La naissance du premier dauphin
Trois années après Marie Thérèse Charlotte, que l'on appellera plus tard Madame Royale, le second enfant de Louis XVI et Marie Antoinette nait en octobre 1781. Il est l'héritier au trône de France, mais pour peu de temps car il meurt en juin 1789, suite à une grave maladie.
Le roi est vraiment heureux en ce mois d'octobre 1781, il vient d'avoir un fils, il pleure même d'avoir un dauphin, un héritier, après onze années de mariage. Agé de 27 ans, Louis XVI attendait ce moment avec grande impatience, car sans cet heureux évènement, son successeur aurait été son frère le comte de Provence.
L'accouchement a lieu en public, dans la chambre de la reine, selon la coutume et les usages de la Cour et selon le roi « La reine a très bien passé la nuit du 21 au 22 octobre, elle sentit quelques petites douleurs en s'éveillant qui ne l'empêchèrent pas de se baigner ; elle en sentit à deux heures et demi...les douleurs étaient médiocres. Entre midi et midi et demi, les douleurs augmentèrent, elle se mit sur son lit de travail, et à une heure et un quart juste à ma montre, elle est accouchée très heureusement d'un garçon ».
Le roi très joyeux lui glisse alors à l'oreille « Madame, vous avez comblé mes vœux et ceux de la France. Vous êtes mère d'un dauphin ». Le couple royal est sauvé : lui avait été accusé d'impuissance, elle devient inattaquable, ayant rempli son devoir.
On donne les prénoms au petit dauphin : Louis Joseph Xavier François, en l'honneur du frère de Louis XVI, mort jeune à l'âge de 9 ans. 1781 est également le 30 è anniversaire de la naissance de ce frère tant aimé.
Les premières années
A cet effet, il commande au géographe Edme Mentelle, un globe terrestre faisant apparaitre les terres immergées et émergées, qui sera livré en 1788. Dès 1783, le roi pense à marier son fils à sa cousine Marie Amélie de Sicile ; le mariage ne se réalisera jamais, mais Marie Amélie deviendra Reine des Français entre 1830 et 1848 en épousant Louis Philippe d'Orléans.
La santé délicate du dauphin
A partir de 1784, sa santé devient préoccupante. Il n'a que deux ans et demi lorsque les premières fortes fièvres apparaissent. Il passe sa convalescence au château de la Muette, près du bois de Boulogne. En mars 1785, il y séjourne à nouveau pour y subir une variolisation, pratique courante réservée à l'élite à qui on inocule la variole. Il n'aura pas de séquelles, mais reste fragile. En avril 1786, le dauphin est à nouveau pris de fortes fièvres, puis est secoué de mouvements fébriles, son dos se courbe peu à peu, ce qui n'inquiète pas grand monde, et pourtant, ce sont des signes avant-coureurs de la tuberculose, qui aurait été transmise par une de ses nourrices.
A l'âge de cinq ans comme le veut la coutume, il quitte le monde des femmes pour celui des hommes. Lors de cette cérémonie, on se rend enfin compte qu'il a du mal à marcher et que son corps porte des traces de vésicatoire (comme des ampoules). Pour tenter de se redresser, il va porter un corset en fer pendant deux ans. Ses parents sont très préoccupés, surtout qu'ils viennent de perdre Sophie Hélène Béatrice à l'âge d'un an.
La reine est transformée, elle ne s'amuse plus, ne court plus de fêtes en bals.
A partir de janvier 1788, la santé de l'enfant décline encore : la fièvre lente se transforme, le dauphin a une hanche plus haute que l'autre, il devient presque infirme et claudique de sa chambre au parc pour ses sorties. De plus en plus pâle et chétif, certaines de ses vertèbres sont atteintes par la gangrène, le soir est toujours plus difficile avec des poussées de fièvre de plus en plus fortes.
La douloureuse fin de l'héritier au trône
Au printemps 1789, les médecins ne savent plus quel remède proposer : certains veulent le transporter à Meudon où l'air est plus sain, d'autres à la Muette et les derniers préconisent de rester sur place, lieu de sa naissance. Le roi a le dernier mot et l'envoie à Meudon. Durant son séjour, le jeune dauphin ne sait plus quelle position adopter, tant son dos et sa hanche lui font mal. Il semble conscient de sa fin prochaine, mais veut s'en sortir. Tous les soirs, ses parents le visitent et s'occupent de lui.
Le dauphin meurt le 4 juin à 1 heure du matin au château de Meudon, sa mère bouleversée et complètement perdue, pleure au pied de son lit, il avait 7 ans et demi. Au Théâtre français, on baisse le rideau en pleine représentation et on rembourse les spectateurs. Le 5 juin, le Saint sacrement est retiré des églises.
Le rituel funèbre
La reine est obligée de quitter le lit de son fils et le couple royal se rend à Versailles. A Meudon, commence le cérémonial funèbre : le lit est entouré de douze cierges allumés ; le corps de l'enfant est ouvert et embaumé, puis posé dans un cercueil garni de satin blanc ; les moines feuillants prient pendant plusieurs jours autour du lit de parade ; le dauphin dont le visage est découvert, est revêtu d'un drap d'argent ; les princes, les députés et les cours souveraines viennent se prosterner et jeter de l'eau bénite. Le roi demande à l'archevêque de Paris que l'on récite 1000 messes pour le repos de l'âme de son fils.
Le 7 juin, la reine qui est effondrée dans son lit, doit recevoir les révérences de deuil de plusieurs centaines de dames, toutes de noir vêtues. Le deuil solennel s'ouvre pour deux mois et demi. Les hommes devront porter un habit noir, une épée de bronze, le chapeau sans plumes ; le second mois ils pourront remplacer le bronze par l'argent et remettre les plumes.
Le 12 juin, le cœur du dauphin est confié à l'abbesse du Val de Grâce, transporté dans une urne portée par le duc d'Orléans ; le prince de Condé est chargé de conduire la dépouille à la basilique Saint Denis, entouré de 100 Suisses et de la garde ; le cercueil est descendu dans la crypte.
Pendant ce temps, le roi demande aux députés du Tiers Etats de reporter l'audience prévue, afin d'accomplir son deuil. Mais curieusement, ils refusent de différer l'entretien. La disparition du dauphin passera presque inaperçue, surtout que le nouveau dauphin, le futur Louis XVII aura une fin encore plus tragique. Ce fut pourtant un enfant d'une grande maturité et d'un grand courage face à la maladie, rempli d'affection pour sa mère, un enfant intelligent qui avait déjà le goût du pouvoir et de l'autorité, contrairement à son père.
Bibliographie
- Louis XVI, de Jean-Christian Petitfils. Editions Perrin, 2005.
- Louis XVI l'incompris, d'Alexandre Maral. Editions Ouest-France, 2013.