La chute des Ayyûbides
C’est justement à cette période que le pouvoir bascule : le sultan al-Salîh meurt en 1249, mais il a entretemps recruté un grand corps d’armée, les Mamelouks bahrites. Ces derniers se soumettent quelques temps à son successeur Turân Shah, mais ils finissent par l’assassiner en 1250. Ils nomment sa mère Shajar al-Dorr sultane, et c’est le Mamelouk Aybak qui dirige l’Egypte. Les Ayyûbides gardent cependant la Syrie.
L’invasion mongole
Un péril bien plus grand menace à l’Est, tant les musulmans que les croisés : ce sont les Mongols. Depuis le début du XIIIè siècle, avec Gengis Khan (1155 ?-1227), les Mongols ont pris le pouvoir en Asie. Dès le successeur du Khan, Ogedey, les Mongols attaquent l’Anatolie et défont les Seldjûkides à la bataille de Kose Dagh en 1243 ; ils poussent même jusqu’aux environs de Vienne ! Sous Mongke (1251-1260), ils s’attaquent au Proche-Orient : en Iran, les Assassins sont exterminés, leur capitale Alamût tombe, alors qu’elle avait toujours résisté aux Turcs. Mais, surtout, ils prennent Bagdad en 1258 : le dernier calife abbasside est exécuté, et la ville rasée quasiment jusqu’aux fondations ! Ne reste plus devant eux que les Mamelouks pour résister…
La victoire mamelouke
Pendant ce temps, les barons latins se sont bien abstenus de bouger : si les Mongols sont les ennemis de leur ennemi, ils ne sont pas forcément leurs amis, ils sont même probablement plus dangereux, et c’est sans doute pour cela que durant ces quelques années troubles, les Etats latins gardent leur neutralité.
La situation se stabilise durant les années 1260. L’empire mongol est réorganisé sous Kubilaï Khan (1260-1294), mais il faut attendre les débuts du XIVè siècle pour que les Mongols se convertissent à l’islam ; entretemps, ils ne vont pas hésiter à s’allier aux chrétiens si besoin est... Côté mamelouk, c’est l’arrivée au pouvoir du fameux Baybars (1260-1277) qui est décisive : il structure l’Etat, et se fait une légitimité islamique en faisant calife (fantoche) un héritier abbasside sauvé de la furia mongole. Surtout, il relance le jihad contre les croisés...
Bibliographie
- J. RILEY-SMITH, Atlas des croisades, Autrement, 1996.
- C. PICARD, Le monde musulman du XIè au XVè siècle, A. Colin, 2001.
- C. CAHEN, Orient et Occident au temps des croisades, Aubier, 1983.