incurie des chefs militaires encouragent les désertions massives.
La révolte du peuple russe contre le gouvernement impérial bouleverse les données au cours de l’année 1917. En mars, un gouvernement provisoire est mis en place, et le tsar Nicolas II est contraint d’abdiquer. Le nouveau pouvoir poursuit la guerre et, en juillet, le général Broussilov lance une attaque en Galicie et en Bucovine. Mais les territoires conquis sont rapidement repris par les forces austro-allemandes.
Le 3 septembre, les Allemands s’emparent de Riga, défendue par le général Kornilov ; en octobre, ils envahissent la plus grande partie de la Lettonie, ainsi qu’un grand nombre d’îles russes en mer Baltique. Le 7 novembre (selon le calendrier grégorien), le parti bolchevique, dont l’une des principales revendications est l’arrêt de la guerre, prend le pouvoir. Convaincu de la nécessité de la paix immédiate pour donner un avenir à la révolution d'Octobre, son chef Lénine est déterminé à engager des négociations de paix avec l'Allemagne.
Le traité de Brest-Litvosk et ses conséquences
Le traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918) était désastreux pour la Russie, qui perdait toute la Pologne, la Lituanie, les pays Baltes, une partie de la Biélorussie, cédait Batoum, Kars et Ardahan à la Turquie, reconnaissait l’indépendance de la Finlande et de l’Ukraine, se voyait ainsi privée de 90% de sa production houillère, de 70% de sa métallurgie, de 55% de ses richesses agricoles. L’œuvre menée depuis trois siècles par les tsars semblait anéantie et la Russie des soviets était désormais, en Europe, plus petite que la Moscovie à l’avènement d’Ivan le Terrible
Cette paix sur le front de l'est, qui permettait à quarante divisions austro-allemandes d’être distraites du front oriental et dirigées vers l’Ouest, fut naturellement regardée comme une trahison par les Alliés, qui allaient désormais apporter leur soutien à toutes les forces contre-révolutionnaires. La révolution d’Octobre avait d’ailleurs provoqué une stupeur en Occident, où elle était unanimement dénoncée. Fidèle à son radicalisme, Lénine semblait tourner le dos au reste du monde.
Le transfert de la capitale à Moscou (12 mars 1918) parut, aux yeux de l’Occident, le symbole d’une régression de la Russie à la barbarie primitive, après l’époque des lumières ouvertes par Pierre le Grand. Le 13 novembre 1918, après la défaite des Empires centraux, le traité de Brest-Litovsk fut annulé par le gouvernement soviétique, qui s'attacha dès lors à reconquérir les territoires perdus. Le traité de Versailles, qui mit fin à la Première Guerre mondiale, déclara également nul le traité de Brest-Litovsk.
Pour aller plus loin
- La Grande Guerre oubliée, de Alexandre Sumpf. Tempus, 2017.
- Histoire de la guerre civile russe: 1917 - 1922, de Jean-Jacques Marie. Texto, 2022.