Wilson, un président progressiste
Gouverneur démocrate du New Jersey en 1911, candidat aux présidentielles de novembre 1912, Thomas Woodrow Wilson triompha du républicain Théodore Roosevelt et fut réélu en 1916. Il resta ainsi président des États-Unis de 1913 à 1921. A l’intérieur, son administration, placée sous le slogan de « la Nouvelle Liberté », fut marquée par de nombreuses réformes démocratiques et par une extension des pouvoirs du gouvernement fédéral : établissement d’un impôt fédéral sur le revenu, élection directe des sénateurs au suffrage universel, organisation fédérale du crédit, renforcement de la législation antitrust, droit de vote des femmes.
Les quatorze points de Wilson
Dans la perspective du dénouement de la Première Guerre mondiale, le président des États-Unis prononce début 1918 un discours lors d’une session du Congrès américain. En quatorze points, il résume les différentes mesures à mettre en place pour revenir à la paix et la préserver. L’inspiration idéaliste des propos de Wilson est largement acclamée et donne au président une position de chef moral parmi les responsables alliés.
Ces quatorze points furent complétés, au cours de l’année 1918, par d’autres déclarations du président Wilson, en particulier la déclaration du 4 juillet 1918 sur les «quatre buts de guerre» des Alliés. Wilson précisait notamment qu’aucune question de territoire ou de souveraineté ne pourrait être réglée sans le libre consentement des populations concernées. C’est sur cette base que le gouvernement allemand de Max de Bade demanda la paix, dans un message au président américain (nuit du 3 au 4 oct. 1918).
Conséquences et destinée des 14 points
Cependant les quatorze points n’avaient pas été acceptés sans réticence par les gouvernements alliés : ceux-ci étaient déjà liés par des engagements secrets conclus au cours de la guerre, sans tenir compte de l’avis des populations, en particulier par le fameux traité de Londres d’avril 1915 qui promettait à l’Italie d’importantes positions dans les Balkans (Albanie) et en Asie Mineure. Pendant la conférence de la paix, quand l'Italie demanda l’application du traité de Londres, Wilson s’y opposa résolument. D’autre part, l’Allemagne soutint que le principe de la libre détermination des peuples, posé par Wilson, avait été violé par les Alliés, qui rattachèrent sans consultation la Prusse occidentale et la Posnanie à la Pologne, et qui, malgré le désir manifesté alors par les Autrichiens, interdirent l’union de l’Allemagne et de l’Autriche.
Thomas Woodrow recevra le prix Nobel de la paix en 1919, mais le Sénat américain refusera de ratifier le traité de Versailles et d'adhérer à la SDN, retournant à son isolationnisme traditionnel.
Pour aller plus loin
- La damnation de Woodrow Wilson, d'André Bayens. Xenia, 2014.
- Woodrow Wilson et la paix mondiale, de George Davis. Nabu press, 2010.
- Le traité de Versailles, de Jean-Jacques Becker. Que sais-je, 2019.