Genèse et termes du pacte germano-soviétique
Début 1939, devant l'imminence d’un conflit généralisé en Europe, le régime stalinien est confronté à un dilemme. Il lui faut choisir entre le camp des démocraties (France, Grande-Bretagne) ou celui des dictatures (Allemagne-Italie). Entre la proposition d’un traité d’assistance mutuelle des premiers, et celle d’une neutralité proposée par Hitler, Staline opte cyniquement pour le second choix, ne s’estimant pas encore en mesure de pouvoir affronter militairement l’Allemagne nazie. C’est ainsi que le pacte germano-soviétique fut signé à Moscou, dans la nuit du 23 août 1939.
Outre la garantie mutuelle de non-agression, les deux pays décidaient de ne pas faire partie d'une coalition hostile à l'un des deux pays et de se consulter sur les problèmes d'intérêt commun. L'accord prévoyait, durant douze mois, des livraisons de matières premières à l'Allemagne. Un protocole additionnel secret divisait l'Europe centrale et l'Europe de l'Est en sphères d'influences allemande et soviétique, prévoyant le partage de la Pologne et des États baltes, laissant à Joseph Staline les mains libres en Lettonie, en Estonie, en Finlande et en Bessarabie.
Les conséquences du pacte et la rupture de l’alliance
La signature de ce pacte fut un choc terrible pour le reste de l'Europe, d'autant que Staline négociait depuis des mois avec le Royaume-Uni et la France. Cette alliance entre deux adversaires idéologiques résolus semblait incompréhensible et contre nature. Mais Adolf Hitler avait besoin d'un accord pour neutraliser l' Union Soviétique dans le conflit programmé avec la Pologne. Quant à Staline, il voulait étendre ses frontières à l'ouest pour des raisons de sécurité et tentait de repousser au maximum l'échéance de la guerre, jugeant son pays trop faible pour affronter les armées allemandes.
Les relations se tendirent avec la présence de troupes allemandes en Finlande et en Roumanie, et Molotov, en visite à Berlin en novembre 1940, put apprécier le nouveau rapport de force à l'heure du pacte tripartite.
Les préparations pour le plan Barbarossa, nom de code du plan d'invasion de l'URSS, se déroulèrent conformément à la directive de guerre d'Hitler du 18 décembre 1940, mais le déclenchement fut retardé par les événements dans les Balkans. Malgré tous les avertissements de sources variées que Staline reçut, il ne semble pas qu'il ait prévu une rupture aussi rapide du Pacte, et les Soviétiques n'étaient pas prêts lorsque les armées allemandes lancèrent leur offensive le 22 juin 1941…
Cette alliance de Staline avec Hitler demeurera longtemps un tabou historique majeur de l’histoire européenne du XXe siècle, aussi bien chez les russes qu’auprès des communistes européens, qui resteront longtemps dans le déni de l’existence et des finalités de ce pacte.
Pour aller plus loin
- Le Pacte des Diables - une Histoire de l'Alliance entre Hitler et Staline (1939-1941), de Roger Moorhouse. Buchet-Chastel, 2020.
- De l'accord de Munich au Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, de Nadia Anghelescu. L'Harmattan, 2000.
- 1939, l'alliance soviéto-nazie : aux orrigines de la fracture européenne, de Stéphane Courtois. Fondapol, 2019.