Buffalo Bill, héros du Far West devenu ami des indiens

Histoire Universelle | Le XIXe siècle

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D’abord éclaireur dans l’armée américaine, chasseur de bisons et d’Indiens, William Cody, alias Buffalo Bill, devient célèbre grâce à ses aventures racontées dans les journaux. Comprenant qu’il peut en tirer profit, il devient l’ami des Peaux-Rouges tout en acceptant que soit éditée une collection de fascicules « seule édition originale autorisée par le Col. W. F. Cody, dit Buffalo Bill », publiée dans le monde entier en plusieurs langues. Filmé en 1894, puis en 1902, cette figure mythique de la conquête de l'ouest publie ses Mémoires sous le titre « Ma vie » et devient le héros de plusieurs westerns. Afin de faire la part entre la réalité et la légende, William Cody a collaboré à des ouvrages sérieux, contresignés par le colonel Henry Inman.

Origines de William Cody, alias Buffalo Bill

De son vrai nom, William Frederick Cody nait le 26 février 1846 dans l’Iowa et vit dans une hutte de pionniers. Sa famille s’installe un peu plus tard dans le Kansas et le jeune William devient rapidement excellent cavalier.

Très tôt, il est « pony express rider » ou coursier postal, un emploi très dangereux ; ensuite il conduit des convois à travers les plaines et chasse le buffle pour gagner sa vie ; éclaireur et guide du 5è Régiment de Cavalerie, il approvisionne en viande les ouvriers lors de la construction d’une ligne de chemin de fer ; devenu chef des éclaireurs du corps chargé de veiller sur les travaux de construction de l’Union Pacific, il rencontre maintes fois les Peaux-Rouges ; au poste de commandement des éclaireurs de l’armée des Etats Unis, il côtoie aussi les grands généraux.

Considéré comme « expert à tous les tirs », il ne manque jamais son but en tirant au colt, au fusil de chasse, à la carabine, etc. que ce soit sur des animaux, des oiseaux ou des ennemis ; « homme droit, modeste, simple, autoritaire mais bon, il évite les querelles et n’en aura jamais, a une excellente vue, sait apprécier les distances, robuste, infatigable, toujours prêt le premier » d’après les dires du Général Carr.

Lors de la guerre de Sécession, il participe aux combats, mais on lui confie aussi des missions de renseignements avant septembre 1865 ; éclaireur, il transmet le courrier du général Shéridan, dans des régions infestées d’Indiens ; en 1867, il accompagne le général Custer ; à l’occasion de la construction de la ligne de chemin de fer de la Kansas Pacific Railroad la même année, il abat 3 000 bisons et buffles (pour nourrir les ouvriers) et obtient son surnom de Buffalo Bill. 

Dans le livre « Trente ans parmi les Indiens » du colonel Richard Irwing Dodge, on découvre que « le fameux éclaireur jouit d’une popularité méritée…Nous connaissons bien Bill Cody, ayant fait campagne avec lui trois fois contre les Indiens…nous pouvons témoigner que Buffalo Bill est aussi adoré de l’armée et des hommes de la frontière, qu’il est redouté des Indiens à panaches dont il est la terreur ». 

Fin 1872, il reçoit la médaille d’honneur du Congrès (qu’il devra rendre en 1916, ne faisant pas partie de l’armée, le grade étant purement honorifique) puis est membre du corps législatif du Nebraska, mais il quitte le poste pour la côte Est. Il a participé à une quinzaine de combat contre les Indiens, exerçant la fonction de mercenaire indépendant, avec des chevaux fournis par l’armée, ainsi que l’entretien, la nourriture, le logement et obtenant des primes supplémentaires pour les missions dangereuses. Sa bonne réputation lui a valu la renommée et il sert de guide à des visiteurs célèbres comme le grand duc Alexis (3è fils du tsar Alexandre II de Russie). Il constate qu’il peut augmenter ses revenus.

Buffalo Bill et le spectacle de la conquète de l'Ouest

Il n’a que 26 ans lorsqu’il décide de changer d’existence et d’abandonner ses missions pour faire du spectacle. Développant le mythe né autour de lui, il va créer un spectacle gigantesque retraçant les grandes étapes de la Conquête de l’Ouest américain. Pourtant, lorsqu’il y aura un conflit en 1876 avec les Sioux, il est présent et rejoint le 5è Régiment de Cavalerie.

En 1872, il assiste à une représentation théâtrale « Buffalo Bill, le roi des hommes de l’Ouest ». Il est la vedette dans une pièce présentée à Chicago puis sur la côte est. Il crée une compagnie composée d’indiens, de cow-boys qui existera dix ans, à laquelle vient se rajouter le major John M. Burke. Au départ, c’est un petit spectacle avec exercice de tirs, cavalcades et danses indiennes ; puis à l’occasion du jour de l’Independance Day le 4 juillet en 1882, il produit un spectacle plus grand dans le Nebraska avec concours de tirs, dressage de chevaux (récompenses à l’appui…ce qui attire du monde), chasse au bison…c’est un énorme succès.

Il pense alors à faire encore plus grand en montant le « Wild West Show » et ses Peaux Rouges. Pour cela, il choisit son personnel, cherche des tireurs de grande renommée, se produit dans des parcs de loisirs et décide de faire un circuit en Europe en 1887-1888. A l’occasion de l’Exposition universelle en 1889, Buffalo Bill installe son spectacle pendant sept mois à Paris ; après une tournée en France jusqu’en mars 1890, il va en Belgique, en Angleterre : il est si bien accueilli qu’il décide d’un second tour dans plusieurs villes entre 1905 et 1906, ce sera un immense succès.

Mais entre deux tournées de spectacles, par amitié pour ses Indiens, William Cody part les défendre lorsque l’armée décide de les éliminer en 1890… il arrive trop tard, le chef indien Sitting Bull est tué le 15 décembre. Il ne peut sauver qu’une petite vingtaine d’Indiens constitués en mouvement de défense et les ramène avec lui dans son show en Europe.

Cette tournée allait durer quatre ans entre 1902 et 1906, se nommant le « Programme ». A Noël 1902 il est en Angleterre ; le 2 avril 1905 il arrive en France et reste à Paris jusqu’au 4 juin, puis part en tournée dans 21 villes où il atteint Nîmes et Avignon fin octobre 1905 ; fin novembre, il est à Marseille, puis rejoint Nice et l’Italie avant de repartir pour l’Amérique en novembre 1906.

Vers 1909, Buffalo Bill fusionne avec un autre groupe devenant « le Pawnee Bill West » mais fait faillite en 1913, car un concurrent sérieux existe depuis 1908 « le 101 Ranch Wild West Show », dans lequel Cody est invité à participer en 1916, le tour prenant alors le nom de « Buffalo Bill et 101 Ranch Shows Combined ».

Mais usé par l’alcool et la maladie, William Frederick Cody s’éteint le 10 janvier 1917 à Denver dans le Colorado : il avait été pendant 33 ans la vedette principale de son spectacle, présenté dans 2 000 villes, 12 pays et ayant reçus 50 millions de spectateurs.

Le « Programme » de 1905 et le tour en Europe

La France accueille avec beaucoup d’enthousiasme la troupe de Buffalo Bill en 1905 composée de cavaliers hors pairs et de centaines d’Indiens guerriers, car curieusement les Peaux-Rouges sont mieux acceptés ici qu’en Europe (Londres, le Vatican, la Belgique). William Cody fait la promotion de ce peuple et même s’il s’est fréquemment battu contre eux, il est allé à leur rencontre lorsqu’ils étaient cantonnés dans leurs réserves de Pine Ridge ou Cheyenne River en leur demandant de participer à son spectacle. Il a réussi à embaucher des chefs Peaux-Rouges et Sioux prestigieux, comme Sitting Bull avec un salaire de 50 dollars par semaine. Sur les affiches, sous le portrait de l’Indien, on retrouve d’ailleurs la légende suivante « Sitting Bull et Buffalo Bill, ennemis en 1876, amis en 1885 ».

Pourquoi cette amitié, alors que Buffalo Bill a passé une partie de sa vie à les tuer ? Dans son spectacle, Wiliam Cody voulait montrer deux aspects de ce peuple : le côté très sauvage et leur soumission à la civilisation supérieure. Les enfants des Peaux-Rouges reconnaissant eux-mêmes la supériorité des soldats de l’armée, acceptent de suivre l’ennemi de leurs pères.

L’orchestre des cow-boys ouvre le spectacle présenté par Buffalo Bill. Les spectateurs découvrent de grands défilés, des exhibitions de cavaliers Indiens, Cosaques, Mexicains, un convoi des émigrants, des exercices de tir, deux grandes manœuvres réalisées par les vétérans de l’armée et par la milice des Etats Unis, des exercices par les Cavaleries Française, Anglaise, Américaine, une attaque de diligence, plusieurs divertissements équestres, le dernier combat du Général Custer, une course de chevaux montés par les Indiens parmi les plus connus Iron Tail (Queue-de-Fer) qui a déjà 75 ans en 1905 et Sam Lone Bear (Ours Solitaire) 28 ans, enfin le défilé final dirigé par Buffalo Bill.

La logistique est impressionnante pour l’époque : 500 chevaux, 700 participants et techniciens, 16 vaisseaux pour traverser l’Océan pour 2 heures de spectacle grandiose où Buffalo Bill est considéré comme le « collectionneur de races humaines qui a permis aux guerriers de toutes les nations de se serrer la main ! ».

Il entame son tour en France, s’arrêtant en Normandie, en Bretagne, dans l’Ouest, mais une région est plus privilégiée : la Camargue plait beaucoup aux Indiens, les chevaux, les taureaux, les vastes étendues, l’impression de liberté, la magie de l’espace sauvage ressemblant énormément aux grandes plaines et aux activités de l’Ouest américain.

Là, dans le Sud de la France, le marquis Folco de Baroncelli-Javon, aristocrate, poète, écrivain et propriétaire de chevaux et taureaux les accueille avec passion à Nîmes en octobre 1905 ; il leur fait les honneurs de la région en leur montrant le travail dans les bêtes, les jeux avec taureaux et chevaux. Queue-de-Fer (Iron Tail) et Yeux-Blancs (Jacob White Eyes) sont d’abord très surpris, n’osant plus bouger, puis très impressionnés par l’agilité du cavalier et de son cheval : une grande et longue amitié est née.

L’amitié franco-amérindienne

Jeune, le marquis de Baroncelli-Javon consultait déjà des livres sur l’Ouest américain et les Indiens. Devenu célèbre, il a toujours voulu sauver les causes perdues, en soutenant d’une manière ou d’une autre les peuples écrasés par les envahisseurs venus d’ailleurs. Voulant conserver l’identité de sa région et ses coutumes, lutter pour sa langue, il reconnait que le combat des Amérindiens est la même : l’histoire de leur racine et la survivance d’un idéal. Il leur dédie un poème et leur rend hommage dans la littérature provençale avec son chant de guerre « La danse des Esprits » en l’honneur des chefs Queue-de-Fer et Ours Solitaire (Lone Bear) composé en 1905.

A la même époque, un jeune peintre français, Joë Hamman fait le voyage en Amérique, créant de nouveaux liens amicaux avec ce pays. Revenant en France, il fait la connaissance du marquis de Baroncelli-Javon et passionnés tous les deux par ce peuple d’Indiens, envoient de leurs nouvelles, reçoivent celles de leurs amis et décident de raconter leur histoire et leur vie en tournant des films : les premiers westerns au temps du cinéma muet sont ainsi réalisés en Camargue.

L’amitié existe toujours entre ces deux peuples : les Indiens sont venus honorer le marquis de Baroncelli-Javon « l’ami des Indiens de Buffalo Bill » lors de l’anniversaire des 500 ans de rencontre des deux peuples, en juin 1992. Une belle amitié qui perdure !

Bibliographie

-Buffalo Bill, biographie de Michel Faucheux. Folio, 2017.

Tristesse de la terre: Une histoire de Buffalo Bill Cody, d' Eric Vuillard. 

Buffalo Bill et le Wild West Show, de Jacques Portes. Editions du Chêne, 2016.

 

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