Origines de la révolte des Boxers
L'exploitation économique et politique de la Chine par les puissances occidentales et le Japon, depuis les défaites humiliantes infligées par le Royaume-Uni lors des guerres de l'Opium (1839-1842, 1856-1860) et par le Japon au cours de la guerre sino-japonaise (1894-1895), était la cause principale du ressentiment chinois, accentué par la crise économique. La Chine du tournant du siècle, dirigée par la dynastie Mandchoue (Qing) est devenue depuis longtemps la proie des puissances étrangères, au premier rang desquelles le Royaume-Uni, le Japon, la Russie, la France et l’Allemagne.
Le gouvernement de l’impératrice douairière Cixi s’est réfugié dans un conservatisme frileux, et joue de la frustration et de la xénophobie grandissante des chinois pour assurer le pouvoir qu’il a obtenu de manière brutale (coup d’état de mars 1898). Les autorités de Pékin accordent notamment leur soutien à une société secrète, la Milice de la justice et de la concorde, dont les membres pratiquants des arts martiaux sont surnommés « Boxers » par les Occidentaux. Les Boxers sont les héritiers d’une longue tradition de fraternités occultes et armées. Farouchement nationalistes, ils ont d’abord, comme leurs devanciers, condamné la dynastie Mandchoue comme étrangère avant de s’y rallier face à l’ennemi commun : les puissances coloniales et leurs missionnaires.
Les Boxers recrutent leurs membres dans les classes populaires et sont organisés de manière militaire. Cela leur vaut d’être constitués en milice par le gouvernement de Cixi. A partir de juin 1900, officiellement sous le commandement de la cour, ils vont commettre toute une série de meurtres et d’exactions à l’encontre des étrangers. Ceux ci n’ont d’autre choix que de se réfugier dans les quartiers des légations.
L'intervention européenne
Celui-ci se atteindra un effectif de 100 000 hommes à son apogée. Libérant les légations de Pékin le 14 août, les soldats étrangers découvrent un spectacle d’épouvante. Les civils capturés par les Boxers ont souvent été atrocement torturés, tout comme les chrétiens chinois. Les cours d’eau sont remplis de cadavres, on trouve des pyramides de têtes coupées en divers endroits, voire des corps empaillés en divers endroits de la ville etc..
La vengeance des puissances coloniales va être terrible. Comme l’a demandé l’empereur Guillaume II à ses troupes il s’agit de terroriser la population chinoise. Les exécutions sommaires, les meurtres et les viols vont se succéder pendant des mois. Comble de l’humiliation pour les chinois, les soldats étrangers se font photographier au sein de la Cité Interdite. Dans Pékin occupée, les troupes se livrèrent à des exactions et menèrent une politique de répression.
Conséquences de la guerre des Boxers
L’impératrice qui a fui à Xi’an finit par se désolidariser des Boxers. Abandonnés par l’armée impériale, ceux-ci n’en continuent pas moins de résister aux étrangers. Il faudra que les troupes chinoises se joignent aux huit nations (nouvelle humiliation) pour qu’ils soient tous supprimés. Lorsque le 7 septembre 1901, le conflit prend fin par le traité de Xinchou, plus de 50 000 chinois (civils et Boxers) ont perdu la vie. La Chine est contrainte de payer d’importantes indemnités (alors que l’état des finances est catastrophique), de constituer deux «missions de repentance».
La dynastie Qing vient de subir l’une des pires de la longue série d’humiliation qui marqua son dernier siècle. Elle n’y survivra plus que dix ans, dix ans pendant lesquelles de nombreuses réformes prépareront l’émergence d’une Chine républicaine et moderne (1912). La révolte des Boxers est actuellement considérée en Chine comme l'une des luttes contre l'impérialisme des grandes puissances.
Pour aller plus loin
- La Guerre des Boxers 1900 - 1901, de Denis GALLAIS. SRE Editions, 2013.
- L'Eté rouge de Pékin : La révolte des Boxeurs, de Jean Mabire. Editions du Rocher, 2006.