Déclenchée le 6 octobre 1973, jour de la fête juive de Yom Kippour, la guerre du Kippour est la quatrième guerre opposant Israël et les pays arabes voisins. Prenant l'initiative, ces derniers ont pour objectif de récupérer les territoires perdus en 1967. Il faudra à l'État hébreu plus de trois semaines pour repousser ses adversaires, au prix de lourdes pertes. Bras de fer régional, ce conflit aura aussi d’importantes répercussions globales et déclenchera le premier choc pétrolier à l'origine d'une crise économique en occident. Conflit mécanisé de haute intensité, la guerre du Kippour constituera aussi une mise au banc d’essai pour toute une série de matériels et de doctrines qui règnent encore aujourd’hui sur les champs de bataille.
Le contexte de la guerre du Kippour
Lorsque les canons de la guerre des Six jours se taisent le 10 juin 1967, Israël apparait comme triomphant. Ayant défait une coalition panarabe en moins d’une semaine ses forces armées passent pour invincibles. Avec l’occupation de la péninsule du Sinaï, du Golan, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, Tel Aviv s’est dotée d’un glacis protecteur et de frontières bien plus aisées à défendre. Cependant les dirigeants israéliens n’ignorent pas que leurs principaux adversaires arabes (à savoir l’Egypte et la Syrie) refusent cet état de fait et entendent récupérer leurs territoires la tête haute.
Ainsi la fin des années 60, voit la région s’enfoncer dans une paix armée, prélude à un nouvel affrontement. Du côté Israélien, cela se traduit par l’établissement de positions fortifiées notamment sur la rive orientale du canal de Suez : la ligne Bar Lev.
A Damas et au Caire on entreprend aussi une intense préparation à ce nouveau round de la longue guerre israélo-arabe. Si les Israéliens sont abondamment équipés de matériel occidental, l’Union Soviétique fournit les équipements et les conseillers nécessaires à la renaissance des armées arabes. Chasseurs MIG 21, chars T 55 et T 62 et surtout des milliers de missiles anti-char et anti-aériens sont livrés, à des conditions généreuses aux égyptiens et aux syriens. Néanmoins les calculs des différents acteurs sont ambivalents et parfois contradictoires.
Si les soviétiques entretiennent la préparation et l’effort de guerre arabe (Israéliens et Egyptiens se livrent alors une guerre d’attrition de faible intensité de 1967 à 1970), ils ne souhaitent cependant pas laisser éclater une crise ouverte. Sceptiques sur les chances de réussite puissances arabes, ils tentent de maintenir un relatif statu quo, plus favorable au maintien de leur influence dans la région. A Damas, l’équipe d’Hafez El Assad, le dictateur Baasiste et Alaouite, on est résolu à une nouvelle guerre pour récupérer le Golan. Les motivations du Caire sont elles plus complexes.
Surprendre Israël
Le successeur de Nasser (mort en 1970), Anouar El Sadate a pu constater l’ampleur de la crise politique provoquée par la défaite humiliante de 1967. Au fait des difficultés économiques du pays et du relatif échec de tout un pan des politiques nassériennes, Sadate sait un effondrement de l’Egypte possible. Il envisage pour le conjurer de profondes réformes, probablement impopulaires.
Conscient qu’un alignement pro-occidental pourrait être plus bénéfique sur le long-terme que le flirt nassérien avec Moscou ; le nouveau président Egyptien conçoit une nouvelle guerre contre Israël comme un moyen de sortir son pays d’une situation difficile. Il s’agit non seulement de récupérer le Sinaï, mais aussi de lui fournir la légitimité nécessaire à la conduite des ses grands projets de politique intérieure et étrangère.
Pour les deux superpuissances, la perspective d’un nouveau conflit israélo-arabe n’a rien de réjouissante. Nixon comme Brejnev craignent de graves répercussions économiques, notamment sur le cours du pétrole (craintes renforcées par la décision de l’OPEP d’augmenter drastiquement le prix du baril en 1973). La nucléarisation officieuse mais réel d’Israël, représente un motif d’inquiétude supplémentaire.
Ainsi à l’été 1972, l’Union Soviétique et les Etats-Unis font savoir, d’un commun accord, qu’elles soutiennent un règlement pacifique du conflit et le maintien temporaire du statu quo. Au Caire, où l’on prépare la guerre intensivement, la réaction est immédiate : les conseillers militaires soviétiques quittent le pays (ils restent cependant en Syrie). Pendant l’année qui va suivre la tension monte graduellement à mesure que chacun des belligérants peaufine ses plans de guerre. Moscou comme Washington se révèlent impuissants à désamorcer une crise, devenue inévitable.
On a souvent écrit que l’attaque des égyptiens et des syriens, le 6 octobre, avait constitué une surprise totale pour Israël. En réalité, même si celle-ci est déclenchée un jour férié, l’état major de Tsahal a prévu de longue date une offensive arabe et les moyens d’y faire face. Cependant on ne peut que constater l’échec des services de renseignement israéliens à saisir les modalités et le calendrier de l'offensive arabe. Désorienté par les manœuvres répétées des armées égyptiennes et syriennes, le leadership Israélien, fait aussi les frais d’une campagne d’intoxication mené par le Caire et Damas.
On suppose ainsi à Tel Aviv, que les puissances arabes jouent la montre en attendant la livraison de nouveaux matériels soviétiques. L’armée égyptienne, privée de ses conseillers soviétiques est jugée affaiblie (en réalité, elle a gagné en qualité notamment grâce aux purges dont on fait les frais, les généraux incompétents de 1967). De plus le premier ministre Golda Meir se refuse à une nouvelle attaque préventive, de peur de se couper des Etats-Unis et de l’Occident. Résultat en ce jour du grand pardon de 1973, l’armée israélienne se retrouve dans une situation délicate, prise en étau sur deux fronts.
Guerre du Kippour : le front du Sinaï...
6 octobre 1973 à deux heures de l’après midi en ce jour sacré du calendrier judaïque, l’armée égyptienne, sure de sa supériorité numérique, lance l’opération Badr. 200 avions de combat frappent brutalement le dispositif de Tsahal dans la zone du canal de Suez et dans le sud du Sinaï. Loin au nord, l’armée syrienne entame elle son assaut des hauteurs du plateau du Golan. L’opération Badr que lancent les Syro-Egyptiens est le fruit d’une intense réflexion menée sur l’échec de 1967.
Convaincus que l’arme aérienne a représenté le plus gros atout des Israéliens, les Egyptiens mettent en place un véritable bouclier anti-aérien à l’aide de batterie de missiles SAM, censé couvrir les troupes qu’ils vont engager contre la ligne Bar-Lev. Pour percer cette dernière, le Caire aligne un génie d’assaut, doté de matériel innovant (dont des canons à eau conçus pour détruire les replats sablonneux mis au point par les Israéliens). Enfin anticipant sur une riposte blindée de Tsahal, l’armée égyptienne a abondamment pourvu ses unités de 1ére ligne (qui resteront sans soutien blindé pendant près de 12 heures) de missiles anti-char dont le potentiel est négligé du côté adverse.
Résultat lorsque la rive orientale du canal du canal de Suez est prise d’assaut le 6 octobre la défense de Tsahal se révèle relativement inefficace. Privées du soutien habituel de l’aviation, confrontées à des raids audacieux de commandos héliportés sur leurs arrières, les unités Israéliennes ne peuvent que reculer face aux 2e et 3e armées égyptiennes. Au matin du 7 octobre, près de 850 blindés égyptiens ont déjà franchi le canal de Suez. Les forces du général Gonen (commandant des forces du Sinaï) et notamment la 162e division blindée (dirigée avant guerre par un certain Ariel Sharon) doivent contre-attaquer seules, Tel-Aviv accordant la priorité au front du Golan.
Cette contre attaque se révèle un échec complet, non seulement les quelques positions de ligne Bar Lev encore tenues par Tsahal restent isolées, mais la 162e division subit de lourdes pertes. L’infanterie égyptienne, bien aidée par ses missiles anti-char, fait preuve d’un esprit combattif et d’une compétence bien supérieurs à ceux de 1967. Elle le prouve les jours qui suivent en s’enfonçant encore un peu plus dans le Sinaï, mais au prix de pertes croissantes.
La défaite subie sur la ligne Bar-Lev par l'armée israélienne a en effet provoquée un choc salutaire en ses rangs. Sous l’impulsion du chef d’état major Eleazar, le commandement est remanié avec le rappel d’officiers énergiques comme Sharon. D’autre part l’évolution favorable de la situation face aux Syriens, permet à Tsahal de dégager les réserves nécessaires à une contre-offensive. Une opération rendue possible, par le pont aérien que les Etats-Unis mettent alors en place (voir plus bas).
Les Israéliens remis de leur surprise, élaborent un plan destiné à faire joueur leur supériorité manœuvrière sur une armée égyptienne qui a déjà payé très cher ses succès initiaux. Tirant leçon de de l’importance cruciale des missiles anti-char et anti-aérien égyptiens, ils constituent des équipes d’infanterie destinées à leur destruction. Les tactiques interarmes de coopération entre infanterie et blindés sont revues et améliorées.
Le 14 et sur l’insistance de Sadate entend qui alléger la pression sur les Syriens, l’armée égyptienne repart à l’assaut des lignes de Tsahal. L’offensive pourtant menée à grands renforts de chars est un échec cuisant. Le plan bâclé s’étant réduit à un choc frontal sur des positions israéliennes bien disposées, il aboutit à des pertes terribles (plus de 400 blindés détruits en un seul jour, 10 fois moins pour les Israéliens). La riposte de Tsahal est fulgurante.
Exploitant une brèche entre la 2e et la 3e armée égyptienne, la 143e division blindée d’Ariel Sharon (des réservistes, renforcés d’unités de parachutistes) parvient à s’emparer d’une tête de pont sur la rive africaine du canal (Opération Gazelle). Pendant ce temps, deux autres divisions blindées israéliennes œuvrent à couper les égyptiens de leurs itinéraires de repli. Le bouclier anti-aérien des missiles SAM ayant en partie neutralisé, l’aviation de Tel-Aviv fait peser tout son poids dans la bataille.
C’est seulement le 17 que Sadate (à l’aide de clichés satellites fournis par les soviétiques qui redoutent une défaite totale de l’Egypte) comprend que la 3e armée risque d’être encerclée et anéantie dans le sud du Sinaï. La réaction Egyptienne bien que lente et compassée (les officiers ayant du mal à s’affranchir du plan d’origine, très strict) n’en est pas moins couteuse pour les Israéliens. Sharon est stoppé près d’Ismaïlia par une force d’infanterie légère et peine à reprendre l’initiative.
Cela convainc Eleazar d’opter pour un ralentissement du rythme des opérations, qui va permettre aux Egyptiens d’engager leurs dernières réserves blindées dans la bataille. Ainsi lors de l’ultime avance Israélienne, le 23, ils peuvent de justesse les contenir. Néanmoins lorsque les canons se taisent, les unités de pointe de Tsahal sont à 100 km du Caire et 70 000 soldats égyptiens sont acculés, sur l’autre rive du canal de Suez...
... et le front du Golan
Sur les hauteurs du Golan, l’armée syrienne déploie dés le 6 octobre une force impressionnante. Cinq divisions, soutenues par une artillerie et une aviation puissante contre à peine deux brigades israéliennes. Néanmoins plusieurs facteurs jouent en défaveur des Syriens. Premièrement le terrain sur lequel ils s’engagent, accidenté et compartimenté est bien plus favorable à la défensive.
Deuxièmement si Israël est prêt à céder de l’espace dans le Sinaï, elle considère le maintien du contrôle du Golan comme une priorité absolue. En effet si jamais les Syriens devaient s’en emparer, ils seraient en mesure de déboucher dans des plaines donnant sur des grandes agglomérations proches : Haïfa, Netanya et Tel-Aviv. Ainsi en matière d’envois de renforts et de reservistes, le front du Golan prime sur le Sinaï.
Pendant deux jours, les Syriens parviennent à obtenir des succés modérés contre les forces adverses, au prix de lourdes pertes notamment en chars. Les deux brigades de Tsahal initialement engagées, se sacrifient afin de permettre aux reservistes de monter au front (souvent acheminés par des hélicoptères). Malgré la prise du mont Hermon, dont la station de surveillance est un enjeu crucial, les unités de Damas ne parviennent pas à déboucher hors des hauteurs du plateau. Le 8 les Israéliens peuvent monter une contre offensive à l’aide de trois divisions (dont deux blindées), le 10 ils atteignent les positions d’avant guerre.
Après un débat houleux (les échecs de Gonen dans le Sinaï sont dans tous les esprits) le leadership Israélien décide de pousser son avantage face aux Syriens. Si c’est une option risquée sur le plan militaire, il s’agit là d’une volonté avant tout politique, celle de s’emparer de territoires adverses en vue des futurs pourparlers (à cette date, une défaite égyptienne dans le Sinaï est encore une perspective lointaine). Du 11 au 14 Tsahal poursuit son attaque contre les Syriens.
L’armée de Damas débordée recule précipitamment et ne parvient à stabiliser la ligne de front qu’au prix de grands sacrifices (et grâce à l’aide d’unités étrangères, mais nous y reviendrons). 10 jours après le début des hostilités sur le Golan, les unités israéliennes sont parvenues à 40 km de Damas, un résultat tout à fait satisfaisant pour Tel-Aviv. S’en contentant les israéliens ne mèneront plus guère d’actions offensives sur ce front (si ce n’est la reprise du mont Hermon) jusqu’au cessez le feu.
Un conflit internationalisé
D’emblée la guerre du Kippour apparait comme un conflit dépassant largement le cadre du triangle Israelo-Syro-Egyptien. D’une part il est un épisode du long affrontement israélo-arabe et à ce titre déchaine les passions et les initiatives dans le monde arabo-musulman. Ainsi Damas et le Caire peuvent compter sur le soutien financier et matériel de l’Arabie Saoudite et du Koweït (soit l’équivalent d’une brigade et de grosses sommes d’argent). L’Algérie expédie plusieurs unités aériennes en Egypte (ainsi qu’une brigade blindée qui arrivera sur le front trop tard), tout comme le Maroc et la Lybie. Une brigade de palestiniens participe aussi au conflit du côté de l’armée de Sadate. Le Pakistan et le Bangladesh se contentent eux d’une aide principalement médicale. Quant à l’aide jordanienne et surtout Irakienne (2 divisions blindées) elle permet à la Syrie de contenir l’offensive de Tsahal à la mi-octobre.
D’autre part on ne peut faire abstraction de l’implication des deux super puissances de la Guerre Froide dans le conflit. Bien qu’opposés à la décision de Sadate et d’Assad de partir en guerre, les soviétiques n’ont d’autre choix que de les soutenir une fois le conflit déclenché. Dés le 9, Moscou entreprend de ravitailler par voie maritime (et ce malgré les succès éclatants de la marine israélienne qui a vaincu les Syriens au large de Lattaquié le 7 et les Egyptiens à Damiette le 8 et le 9) et aérienne la Syrie et dans une moindre mesure l’Egypte (parfois via les ports Libyens). C’est près de 400 chars qui sont ainsi livrés à Damas en trois semaines ainsi qu’un grand nombre de pièces détachées, munitions etc… A cela s’ajoute l’aide militaire parfois directe d’alliés de l’URSS, qu’il s’agisse de Cuba ou de la Corée du Nord.
En face la contribution américaine à l’effort de guerre d’Israël est tout aussi importante. Aux heures les plus sombres du conflit (et notamment les 7, 8 et 9 octobre) Tel-Aviv a su habilement faire pression sur Washington en activant ostensiblement le plan prévoyant l’utilisation de l’arme nucléaire. Il s’agit là de convaincre le président Nixon (d’ailleurs affaibli par l’affaire du Watergate et sous l’influence d’Henry Kissinger) de la gravité de la situation.
Les Etats-Unis qui redoutent par-dessus tout une nucléarisation du conflit, acceptent de procurer une aide substantielle à Israël pour compenser ses pertes des premiers jours. Un gigantesque pont aérien est mis en place (Opération Nickel Grass) complété par une aide navale. Les milliers de tonnes ainsi livrées permettent à Tsahal d’alimenter des offensives, tout en reconstituant des réserves de matériel.
Si soviétiques et américains fournissent les armées de leurs clients et alliés respectifs, ils n’en partagent pas moins la conviction commune que ce conflit risque de les entrainer à des extrémités qu’ils essaient à tout prix d’éviter. C’est donc avec leur soutien inconditionnel qu’une résolution des nations unies (résolution 388) enjoint, le 22 octobre, les belligérants à cesser le combat. Lorsqu’il apparait que les Israéliens la négligent afin de pousser leur avantage en Egypte, les soviétiques n’hésitent pas à mettre leurs forces armées en étant d’alerte nucléaire, plongeant le conseil de sécurité nationale américain dans la panique.
La pression américaine qui s’abat alors sur Israël est suffisante pour faire accepter à Tel-Aviv les termes d’un cessez le feu le 25 ocotobre. Après quelques péripéties celui-ci entre définitivement en vigueur le 28 octobre. Les intérêts bien compris des super grands l’ont finalement emporté sur les enjeux proche-orientaux.
Enseignements et conséquences de la guerre du Kippour
Guerre d’un mois à peine, la 4e guerre israélo-arabe, constitue l’un des plus intenses conflits mécanisés de l’après seconde-guerre mondiale. Les pertes matérielles sont impressionnantes et révélatrices de la puissance des armements modernes. Prés de 2500 chars détruits (dont 80% du côté syro-égyptien), plus de 400 avions abattus (dont une centaine d’Israéliens). Sur le plan humain, les pertes se montent à 30 000 hommes du côté arabe (10 000 morts environ), 11 000 du côté Israélien (3000 morts environ).
Les combats ont réhabilité le rôle de l’infanterie dans les tactiques interarmes et la coopération avec les blindés. Ils ont aussi prouvé l’importance des moyens anti-char et anti-aériens modernes, relativisant le rôle du binôme char-avion. Ils ont enfin fait la part belle aux forces spéciales et aux services de renseignements, dont le rôle n’a cessé de croitre depuis.
Du côté arabe et surtout égyptien, le fait d’avoir mis en difficulté Israël plus qu’à aucun moment depuis 1948 a été considéré (et notamment par la propagande) comme une victoire. Vaincu militairement, Sadate n’en a pas moins gagné son pari et légitimé son pouvoir auprès des égyptiens (à l’exception notable des islamistes, qui lui sera fatale…). L’Egypte est redevenue la nation phare du monde arabe et a les coudées franches pour négocier face à un Israël en plein doute.
En effet pour l’état hébreu, la guerre du Kippour a constitué une amère désillusion. Le mythe de l’invincibilité de Tsahal a été sévèrement écorné, tout comme celui de l’infaillibilité des services de renseignement. La crise politique qui s’en suit coute leur domination aux travaillistes qui finalement céderont la place au Likoud, un jeune parti de droite, en 1977. A cela s’ajoute une profonde remise en cause morale de la nation israélienne, où le sionisme laïc des débuts cède peu à peu la place à l’influence des religieux. Déboussolé Israël, s’est aussi vu isolé sur le plan international, sa relation avec Washington bousculée par les événements.
Cela tend à expliquer pourquoi le règlement du contentieux Israélo-égyptien fut si rapide. Sadate fort de son succés de 1973, prendra l’initiative de négociations directes avec le gouvernement Likoud de Menahen Begin en 1977. Pour le Caire, comme pour Tel-Aviv ce fut là l’occasion de mettre fin à un conflit couteux et de faire un geste en direction de Washington. Deux ans plus tard avec les accords de Camp David, Israéliens et Egyptiens s’engagèrent définitivement sur la voie de la paix, traduite par la rétrocession progressive du Sinaï à l’Egypte.
Le triomphe de Sadate sera pourtant de courte durée. Décrié par ses anciens alliés (et notamment la Syrie qui persiste dans son opposition à Washington), le président Egyptien verra son pays exclu de la Ligue Arabe. Il mourra assassiné le 6 octobre 1981, date anniversaire du déclenchement de l’opération Badr, par des militaires islamistes révulsés par son revirement pro-américain et par la paix avec Israël.
Bibliographie
- La guerre du Kippour d'octobre 1973, de Pierre Razoux. Economica, 1999.
- La guerre du Kippour n'aura pas lieu: Comment Israël s'est fait surprendre, de Frédérique Schillo. André Versaille Edition, 2013.
- La guerre du Kippour : Le conflit israélo-arabe à l’origine du premier choc pétrolier. 50Minutes, 2014.