Périclès (v. 495-429 av. J.-C.) est un homme politique et stratège athénien de la Grèce antique. Réélu stratège sans interruption entre 443 et 431 av. J.-C., Périclès est la figure marquante de l'Athènes du Ve siècle et donne son nom à cette fastueuse période. Dans la cité, qui domine politiquement toute la Grèce, la démocratie fonctionne pleinement, les plus grands artistes et philosophes y sont présents. De plus, avec le trésor de la ligue de Délos, Athènes s'offre de somptueuses constructions, comme le Parthénon, qui font de la cité la plus belle ville de l'Antiquité. Il meurt en - 429 de la peste, alors que sa cité est assiégée par Sparte au cours de la Guerre du Péloponnèse.
Origine de Périclès et premiers pas en politique
Périclès, d’origine aristocratique, est né vers 492 à Athènes. Son père, Xanthippe, fut un des stratèges vainqueurs des Perses au cap Mycale (479); il appartenait à une vieille famille de la noblesse attique mais avait été un des chefs du parti démocratique. Par sa mère, il descend de la noble famille des Alcméonides, et il avait pour grand-oncle le législateur Clisthène, qui avait renversé les Pisistratides.
Dans sa jeunesse, il eut pour principaux maîtres à penser Zénon d’Élée et Anaxagore, qui firent de lui un rationaliste mais porté vers l’action et les grandes affaires de la cité. Il semble avoir été de bonne heure impatient de jouer un rôle public, et, malgré son «extrême répugnance pour le peuple » (Plutarque), il choisit de servir le parti démocratique, peut-être par fidélité à l’exemple de son parent Clisthène, peut-être parce qu’il avait senti lui-même la légèreté des petits clans d’aristocrates qu’il avait fréquentés depuis son enfance.
Dès 463, on le vit s’attaquer au chef du parti conservateur, Cimon, qui fut ostracisé deux ans plus tard. Vers 461, âgé de trente ans, Périclès s’était déjà assuré une position prépondérante à la fois dans le parti démocratique et dans la cité, qu’il dominait par son éloquence.
Périclès, le champion de la démocratie athénienne
A part une brève éclipse de quelques mois (430/29), il resta jusqu’à sa mort le principal dirigeant — on a pu dire le « tyran » — de la démocratie athénienne. Pendant plus de trente années il vit ses fonctions de stratège annuellement renouvelées, devenant ainsi une sorte de commandant en chef et de Premier ministre permanent, avec une continuité unique dans l’histoire athénienne. Investi de la confiance populaire, Périclès donna son plein développement à la démocratie d’Athènes, en faisant participer de façon plus effective l’ensemble des citoyens à l’exercice de la souveraineté.
Dès 462, alors qu’il n’était encore que l’adjoint d'Ephialte, qui devait peu après périr assassiné, il avait été l’instigateur des réformes limitant les pouvoirs de l’Aréopage. Périclès ouvrit l’arenontat aux citoyens de la troisième classe (zeugites), et, en fait, même les prolétaires, les thètes, purent devenir archontes. Il généralisa le tirage au sort, qui devint la pièce essentielle de la démocratie.
Pour que la participation des plus pauvres aux magistratures ne restât pas théorique, il fit voter à partir de 451 des indemnités pour les membres du conseil des Cinq-Cents, pour les archontes, les juges au tribunal des héliastes, pour les stratèges, pour la participation des citoyens aux diverses fêtes civiques: c’est ce qu’on appelle la mistophorie. Cependant, ces progrès de la démocratie restaient limités étroitement aux seuls citoyens, c’est-à-dire à une très petite minorité de la population d’Athènes (environ 30 000 citoyens sur 400 000 habitants vers le milieu du Ve s.).
En 451, Périclès fit même voter une loi ne reconnaissant la citoyenneté athénienne qu’à ceux qui étaient nés de deux parents citoyens, ce qui marquait un grave recul par rapport à la législation de Solon, laquelle accordait le droit de cité aux fils nés d’un mariage d’un citoyen avec une étrangère..
Un grand stratège
Société inégalitaire, l’Athènes de Périclès fut aussi une société impérialiste. Les alliés de la ligue de Délos furent réduits en sujétion, le trésor commun fut transféré à Athènes (454), l’ecclésia athénienne se substitua comme organe de direction au conseil de la ligue, les rébellions des alliés - en particulier celle de l’Eubée (446) et celle de Samos (440) - furent impitoyablement châtiées. Périclès conduisit personnellement l’effort d’hégémonie en Grèce continentale, dans la mer Égée et dans la mer Noire. Il mena sans succès une expédition dans le golfe de Corinthe et la Grèce du Nord-Ouest (454), puis commanda la flotte qui se rendit en Crimée et s’assura de Sinope, sur la côte d’Asie Mineure (437).
Pendant son gouvernement, Athènes se trouva engagée dans une série de guerres : contre Sparte et Corinthe (première guerre du Péloponnèse, 459-446); contre les Perses (expédition désastreuse en Égypte, 454); contre les alliés révoltés. La paix «de Callias» (449) mit fin aux guerres médiques et élimina la Perse de l’Égée. Avec Sparte fut conclue la trêve de Trente Ans (446) mais la poursuite de l’expansion athénienne rendait la reprise des hostilités inévitable : en 431 commença la seconde guerre du Péloponnèse, qui devait s’achever en 404, par la défaite d Athènes. Périclès mourut au début du conflit, non sans avoir vu faiblir la confiance que les citoyens lui avaient accordée jusqu’alors.
Chute et mort de Périclès
Les premiers revers du conflit et l’épidémie de peste qui s’était déclarée à Athènes en 430 portèrent un grave coup au prestige de Périclès, et celui-ci fut même condamné à une amende de 50 talents; il fut cependant réélu stratège au printemps 429, mais il devait être à son tour emporté par l’épidémie en automne suivant. Il lui restait la gloire d’avoir porté Athènes au faîte de sa puissance et d’avoir présidé à l’épanouissement de ce que la civilisation grecque a produit de meilleur.
Le «siècle de Périclès» (460-430) vit les dernières œuvres d’Eschyle, les débuts de Sophocle et d’Euripide, le séjour d’Hérodote à Athènes, l’influence de la sophistique, mais c’est dans le domaine de l’art qu’il laissa son principal témoignage. Grâce au tribut des alliés, la reconstruction des sanctuaires de l’Acropole détruits par les Perses commença vers 450, sous le contrôle direct de Périclès qui sut réunir et inspirer des artistes tels que Phidias, Callicrate, Ictinos, Mnésiclès. La splendeur du Parthénon, des Propylées, de l’Erechthéion, donna à Athènes la dignité d’« école de la Grèce».
Bibliographie
- La Véritable Histoire de Périclès, biographie de Jean Malye. Les Belles Lettres, 2008.
- Périclès : La démocratie athénienne à l'épreuve du grand homme, de Vincent Azoulay. Armand Colin, 2016.
- La Guerre du Péloponnèse, de Thucydide. Folio, 2000.