La dictature des colonels (Grèce, 1967-1974)

Histoire Universelle | Le XXe siècle

Par le

Le 21 Avril 1967, un groupe de colonels grecs, avec Georgios Papadopoulos à leur tête, organise un coup d'État contre le gouvernement intérimaire de Panayote Canellopoulos. La junte militaire instaure un régime de terreur, publie une série de décrets abolissant la plupart des libertés civiles, imposant la censure aux médias, supprimant les partis politiques et de nombreuses organisations. Le nouveau pouvoir est soutenu par les États-Unis, en raison de la situation stratégique de la Grèce dans l'équilibre géopolitique méditerranéen au moment de la guerre froide. La dérive ultra nationaliste de la dictature des colonels, provoquera cependant sa chute à l'occasion de la Crise Chypriote.

 

La démocratie grecque fragilisée par l'instabilité politique

Avril 1967. La Grèce connait depuis quatre ans une situation politique instable. Les élections de 1963 (les premières élections libres du pays en près de quarante ans)avaient amené au pouvoir Georges Papandréou, vieil adversaire de la droite dure. Ce dernier avait tenté d'épurer l'armée de ses éléments les plus droitiers, avant d'être destitué par le Roi Constantin II. La destitution de Papandréou entraina un instabilité gouvernementale croissante. Cette dernière combinée aux difficultés sociales profita largement à la gauche, très critique à l'égard de l'alignement pro américain du pays.
 

L'armée échaudée par des manifestations de plus en plus fréquentes, finit par arriver à la conclusion que le jeune roi Constantin est incapable de maintenir l'ordre dans le pays. Le 21 avril 1967 un groupe de colonels ambitieux conduit par Georges Papadopoulos passe à l'action, et profitant de l'inertie de la monarchie, s'empare du pouvoir et abolit la constitution. Il se murmure alors que les colonels ont disposé du soutien des services de renseignement américains, inquiets d'une possible révolution socialiste en Grèce.

Le putsch de 1967 et la dictature des colonels

Dans les semaines qui suivent le pays est brutalement mis au pas, les opposants sont systématiquement arrêtés voire torturés, certains déportés dans des Iles de la Mer Egée. Plusieurs milliers de personnalités politiques, en particulier des hommes de gauche et des communistes, des artistes ainsi que des écrivains sont ainsi arrêtés. La junte militaire instaure un régime de terreur, publie une série de décrets abolissant la plupart des libertés civiles, imposant la censure aux médias, supprimant les partis politiques et de nombreuses organisations. 

Ayant échoué dans sa tentative de renverser la junte en décembre, le roi Constantin part en exil en Italie ; la régence est attribuée au général Zoïtakis. Cependant, l’opposition se manifeste avec virulence. Le 15 mars 1968, Papadopoulos riposte en présentant l’avant-projet d’une nouvelle Constitution, qui renforce le pouvoir exécutif et limite les libertés individuelles. Elle est ultérieurement révisée et ratifiée par un référendum populaire, en septembre. 

La dictature qui devient vite très impopulaire va sombrer dans une surenchère nationaliste et xénophobe qui n'est pas sans rappeler celle du dictateur Metaxas dans les années 30. 

Le retour de la démocratie

Le pouvoir des militaires est encore affaibli par la crise de Chypre. En effet, le régime des colonels décide de soutenir le coup d’État qui renverse le chef de l’État chypriote, Makarios III. En réaction et alors que les tensions grandissent entre les communautés grecque et turque, le gouvernement turc envahit l’île, ce qui entraîne la partition du territoire. La Grèce mobilise ses troupes, mais, à la suite des pressions des États-Unis, elle renonce à intervenir. Dès lors, le sort de la junte militaire est scellé. En juin 1974, elle doit se retirer.

 Après une élection en novembre 1967, Constantin Caramanlis, chef du parti de la Nouvelle Démocratie, forme un nouveau gouvernement et organise un référendum qui est favorable à l’instauration d’une république. Une nouvelle constitution mettant en place un régime démocratique est approuvée en juin 1975.

Pour aller plus loin

- Histoire de la Grèce moderne 1828-2012, de Nicolas Bloudanis. L'Harmattan, 2013.

 

Poursuivez votre lecture avec nos autres articles sur le même thème