Signés à Washington le 17 septembre 1978, les accords de Camp David mettent fin à un conflit de plus de trente ans entre Israël et l'Egypte définissent le cadre d’un traité de paix entre les deux pays. Ces accords fruits de la médiation du Président américain Jimmy Carter permirent au président egyptien Anouar al Sadate et au Premier ministre israëlien Menahem Begin d'obtenir conjointement le prix nobel de la paix 1978. « Établir la paix, c'est la seule façon d'être fidèle à notre culture et à notre foi. Plus de guerres, ni de sang versé, entre Arabes et Israéliens. » déclarera Sadate à Washington lors de la signature du traité de paix israélo-égyptien le 26 mars 1979.
Sadate prend l'initiative
Les accords de Camp David résultent de l’initiative personnelle du président égyptien Anouar al-Sadate, successeur de Nasser. Après la guerre du Kippour en 1973, le président Sadate cherche à dénouer un conflit qui dure depuis 1947. En novembre 1977, il se rend en Israël ; le 20, il prononce devant la Knesset un discours appelant de ses vœux une « paix juste et durable ».
Le retentissement de ce geste personnel est énorme. En Israël, il est évidemment applaudi : pour la première fois depuis trente ans, il semble que l’on puisse arriver à un accord avec un adversaire acharné d’Israël ; dans les pays arabes, la réprobation est quasi unanime et entraîne la formation d’un front du refus autour de la Syrie.
Des négociations laborieuses
Les négociations sont laborieuses, et l’intervention du président américain Jimmy Carter est à plusieurs reprises nécessaire pour consolider la position du président égyptien. Ce n’est qu’en juillet 1978, à la conférence tripartite de Leeds qui réunit les ministres des Affaires étrangères d’Israël, d’Égypte et des États-Unis, que l’on commence à entrevoir une solution. Du 5 au 17 septembre 1978, négociateurs israéliens et égyptiens mettent en place le cadre de l’accord et le 17 septembre, Anouar al-Sadate et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, paraphent les accords.
Le cadre du traité de paix entre Israël et l’Égypte est défini au prix de concessions majeures par Israël qui accepte pour la première fois que la solution du conflit passe par la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Des négociations communes doivent être engagées avec les responsables du peuple palestinien et du royaume de Jordanie sur l’autonomie et le futur statut des territoires occupés. Aux termes des accords, Israël s’engage à restituer l’ensemble du Sinaï, mais pas la bande de Gaza qui était territoire égyptien avant 1947.
Les négociations reprennent ensuite avec lenteur, et le traité de paix définitif est signé le 26 mars 1979. l’échange des ambassadeurs a lieu en février 1980 et l’ensemble du processus de paix n’est achevé qu’en 1982.
Les conséquences des accords de Camp David
Pour l'Egypte ces accords signifaient, outre la rétrocession du Sinaï par Israël (effective en 1982), la possibilité de bénéficier du soutien militaire et financier des Etats-Unis, objectif essentiel de la diplomatie egyptienne depuis la guerre du Kipour (si ce n'est avant). Il faut cependant souligner que la paix avec Israël valut à l'Egypte de perdre son statut de leader du monde arabe et de provoquer l'indignation au sein de l'opinion publique de ce dernier. Le président Anouar al-Sadate, assassiné le 6 octobre 1981 par des militaires égyptiens au cours d’un défilé, a payé de sa vie son engagement pour la paix. Ces accords séparés, qui ne règlent pas la question palestinienne, isolent l’Égypte pour un temps, mais un tabou a été brisé : les ennemis ont commencé à se parler.
Quant à Israël ces accords étaient l'occasion de rompre l'encerclement du pays et de consacrer plus de moyens à la sécurisation des territoires occupés (Cisjordanie, Bande de Gaza, Golan etc...). Si la paix entre l'Egypte et Israël s'est révélée durable et profitable pour les deux parties, les autres objectifs des accords de Camp David seront restés lettre morte. En effet, ces accords se proposaient de poser les bases de négociations sur le sort futur de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Il fallut attendre la Conférence de Madrid (1991) pour que ces dernières commencent enfin...
Bibliographie
- Paix et Guerre au Moyen-Orient, d' Henry Laurens. Armand Colin, 2005.
- 60 ans de conflit israélo-arabe, Témoignages pour l’Histoire, de Boutros Boutros-Ghali et Shimon Peres. Editions Complexe, 2006.