Aux origines de la Ligue arabe
L’idée de former une ligue entre les pays arabes remonte à 1943 et émane du gouvernement égyptien de l’époque. L’Égypte et certains autres pays arabes souhaitaient établir entre eux une coopération plus étroite qui ne porte toutefois pas préjudice à la souveraineté de chaque État comme dans une union totale. La charte constitutive de la Ligue prévoyait la création d’une organisation régionale d’États indépendants qui n’était ni une union ni une fédération.
Parmi ses buts figuraient l’engagement en faveur de l’accession à l’indépendance de tous les peuples arabes sous domination étrangère et la lutte contre toute tentative de création d’un foyer national pour la minorité juive en Palestine (alors sous mandat). Il était prévu que les membres de la Ligue forment un conseil de défense commun, un conseil économique et un commandement militaire permanent.
Fondation et organisation de la Ligue arabe
La Ligue arabe est fondée au Caire (en Égypte) le 22 mars 1945 par l’Égypte, l’Irak, le Liban, l’Arabie Saoudite, la Syrie, la Transjordanie (devenue la Jordanie en 1950) et le Yémen-du-Nord. D’autres pays y adhèrent par la suite : la Libye (1953), le Soudan (1956), le Maroc et la Tunisie (1958), le Koweït (1961), l’Algérie (1962), le Yémen-du-Sud (1967), Bahreïn, Oman, le Qatar et les Émirats arabes unis (1971), la Mauritanie (1973), la Somalie (1974), Djibouti (1977) et les Comores (1993). L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) y est admise en tant que membre à part entière en 1976. Depuis 2011, la Syrie est suspendue de la Ligue arabe en raison de la guerre civile.
La Ligue arabe axe ses programmes politiques, économiques, culturels et sociaux sur la promotion des intérêts des États membres. L’organisation sert de forum à ses membres pour coordonner leurs politiques, délibérer sur des questions d’intérêt commun, limiter et régler les conflits.
Un monde arabo-musulman divisé
On retrouve en effet au sein de la Ligue arabe des oppositions entre républicains et royalistes, mais aussi de profondes mésententes étatiques, telles que la relation conflictuelle qu'entretiennent la Syrie et le Liban ou bien l'Algérie et le Maroc. D'autre part avec le renversement des monarchies Égyptiennes (1953) et Irakiennes (1958) par des mouvements nationalistes et modernistes (d'inspiration "socialiste") une profonde divergence idéologique va encore affaiblir cette Ligue bien disparate.
Les années 60 seront celles d'une sourde rivalité opposant un camp Nassérien (et pro-Soviétique) à un camp Pro Occidental avec à sa tête la très conservatrice Arabie Saoudite. Cette rivalité, manière de guerre civile interne à la nation arabe trouvera notamment à s'exprimer au cours de la guerre civile au Yemen du Nord, opposant forces pro gouvernementales soutenues par l'Egypte et rebelles Badristes soutenus par l'Arabie Saoudite.
Malgré son expansion constante, puisqu'elle comprend aujourd'hui 22 états membres, La Ligue Arabe peine à s'ériger en acteur de poids sur la scène internationale. Elle n'a ainsi guère eu d'influence sur les diverses tentatives de règlement du conflit Israëlo-Palestinien, dont elle est pourtant partie prenante depuis 1948. Plus de 60 ans après sa création on ne peut d'autre part que constater son échec à affirmer l'unité d'une nation arabe encore largement chimérique.
Pour aller plus loin
- Atlas des pays arabes : Un monde en effervescence, de Mathieu Guidère. Autrement, 2015.
- Géopolitique du Monde Arabe, de Georges Mutin. Ellipses, 2012.