Qu’est-ce qu’un saint ?
Avant de commencer, il convient de savoir ce qu’est un saint. Un saint, chez les Catholiques, est un homme ou une femme (ou un ange, mais c’est une situation particulière…) qui durant sa vie terrestre a eu un comportement exemplaire. Un comportement en parfaite adéquation avec les enseignements de Jésus de Nazareth. Par leur engagement, par fidélité à leur Foi, certains saints sont morts en martyrs. D’autres ont, selon la tradition catholique, fait des miracles. Mais bien entendu le martyre et/ou le miracle ne sont pas des conditions sine qua non à l’acquisition de la sainteté.
En effet pour les Catholiques, comme pour les Orthodoxes, les saints défunts forment l’Église triomphante, qui ne coupe pas le lien avec l’Église militante, celle des vivants. Une relation continue donc entre Chrétiens vivants et morts, ce qu’on a coutume d’appeler la communion des saints, sorte de solidarité hors de tout cadre spatiotemporel. Selon ce principe les croyants peuvent s’adresser directement aux saints.
Le culte des saints
Contrairement à ce qu’on entend parfois le croyant ne prie pas le saint, il ne prie que Dieu (sous ses trois formes). Le croyant se « contente » de vénérer le saint (pour lui témoigner son admiration) et de l’invoquer pour qu’il intercède auprès de Dieu. Ainsi, le saint n’est pas une divinité, mais un intermédiaire auquel le croyant peut se reporter pour s’adresser à Dieu. Cette différenciation fut particulièrement bien déterminée lors du concile de Trente (1545 – 1563) en réponse aux Protestants qui accusaient les Catholiques d’adorer les saints. De nos jours encore, les Protestants ne croient pas en la communion des saints.
Comme nous l’avons vu, l’Église catholique canonise ceux dont elle est certaine qu’ils ont rejoint directement Dieu, et leur attribue un jour du calendrier. Toutefois, l’Église catholique n’a pas la prétention d’avoir eu connaissance de tous les saints qui ont vécu sur terre et ont également rejoint Dieu. Par conséquent, Elle suppose qu’il existe une multitude de saints qu’elle ne connait pas et qui pourtant méritent tout autant qu’on les vénère et qu’on les invoque.
La fête de Toussaint répond à cette problématique et rappelant le lien des croyants avec les saints qui les ont précédés, ceux que l’on retrouve dans le calendrier, mais aussi tous les « oubliés » ! La Toussaint a donc pour but de n’oublier personne, mais aussi de rappeler au croyant cette solidarité avec les saints qui doit également lui servir de modèle dans sa propre vie. Les saints ont donc pareillement une fonction didactique non négligeable.
D’ailleurs le choix du passage de l’évangile de Saint Marc lu ce jour là n’est pas anodin, il s’agit en quelques sortes d’une notice, dans sa forme la plus synthétique, pour accéder à la sainteté.
La Toussaint : une fête pour tous les saints
Cette fête de tous les saints est bien plus ancienne que la définition de la dévotion aux saints au XVIe siècle, et même plus ancienne que le processus de canonisation du XIIe siècle. En effet, avant même la canonisation par le Pape, existaient des formes de canonisation plus ou moins décentralisées par les différentes communautés chrétiennes. Ainsi, la fête de la Toussaint remonterait au Ve siècle. À cette époque la date n’est pas encore universellement fixée, on la fête généralement vers Pâques comme c’est le cas en Syrie ou à Rome.
Il y a encore un débat pour savoir à partir de quand la date du 1er novembre fut adoptée : certains pensent que cette date fut fixée dès le VIIIe siècle par le Pape Grégoire III lors de la dédicace d’une chapelle dédiée à tous les saints dans la basilique Saint-Pierre de Rome ; pour d'autres la date n’est fixée qu’en 830 quand le Pape Grégoire IV ordonne l’universalité de cette fête qui dès lors est commune à toute la Chrétienté.
En France le jour de Toussaint est férié depuis le concordat de 1801, contrairement à la fête des Morts qui a lieu le lendemain. Pour cette raison, les croyants ont tendance à faire le jour de Toussaint ce qui devrait traditionnellement se faire le jour des Morts comme la visite des défunts dans les cimetières.
Pour aller plus loin
- Le livre des Saints, de Noémie Marcos-Alba. Artémis, 2017.
- Les fêtes chrétiennes : Histoire, sens et traditions, d' Edith Momméja. EDB 2012.
- La mythologie chrétienne: Fêtes, rites et mythes du Moyen Âge, de Philippe Walter. Imago, 2015.